Les compléments alimentaires pour lutter contre la maladie du foie gras
La stéatohépatite non alcoolique, ou NASH, est une maladie de civilisation qui touche une part croissante de la population. Elle constitue la manifestation hépatique du syndrome métabolique, et est caractérisée par la présence excessive de graisse au niveau du foie. Certains compléments alimentaires se montrent particulièrement intéressants pour lutter contre cette pathologie.
Les oméga-3 réduisent la quantité de graisse au niveau du foie
Les oméga-3 apparaissent en mesure de lutter contre la maladie du foie gras et ses complications. La supplémentation en huile de poisson, riche en acide eicosapentaénoïque (EPA) et en acide docosahexaénoïque (DHA), est un bon moyen d’en faire le plein.
Une étude menée auprès de 41 personnes atteintes de NASH a montré que l’administration de 3000 mg d’huile de poisson pendant un an permet de réduire la quantité de graisses au niveau du foie, même en l’absence d’amaigrissement.

Les oméga-3 se montrent efficaces même chez les jeunes malades
La même intervention chez 52 adolescents obèses atteints de NAFLD (stéatose hépatique non alcoolique) conduit à un résultat similaire et permet une réduction du taux des transaminases.
Une méta-analyse a confirmé ces bienfaits chez les plus jeunes, puisque la supplémentation chez des enfants atteints de NAFLD améliore le statut des enzymes du foie qui témoignent de l’état de la stéatose. La réduction du taux d’aspartate aminotransférase (ASAT) est visible après 6 mois de supplémentation, mais 12 mois sont nécessaires pour abaisser le taux d’alanine aminotransférase (ALAT).
Les oméga-3 préviennent le cancer issu d’une complication de la NASH

Les oméga-3 pourraient également être bénéfiques contre l’évolution la plus défavorable de la NASH : le cancer hépatocellulaire. Une étude menée auprès d’un échantillon de population japonaise a montré que le risque d’être atteint de ce cancer est réduit de 36% chez les grands consommateurs de poissons riches en oméga-3 en comparaison avec ceux qui en mangent le moins.
Des données recueillies chez l’animal plaident en faveur d’un lien de cause à effet : l’administration d’acide eicosapentaénoïque réduit la formation de radicaux libres au niveau du foie en cas de stéatohépatite, réduit l’inflammation et s’oppose au développement du cancer.
Le co-enzyme Q10, un antioxydant naturel pour combattre la NASH
Le co-enzyme Q10 est un composé naturel produit par notre organisme et disposant de propriétés antioxydantes. Des chercheurs iraniens ont testé les effets de son administration chez des personnes présentant une accumulation de graisses au niveau du foie, à la dose de 100 mg par jour pendant 12 semaines. Le traitement a conduit à une réduction du taux de plusieurs témoins de l’inflammation et à une régression de l’accumulation des graisses.
Il a en parallèle permis d’augmenter le taux d’adiponectine. Un niveau trop bas de cette hormone, observé en cas d’obésité ou de diabète, favorise une inflammation de faible niveau généralisée dans l’organisme et la survenue de la résistance à l’insuline.

La silymarine, un extrait du chardon-marie
La silymarine est un composé extrait du Chardon-Marie (Silybum marianum), une plante utilisée comme remède traditionnel contre les maladies du foie depuis des siècles. Elle a démontré ses bienfaits au cours de plusieurs essais cliniques chez des personnes atteintes de NASH.
Dans l’un d’eux, la prise de 700 mg trois fois par jour pendant 48 semaines réduit le taux d’ASAT et atténue les phénomènes de fibrose, améliorant l’élasticité du foie.
Une analyse de huit de ces études ayant rassemblé 587 patients a confirmé l’efficacité de la plante pour réduire les taux de transaminase.

La choline est impliquée dans la santé hépatique
Initialement considérée comme une vitamine du groupe B, la choline est un composé important pour la santé hépatique, que notre organisme n’est pas en mesure de produire en quantité suffisante pour assurer ses besoins.
Elle est transformée en phosphatidylcholine au niveau du foie, où elle intervient dans de multiples mécanismes qui gouvernent les dépôts de graisses dans l’organe. Des apports alimentaires insuffisants, inférieurs à 50 mg par jour, peuvent en l’espace de quelques semaines conduire à l’accumulation de graisses au niveau du foie.
La choline jouerait ainsi un rôle important dans la survenue de la NASH et dans son évolution. Chez les femmes ménopausées, une alimentation pauvre en choline a d’ailleurs été associée à une sévérité accrue des phénomènes de fibrose du foie.
La choline prévient l’accumulation de graisses dans le foie
À l’inverse, une étude menée auprès d’un vaste échantillon de la population chinoise a mis en évidence l’effet protecteur de bons apports alimentaires en choline, par l’intermédiaire de la consommation d’œufs, de soja, de viande rouge, poisson et légumes, contre la survenue de la maladie du foie gras.

Un essai clinique a été mené chez 40 enfants et adolescents souffrant de NASH pour tester les effets de l’administration de choline, DHA et vitamine E par rapport à un placebo. Le traitement a permis de réduire la quantité de graisses au niveau du foie, le taux d’ALAT et le taux de sucre sanguin à jeun.
Par ailleurs, certains profils génétiques conduisent à une altération du métabolisme de la choline et favorisent la survenue de la maladie du foie gras.
De faibles taux de vitamine D chez les malades de la NASH

Des études ont mis en évidence un faible taux de vitamine D chez les personnes atteintes de maladie du foie gras et de fibrose hépatique. Un essai clinique a montré que l’administration de 2100 UI de vitamine D3 pendant 48 semaines chez des personnes souffrant de NASH améliore le taux sanguin d’ALAT chez ceux présentant une déficience en cette vitamine. La quantité de graisses n’a en revanche pas diminué de façon significative dans l’organe.
Une autre étude révèle une raison potentielle à ce résultat mitigé : les personnes souffrant de NASH ne répondent pas bien à la supplémentation, et une dose d’environ 2000 UI par jour s’avère insuffisante pour corriger la carence. Les bénéfices suggérés pourraient ainsi être plus marqués avec des doses supérieures.
La vitamine E, à limiter malgré son caractère antioxydant
La vitamine E est parfois employée en cas de NASH en raison de ses vertus antioxydantes, mais une analyse de la littérature a mis en évidence une légère augmentation du risque de mortalité avec la supplémentation en cette vitamine, qui n’est donc pas indiquée dans ce cas.
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