Cryothérapie : indications et effets sur la santé

Modifié le 14 décembre 2023

Temps de lecture : 8 minutes
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La cryothérapie est associée à des effets bénéfiques variés pour la santé

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Moyen thérapeutique ancestral, l’usage du froid dans le domaine de la santé prend aujourd’hui des formes sophistiquées, comme la cryothérapie corps entier. Les données scientifiques validant leur intérêt pour lutter contre des maladies chroniques ou dans le cadre de la pratique sportive arrivent progressivement et laissent entrevoir des possibilités intéressantes.

Soigner par le froid : les bases de la cryothérapie

Déjà à l’époque de la Grèce antique ou de l’Empire romain, la glace et l’eau froide étaient utilisées pour soulager divers maux. De nos jours, les habitants des pays nordiques n’hésitent pas à se jeter dans l’eau glacée en plein hiver, une pratique censée entretenir la santé.

La médecine conventionnelle ne dédaigne pas l’approche et les thérapies recourant au froid sont communément pratiquées : application de pack de glace pour alléger les suites opératoires, recours à un spray cryogène pour soulager un traumatisme dans le cadre de la pratique sportive, usage de dispositif délivrant un froid intense pour détruire des cellules cancéreuses…

À côté de ces méthodes localisées, l’approche visant à exposer la majeure partie du corps, voire le corps dans sa totalité, à des températures extrêmement basses, s’est largement démocratisée. Elle se décline sous deux formes : 

  • la cryothérapie corps entier, où l’on pénètre dans une chambre de cryothérapie hermétique
  • la cryothérapie corps partiel, où l’on se place dans une cabine ouverte en partie haute, le « cryo-sauna », dont seule la tête dépasse

Un bain glacé grâce à l’azote liquide

Au sein de ces dispositifs de cryothérapie, le refroidissement de l’air est obtenu par l’usage d’azote liquide, dont la température est généralement comprise entre -100°C et -140°C, et descend parfois jusqu’à -180°C. Pour rendre supportable le contact avec un air si froid, le temps d’exposition est extrêmement bref, de l’ordre de 2 à 5 minutes. Dans certains protocoles, des paliers intermédiaires sont franchis avant d’atteindre la chambre la plus froide.

Les régions du corps les plus sensibles, la tête et les pieds, sont équipés de protections, tandis que le reste du corps n’est couvert que d’un simple maillot de bain ou de sous-vêtements.

Dans la cabine de cryothérapie, les extrémités sont couvertes de protections
Dans la cabine de cryothérapie, les extrémités sont couvertes de protections

Les effets du froid sur l’organisme

La cryothérapie provoque une baisse brutale de la température de la peau, de l’ordre de 8° pour une exposition d’une minute, et 15°C pour 3 minutes à -135 °C. Elle est plus importante chez les femmes que chez les hommes, et chez les personnes présentant une quantité importante de graisses par rapport aux plus minces.

La diminution de la température cutanée provoque différentes adaptations au sein de l’organisme. Pour tenter de conserver la chaleur interne, les vaisseaux sanguins périphériques se contractent, ce qui chasse le flux sanguin vers les vaisseaux de taille importante situés plus en profondeur.

L’exposition au froid provoque aussi un ralentissement du métabolisme, freinant l’activité des enzymes, les composés chimiques qui gouvernent les réactions chimiques de notre organisme. Elle ralentit également la conduction des messages nerveux, et favorise la production d’un messager chimique au niveau du cerveau, la noradrénaline.

Ces modifications exercent à la fois un effet anti-inflammatoire et antidouleur. La cryothérapie est à ce titre utilisée dans le cadre de la pratique sportive et pour soulager les maladies d’origine inflammatoire.

Soulager les maladies physiques ou psychiques avec la cryothérapie

Le potentiel curatif de l’exposition au froid par la cryothérapie corps entier ou partiel a tout d’abord été pressenti pour soulager les patients dont le quotidien est empoisonné par des douleurs chroniques.

La cryothérapie pour calmer les maladies rhumatismales

La polyarthrite rhumatoïde est une maladie auto-immune qui se caractérise par une inflammation des articulations. Elle commence par affecter les poignets, les mains et les doigts, entraînant des déformations, puis elle se généralise à l’ensemble du corps. Un traitement de cryothérapie de deux semaines a montré ses bénéfices chez un groupe de 25 patients, dans le cadre d’une étude menée en Pologne. En parvenant à abaisser les niveaux de messagers pro-inflammatoires comme l’interleukine 6 et le TNF alpha, la cryothérapie a permis d’apaiser les douleurs, la fatigue et de réduire le nombre d’articulations gonflées et sensibles. Autant de bénéfices qui se sont traduits par une meilleure mobilité des participants.

En allégeant les douleurs ressenties par les patients, la cryothérapie peut donc faciliter la pratique d’une activité physique. Un effet crucial pour ces malades plus exposés au risque de maladies cardiovasculaires.

Cryothérapie et spondylarthrite ankylosante

La spondylarthrite ankylosante est une autre de ces maladies auto-immunes affectant les articulations, principalement celles de la colonne vertébrale et du bassin. La cryothérapie permet d’optimiser les effets de la prise en charge classique des patients basée sur la kinésithérapie. Ainsi, les deux méthodes combinées sur 10 jours conduisent à une diminution du score reflétant l’intensité des symptômes (fatigue, douleurs articulaires au niveau de la colonne vertébrale et des membres, raideurs matinales…) de 40 %, alors qu’elle n’atteint que 15 % avec la kinésithérapie seule.

La cryothérapie réduit le stress oxydatif

En atténuant les niveaux d’inflammation et de stress oxydant chez les malades, l’approche semble en mesure de réduire le risque de formation de plaques d’athérome à l’intérieur des vaisseaux sanguins chez les hommes atteints de cette affection.

La cryothérapie apparaît également efficace pour améliorer la qualité de vie des patients atteints de fibromyalgie, une maladie encore mal comprise qui se manifeste par des douleurs diffuses à travers le corps et une fatigue intense.

Elle pourrait enfin soulager les maux de dos. Une étude menée auprès d’hommes âgés de 65 ans et plus a montré les bénéfices de séances de cryothérapie entreprises sur une semaine complète, tandis que 2 séances par semaine ne sont pas avérées suffisantes pour constater une amélioration.

La cryothérapie contre la sclérose en plaques

La cryothérapie est prometteuse pour les malades atteints de sclérose en plaques. Une étude franco-polonaise a été menée auprès de deux groupes de 24 patients, l’un où les participants ressentaient une fatigue intense, le second où elle était plus légère. Après 10 sessions de cryothérapie, le niveau de fatigue a diminué, de façon plus manifeste au sein du premier groupe. Le traitement a atténué l’impact négatif de la maladie au quotidien.

La cryothérapie s’avère en mesure d’améliorer le statut en antioxydants de ces malades, tout particulièrement chez ceux qui souffrent en plus de dépression, chez lesquels il est loin d’être optimal.

Une équipe a par exemple montré que 10 séances de cryothérapie parviennent à augmenter la concentration sanguine d’acide urique. Ce composé est l’une des armes dont notre organisme dispose pour neutraliser les radicaux libres. Les effets constatés après le traitement étaient toujours visibles trois mois après son arrêt. 

Combiner la cryothérapie à de l’exercice physique apparaît être un moyen efficace pour obtenir les meilleurs bénéfices contre cette maladie, par rapport à chaque intervention menée de façon indépendante.

Cryothérapie et maladies de peau

Les données disponibles à ce jour pour valider l’efficacité de la cryothérapie contre les maladies de peau sont maigres.

Une seule étude a testé ses effets en cas de dermatite atopique (eczéma). Des personnes souffrant d’une forme légère à modérée de cette maladie de peau ont été exposées à des températures de -110°C trois fois par semaine pendant un mois. Le traitement a permis d’apaiser les démangeaisons, un bénéfice attribué à la réduction de la vitesse de conduction nerveuse et à la diminution de la production d’acétylcholine, un messager chimique du cerveau qui contribue à ce symptôme.

Cependant, la prudence reste de mise : en cas d’eczéma, la barrière cutanée est altérée, et une exposition à un froid intense pourrait être dommageable. Seules de plus amples études pourront attester son efficacité et innocuité.

Bien que présentée comme un moyen de lutter contre le psoriasis par ses promoteurs, il n’existe pas d’études démontrant un intérêt manifeste de la pratique dans ce cadre. L’application d’azote liquide pendant deux semaines sur des plaques de psoriasis n’a qu’une faible efficacité.

Maladies psychiques et cryothérapie

Parmi les applications les plus récentes de la cryothérapie, figurent les troubles affectant la sphère cérébrale.

Les personnes atteintes de dépression sévère présentent des niveaux élevés de molécules inflammatoires (CRP, IL-1, IL-6…), qui contribueraient au développement de la maladie. Les atténuer à l’aide de la cryothérapie pourrait donc potentiellement apporter des bienfaits. De premiers résultats encourageants ont été obtenus lors d’une étude menée auprès de patients traversant un épisode dépressif. Sa pertinence a résidé dans la présence d’un groupe placebo, ce qui est rarement le cas dans les recherches sur ce sujet. Une partie des patients était ainsi exposée à des températures basses mais non cryogéniques de -50°C, tandis que les autres bénéficiaient de vraies séances de cryothérapie à des températures de -110°C jusqu’à -160°C, sur 10 séances.

Le traitement de cryothérapie s’est avéré plus efficace pour atténuer les symptômes dépressifs, affectifs, cognitifs et physiques. Il a amélioré la qualité de vie des participants, leur humeur et facilité l’acceptation de leur maladie.

La cryothérapie aide à lutter contre le déclin cognitif

La cryothérapie pourrait également aider à lutter contre le déclin des fonctions mentales qui conduit progressivement à la démence. Chez des personnes présentant une atteinte cognitive légère, 10 sessions de cryothérapie corps entier parviennent à améliorer le fonctionnement cérébral, améliorant notamment les phénomènes de mémorisation. L’intervention permet d’augmenter la production de BDNF (facteur neurotrophique dérivé du cerveau), un composé capital pour le fonctionnement des neurones. 

La cryothérapie semble prometteuse pour lutter contre le déclin cognitif
La cryothérapie semble prometteuse pour lutter contre le déclin cognitif

La cryothérapie en pratique

Les méthodes de cryothérapie corps entier ou partiel ont gagné en popularité et sont désormais facilement accessibles à tout un chacun. De nombreux instituts de bien-être disposent des équipements nécessaires. Aucune législation n’encadre la pratique, et les séances se déroulent en dehors de tout contrôle médical. Dans un rapport publié en septembre 2019, l’INSERM attirait l’attention sur les problèmes de sécurité potentiels.

Même lorsqu’elle est pratiquée au sein de centres médicalisés, la cryothérapie corps entier ou partiel n’est pas prise en charge par la sécurité sociale. Certaines mutuelles peuvent toutefois couvrir ces frais, qui s’élèvent à environ 50 euros par séance.

Les effets indésirables potentiels de la cryothérapie

Exposer son corps à des températures extrêmes peut conduire à la survenue d’effets indésirables, notamment des brûlures par le froid ou de l’urticaire. Des vertiges, maux de tête et une aggravation des douleurs sont parfois ressentis lors des séances.

La littérature scientifique a décrit le cas d’un homme ayant développé une panniculite au froid après 8 séances de cryothérapie corps entier. Il s’agit d’une inflammation du tissu graisseux présent sous la peau, qui se traduit par une éruption de plaques sur le corps. Un épisode d’amnésie globale temporaire a également été rapporté.

Les contre-indications à la cryothérapie

La liste des contre-indications absolues et relatives a été déterminée lors d’un symposium ayant rassemblé les spécialistes de la discipline à Bad Vöslau, en Basse-Autriche.

Les contre-indications absolues regroupent les cas suivants :

  • Hypertension artérielle non contrôlée
  • Infarctus du myocarde de moins de 6 mois
  • Insuffisance respiratoire
  • Insuffisance circulatoire
  • Angine de poitrine
  • Pacemaker
  • Artériopathie de stade 3 ou 4
  • Thrombose veineuse profonde
  • Infection respiratoire aiguë
  • Colique néphrétique
  • Anémie profonde
  • Allergie au froid
  • Cryoglobulinémie
  • Infection cutanée aiguë bactérienne ou virale
  • Infection profonde aiguë
  • Prise d’alcool ou de drogues

Les contre-indications relatives sont les suivantes :

  • Trouble du rythme cardiaque
  • Insuffisance valvulaire
  • Rétrécissement valvulaire
  • Artériopathie stade 1 et 2
  • Cardiopathie ischémique
  • Syndrome de Raynaud
  • Polyneuropathies
  • Grossesse > 4 mois
  • Claustrophobie

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