Quels sont les effets de la serrapeptase sur la santé ?
La serrapeptase ou serra-peptidase, une enzyme proche de la bromélaïne, la trypsine ou la chymotrypsine, est utilisée à fins thérapeutiques en Europe et en Asie depuis plusieurs décennies. Elle exerce en effet une pléthore d’effets sur notre organisme, et apparaît notamment être une arme efficace pour contrôler les manifestations inflammatoires et douloureuses.
Une enzyme protéolytique découverte dans la seconde partie du XXe siècle
La serrapeptase, également appelée serratiopeptidase, serralysine ou serratia-protéase, est une enzyme protéolytique. Son action consiste à rompre les liaisons peptidiques au sein des protéines, ce qui génère des fragments de protéines ou peptides. Elle possède 3 atomes de zinc dans sa structure, qui optimisent son activité. Elle appartient donc au groupe des métalloprotéases.
Un composé d’origine bactérienne
La serrapeptase est naturellement produite par différentes espèces de bactéries. Elle a été isolée pour la première fois en 1967 au Japon depuis Serratia marcescens rencontrée dans le tube digestif du ver à soie (Bombyx mori). L’enzyme permet à l’animal de digérer son cocon pour en émerger sans difficulté. D’autres espèces du genre Serratia synthétisent ce composé, tout comme Bacillus licheniformis ou Streptomyces hydrogenans.
Une multitude d’effets sur l’organisme humain
La serrapeptase prise par voie orale est absorbée au niveau de l’intestin. Lorsqu’elle se trouve dans la circulation sanguine ou au sein d’autres fluides biologiques, l’enzyme se lie avec une protéine, l’α2-macroglobuline. Chargée d’assurer son transport, elle rend également l’enzyme bactérienne indétectable à notre système immunitaire. Échappant à la destruction, elle peut exercer ses multiples effets biologiques. Son champ d’action thérapeutique, dont les contours se dessinent progressivement au fil des études scientifiques qui lui sont consacrées depuis sa découverte, apparaît particulièrement vaste.
Effets anti-inflammatoires de la serrapeptase
La serrapeptase a été étudiée dans le cadre des diverses situations impliquant des phénomènes inflammatoires, des maladies chroniques aux suites opératoires. Elle a montré de façon constante sa capacité à les apaiser. Elle amplifie de plus les effets d’autres substances anti-inflammatoires, comme l’ont montré des travaux menés autour de l’aspirine. Elle pourrait ainsi permettre d’utiliser des doses plus faibles, qui ne génèrent pas les effets indésirables de ces médicaments, notamment la formation d’ulcère d’estomac.
Des bienfaits en cas d’intervention chirurgicale
De nombreuses études se sont intéressées aux effets de la serrapeptase dans le cadre d’interventions chirurgicales, où l’enzyme a fait preuve de ses capacités à alléger les suites opératoires.
Des chercheurs ont par exemple comparé les effets de l’administration d’un anti-inflammatoire puissant, la méthylprednisolone, et de serrapeptase pendant 5 jours après une extraction dentaire. L’enzyme a exercé un effet antalgique modéré, atténuant les douleurs moins efficacement que le médicament. Elle s’est en revanche avérée plus efficace pour contrôler l’inflammation et le gonflement des tissus.
La serrapeptase peut également améliorer la récupération après une chirurgie orthopédique, comme l’indiquent des données recueillies chez des personnes prises en charge pour une rupture du ligament latéral de la cheville. Sa capacité à limiter la formation des œdèmes s’expliquerait par son action contre les composés comme la bradykinine, l’histamine ou la sérotonine relargués lorsque les tissus subissent des lésions. En favorisant leur dégradation, elle limite l’ampleur de la réaction inflammatoire et les désagréments qui l’accompagnent. De plus, elle fluidifie les liquides, facilitant leur drainage et la guérison des plaies.
Lutte contre l’inflammation des articulations et des veines
Une étude a été menée auprès de 80 personnes atteintes d’arthrose du genou. La moitié du groupe a reçu un traitement à base de metformine uniquement, l’autre moitié a en plus bénéficié de 850 mg de serrapeptase, pour un traitement de trois mois.
La metformine, principalement employée pour traiter le diabète de type2, est également utilisée pour combattre l’arthrose en raison de ses effets anti-inflammatoires. Dans le groupe ayant bénéficié des deux composés, les douleurs arthrosiques se sont fortement atténuées à l’issue du traitement. L’organisme de ces participants a présenté des niveaux réduits de molécules inflammatoires (TNF-α, IL-1ß et IL-8).
Soulager le syndrome du canal carpien sans opération
Des chercheurs ont examiné les effets de la serrapeptase chez des personnes souffrant du syndrome du canal carpien. Il est provoqué par une inflammation du ligament de la face antérieur du poignet, provoquant une douleur qui irradie parfois jusque dans l’avant-bras. Dans le cadre de cette étude, 20 patients ont reçu 10 mg de serrapeptase deux fois par jour. Après 6 semaines, 65% des participants ont vu leur situation s’améliorer significativement, sans éprouver d’effets indésirables.
En cas de phlébite
Les effets de l’administration de 30 mg par jour pendant 14 j de serrapeptase chez des personnes atteintes de thrombophlébite superficielle ont été évalués par une équipe italienne. Dans cette situation, un caillot de sang obstrue une veine située au niveau de la jambe le plus souvent, et génère une inflammation localisée. Le niveau de douleur spontanée a été réduit de 63,3%, de douleur à la pression de 57,6%, les rougeurs de 58,3% et les crampes nocturnes de 52,9%.
Une action contre les troubles ORL
Outre son action anti-inflammatoire, la serrapeptase est en mesure de fluidifier le mucus qui s’accumule parfois en excès au niveau de l’appareil respiratoire. Elle est donc bien indiquée pour lutter contre différentes affections de la sphère ORL. Ses effets ont été évalués contre placebo chez 193 personnes atteintes d’un trouble aigu ou chronique des oreilles, du nez ou de la gorge, en traitement de 7 à 8 jours. Après 3 à 4 jours, les symptômes ont régressé chez les participants ayant bénéficié de l’enzyme. Les analyses ont montré que la serrapeptase a agi au final de manière plus efficace que le placebo pour atténuer l’intensité de ces troubles ORL.
Ces bienfaits ont été confirmés par la suite. Chez des personnes atteintes d’une maladie chronique des voies respiratoires, l’administration de 30 mg de serrapeptase par jour pendant 4 semaines réduit la quantité de mucus produite, sa viscosité et son élasticité. Elle atténue également les expectorations et la toux. Les auteurs de l’étude soulignent que son efficacité s’explique en partie par un meilleur contrôle des populations de neutrophiles, des globules blancs dont l’action trop soutenue alimente les symptômes.
Effets antibactériens
La serrapeptase dispose également de propriétés anti-infectieuses. Elle est notamment en mesure de contrôler les biofilms bactériens, ces structures complexes de micro-organismes agglomérés qui se développent sur différentes surfaces inertes ou vivantes (cathéter, prothèses, dents…). Ainsi assemblés, les microbes peuvent survivre dans des conditions difficiles et sont moins sensibles à l’action du système immunitaire et des antibiotiques.
Une atténuation de la virulence des bactéries pathogènes
La serrapeptase peut atténuer la virulence de certaines bactéries pathogènes capables de former des biofilms, comme Staphylococcus aureus ou Listeria monocytogenes. L’exposition de ces bactéries à la serrapeptase s’oppose à ce phénomène, et à l’invasion des cellules des hôtes ciblés. L’enzyme réduit la quantité de plusieurs protéines présentes à la surface des bactéries, comme l’autolysine Ami4b ou l’internaline pour la Listeria. La première permet à la bactérie de s’ancrer aux cellules, tandis que la seconde est indispensable pour qu’elle soit englobée par les cellules intestinales. Elle perd ainsi son pouvoir infectieux : la serrapeptase atténue la virulence des microbes pathogènes, sans altérer directement leur viabilité.
Des chercheurs ont réalisé une version de serrapeptase dont la capacité protéolytique a été neutralisée. Celle-ci conserve tout de même son activité anti-biofilm contre S. aureus, ce qui montre que ce mécanisme repose sur autre phénomène.
Synergie avec les antibiotiques
La serrapeptase accroît par ailleurs l’efficacité des traitements antibiotiques. Des tests in vitro ont par exemple montré que l’ajout de cette enzyme optimise l’action de l’ofloxacine, un antibiotique de la famille des fluoroquinolones, contre des bactéries pathogènes qui se développent couramment en surface des dispositifs médicaux comme Pseudomonas aeruginosa et Staphylococcus epidermidis.
Après la pose d’un implant dentaire
Cette efficacité se vérifie en situation réelle, comme l’ont montré les résultats d’un essai clinique mené auprès de 64 personnes ayant développé une péri-implantite. Cette infection peut apparaître après la pose d’un implant dentaire, lorsqu’un biofilm bactérien se forme à sa surface. Après 6 mois de traitement, le taux de succès a atteint 96,9% pour les participants qui ont reçu à la fois de la serrapeptase et un antibiotique, contre 78,1% avec l’antibiotique seul.
En cas d’acné
L’acné est une maladie de peau impliquant à la fois une composante inflammatoire et infectieuse. La double action de la serrapeptase apparaît donc idéale dans ce cadre. Son administration en parallèle d’un traitement classique de cette affection, combinant un antibiotique oral et des solutions locales, conduit à une amélioration plus rapide de la situation que le traitement classique seul.
Autres pathologies
Le champ d’applications thérapeutiques de la serrapeptase pourrait encore s’agrandir. Certains entrevoient la possibilité de l’utiliser pour lutter contre les maladies cardiovasculaires ou le cancer, mais les données sont insuffisantes à ce jour pour confirmer son intérêt dans ce cadre.
Espoir contre la maladie d’Alzheimer
De nombreux travaux, pour l’instant limités à des cultures de cellules ou des animaux de laboratoire, sont menés sur le potentiel de la serrapeptase à lutter contre la maladie d’Alzheimer. La serrapeptase s’avère en effet en mesure de dissocier les amas de fibrilles d’amyloïdes, qui s’accumulent dans le cerveau des malades. Elle agit plus efficacement qu’une autre enzyme utilisée à cette fin, la nattokinase.
Aide au diagnostic de la maladie de Lyme
La serrapeptase fait partie des thérapies alternatives utilisées pour combattre la maladie de Lyme, mais les preuves de son efficacité sont encore manquantes pour valider cette approche. Elle pourrait toutefois faciliter le diagnostic de la maladie, particulièrement difficile à établir.
Les tests sérologiques utilisés pour dépister la bactérie Borrelia burgdorferi manquent en effet de sensibilité, qui varie de 34% à 70,5 %. Ils sont ainsi associés à de nombreux faux négatifs. En détruisant les biofilms bactériens formés par l’agent pathogène, l’enzyme pourrait favoriser son relargage dans le sang et ainsi sa détection par les méthodes d’analyses classiques.
Précautions à prendre en cas de supplémentation en serrapeptase
Les doses utilisées dans les études varient de 10mg à 60mg par jour. Cependant, aucune recommandation sur la dose de serrapeptase à utiliser pour une action thérapeutique n’a été publié. Il n’y a quasiment pas de publications sur des réactions indésirables à la serrapeptase connu à ce jour. Les seules informations disponibles sont celles des laboratoires pharmaceutiques indiquées sur leurs précautions d’emploi. Les réactions indésirables à ce médicament comprennent :
- Une réaction allergique de la peau pouvant aller à un syndrome de Stevens-Johnson ou un Érythème polymorphe
- Des douleurs musculaires et articulaires
- Des problèmes de coagulation
- Des troubles gastro-intestinaux comme l’anorexie, la nausée et des douleurs abdominales
- De la toux et plus rarement une pneumonite
Aucune publication médicale rapporte des interactions avec d’autres médicaments. S’il est utilisé avec de la Warfarine, Clopidogrel, de l’Aspirine ou des aliments l’ail, l’huile de poisson ou du curcuma, il peut augmenter le risque de saignement par un effet anticoagulant.
