Les 3 plus gros ennemis de la libido et de la fertilité masculine
Un couple sur six présente des problèmes pour concevoir un enfant et peuvent avoir recours à la PMA (Procréation médicalement assisté). Dans 30% des cas, ce sont les hommes qui sont incapable de procréer, les causes peuvent être physiologique mais peuvent aussi être liés à leur sexualité.
Dans cet article nous vous proposons de découvrir le tiercé de tête des ennemis qui diminuent le plus la fertilité et la libido. On y retrouve sans surprise le tabac et l’alcool, mais le troisième est beaucoup plus surprenant : il s’agit de certains fruits et légumes…
L’alcool
En France, 4,6 millions de personnes entre 11 et 75 ans consommeraient de l’alcool de manière quotidienne.
L’alcool affecte tous les aspects de la réponse sexuelle des hommes :
- Une libido en berne ou un désir est réduit
- La qualité des érections : l’alcool peut rendre difficile l’obtention et le maintien d’une érection. Cet effet secondaire peut aller jusqu’à l’impuissance. De plus, l’alcool peut aussi avoir un impact sur la capacité à éjaculer.
- La satisfaction à éprouver du plaisir peut aussi être impactée.
Effet direct sur la libido
L’alcool peut diminuer la libido via son impact direct sur les niveaux de testostérone. L’alcool va dérégler les productions d’hormones sexuelles masculines, via :
- Une action centrale sur l’axe gonadotrope en désynchronisant la production des hormones de libération des gonadotrophines hypophysaires (GnRH) et en générant ainsi un hypogonadisme hypogonadotrope.
- Une action périphérique sur les testicules par un effet toxique de l’éthanol sur les cellule de Leydig et Sertoli.

L’alcool va donc mécaniquement diminuer notre libido et peut provoquer un trouble de l’érection mais malheureusement son effet ne s’arrête pas là…
Effet sur les spermatozoïdes
Dans une étude de chercheurs Indiens menée à l’université Himalayenne, les paramètres spermatiques de 200 hommes ont été comparés :
- 100 hommes alcooliques (4 verres de vin par jour ou 40g d’éthanol)
- 100 hommes non alcooliques
Dans ces travaux, on retrouve une diminution significative du pourcentage de spermatozoïdes chez les hommes alcooliques. La numération et la mobilité étaient aussi diminuées mais pas de façon significative.
L’effet de l’alcool serait dose-dépendant comme le montre cette étude de 2016 qui relaye le cas d’un homme ayant eu une consommation de plus de 6 verres de vin par jour (60g d’éthanol) qui a abouti à une azoospermie. L’azoospermie est une diminution extrême de la présence de spermatozoïdes au point où il n’y en a plus suffisamment dans le sperme pour assurer la reproduction.
Sans forcément parler de grosses doses d’alcool, une étude de 2003 montre l’impact déjà significatif d’une consommation de 12g d’alcool par jour ; soit seulement 1 verre de vin pour les hommes participant à une PMA (procréation médicalement assistée). Elle montre que les taux de naissances vivantes associées à une FIV (fécondation in vitro) sont diminués de manière significative lorsque l’homme consomme de l’alcool dans le mois ou même dans la semaine qui précède la tentative.
Un homme qui consomme de l’alcool a donc 8,32 fois plus de risques de faire échouer sa tentative de FIV que un homme sobre et 38,04 fois plus de risques que la fécondation conduise à une fausse couche spontanée précoce.
Récupérer des effets de l’alcool sur le sperme
Si les effets de l’alcool sur le sperme peuvent détruire totalement la capacité d’un homme à se reproduire, les effets ne sont pas irréversibles.
Une équipe française du département de biologie reproductive de l’hôpital de Dreux, a étudié le cas d’un homme présentant une azoospermie. Ils ont déterminé que c’était sa consommation d’alcool, équivalente à 2 bouteilles quotidiennes (150g d’éthanol) pendant 5 ans qui était responsable de sa condition. Après un sevrage alcoolique de 6 mois, il a retrouvé des paramètres spermatiques quasiment normaux.
Ce cas n’est pas le seul. Le Service d’Histologie et de Biologie de la Reproduction de l’hôpital Tenon à Paris a rapporté le cas d’un autre homme ayant eu une consommation plus élevée ; soit 165g d’alcool par jour pendant 10 ans (c’est-à-dire l’équivalent de 2 bouteilles d’alcool plus 2 verres d’alcool fort par jour). Ce dernier a retrouvé des paramètres spermatiques normaux après un sevrage alcoolique d’un an.
Le tabac
13,7 millions de personnes entre 11 et 75 ans fumeraient du tabac de façon quotidienne selon Santé Publique France. Dans la fumée de cigarette, on retrouve plus de 4000 substances dont plus de 40 substances cancérigènes, de la nicotine, des goudrons, des gaz toxiques comme le monoxyde de carbone, l’oxyde d’azote, l’acide cyanhydrique, l’ammoniac et des métaux lourds notamment du cadmium, du mercure, du plomb et du chrome.
Impact de la fumée de cigarette sur la qualité du sperme
La survie et la qualité des spermatozoïdes dépend grandement de la qualité du liquide séminal. Tout changement altérant la qualité de ce liquide aura un impact direct sur ces propriétés.
Une étude observationnelle réalisée par le département d’urologie et de reproduction humaine de l’hôpital de Sao Paulo met en évidence les effets du tabac sur la qualité du sperme en comparant les fonctions spermatiques entre 20 hommes fumeurs et 20 non-fumeurs. Pour conduire leur étude, les chercheurs ont analysé les taux de 422 protéines retrouvées dans le liquide séminal. Ils ont trouvé :
- 1 protéine absente
- 27 protéines avec un taux plus bas.
- 6 protéines avec un taux plus haut
Chez les fumeurs, on retrouve donc plus de protéines de l’inflammation que les non-fumeurs. Le tabac est donc associé à un état inflammatoire avec une action directe sur les glandes accessoires. Le but de ces glandes (les vésicules séminales, la prostate et les glandes bulbo-urétrales) est d’enrichir le sperme en liquide séminal permettant aux spermatozoïdes de rester mobile et vivant.
Si le tabac altère la qualité du liquide séminal, il a d’autres conséquences sur les spermatozoïdes qui ont été mises en évidence dans des études de grande ampleur :
- Une méta-analyse sur 2500 hommes fumant plus de 20 cigarettes a montré que le tabac diminue la quantité des spermatozoïdes dans le sperme avec pour résultat une concentration spermatique diminuée de 19%. Les mécanismes d’action sur cette baisse de concentration ne sont pas encore complètement élucidés, mais la fumée de cigarette pourrait :
- Perturber l’axe hypothalamo-pituito-gonadique
- Créer une hypoxie (diminution de l’apport en oxygène) au niveau des testicules chez le rat
- Diminuer la production des spermatozoïdes au niveau de l’épithélium des testicules à cause de la toxicité des composants de la fumée
- La nicotine est métabolisée en trans-3’-hydroxycotine (3HC) et la concentration de 3HC dans le liquide séminal est corrélée avec une baisse de mobilité des spermatozoïdes. C’est une étude italienne de l’université de Rome qui avait mis en avant ce lien entre nicotine et baisse de la mobilité. Cependant la cause n’est pas clairement élucidée.
- Une augmentation significative des anomalies morphologiques du sperme a été rapportée. Ces anomalies concernaient l’acrosome ou la tête des spermatozoïdes et empêchaient ces derniers de passer la zone pellucide, une couche protectrice de l’ovocyte. Les 178 fumeurs avaient alors 2,33 fois plus de risques de présenter ces anomalies que les 126 non-fumeurs.
- Les études chez les hommes et les couples suivant une PMA sont aussi largement documentées. Le tabac consommé chez l’homme lors d’une tentative de PMA est corrélé à une augmentation du risque de fausses couches par rapport à la population non-fumeuses, le risque est 2,2 fois plus élevé.
- Un homme fumeur altère la qualité intrinsèque de ses spermatozoïdes en augmentant significativement la fragmentation de L’ADN spermatique avec un taux de 32% pour les fumeurs en comparaison avec un taux normal chez les non-fumeurs de 25,9%.

En résumé, le tabac altère la fertilité et la fécondabilité en impactant :
- La qualité du liquide séminal
- La qualité fonctionnelle des spermatozoïdes
- L’intégrité de l’acrosome
- L’activité des mitochondries et la mobilité des spermatozoïdes
- L’augmentation des risques de fausses couches
- L’ADN
Le tabac altère la santé de la progéniture
Comme le tabac endommage l’ADN, il y a donc aussi un impact épigénétique chez les hommes fumeurs sur leur descendance.
Le tabac modifie l’ADN spermatique via le stress oxydatif. Consommer du tabac altère la santé de l’enfant à naitre, en augmentant notamment les chances de développer un cancer chez l’enfant, selon de nombreuses études :
- Leucémie aiguë lymphoblastique : risque augmenté de 1,32 fois
- Leucémie aiguë myéloïde : risque augmenté de 3,84 fois
- Lymphome non hodgkinien
- Cancer du système nerveux centrale : risque augmente de 3,1 fois.
- Rhabdomyosarcome
Concernant les leucémies et le rhabdomyosarcome, les chercheurs observent que c’est seulement la consommation de tabac chez l’homme et non la consommation chez la femme qui serait responsable du développement de ces cancers. Plus la consommation de cigarettes est élevée chez l’homme, plus les enfants ont de risques de développer des cancers.
Effet dose et réversibilité
Les effets du tabac seraient réversibles. Un rapport de cas montre qu’un fumeur ayant consommé 30 cigarettes par jours pendant 40 ans améliore la qualité spermatique suite à un arrêt de 3 mois :
- De la numération : 28,6 vs 72,2 millions/éjaculat
- De la mobilité : 32,7% vs 78,8%
- De la vitalité spermatique : 40% vs 80%
Il existe cependant un lien effet-dose, la consommation de moins de 10 cigarettes par jour ne montre aucun effet au niveau des paramètres spermatiques entre fumeurs et non-fumeurs. L’organisme est donc capable de s’adapter à une exposition faible ou modérée en augmentant sa capacité à lutter contre les oxydants, mais ne peut plus gérer après un certain point.
Plus de fruits et légumes réduisent la fertilité
Pesticides dans l’environnement ses conséquences sur le sperme
Des chercheurs de l’université d’Harvard en 2008 et de Georges Washington en 2013 se sont interrogés sur l’impact des pesticides sur la qualité du sperme.
Ces deux études d’ampleur montrent des résultats similaires : l’exposition environnementale aux pesticides semble impacter la spermatogénèse. Ces travaux ont analysé 37 études publiées entre 1991 et 2012 ; au total le sperme de 2933 hommes fertiles et infertiles a été analysé.
Dans la population infertile, on retrouve notamment des fermiers exposés quotidiennement à ces polluants ou des personnes vivant dans des zones fortement exposées aux pesticides.
Ces deux études analysent l’impact de plusieurs classes de pesticides :
- Les pyréthrinoïdes
- Les composés organochlorés
- Les organophosphates
- Les autres pesticides
Elles montrent donc qu’il y a un fort faisceau de preuves liant l’exposition environnementale à ces pesticides et l’infertilité. Cela se traduit par un impact sur la qualité spermatique avec :
- La diminution de la concentration des spermatozoïdes
- La diminution de la mobilité
- L’augmentation des morphologies anormales.

Pesticides, de l’environnement à l’assiette
Si l’exposition environnementale aux pesticides peut impacter la spermatogénèse, ils pourraient aussi avoir un rôle dans la dépression et la maladie de parkinson. Problème : on absorbe quotidiennement de grandes quantités via les fruits, légumes et céréales issus de l’agriculture conventionnelle.
Une étude de 2015, effectuée par le département de nutrition de Harvard et dirigée par les professeurs Chiu et Chavarro a tenté de répondre à cette question. Les chercheurs ont découvert que la consommation de fruits et légumes comportant de hautes doses de pesticides était associée à :
- Un nombre de spermatozoïdes plus bas
- Un volume éjaculatoire plus bas
- Un pourcentage de spermatozoïdes ayant une morphologie normale plus basse
Les résultats corroborent leur hypothèse : l’ingestion des aliments issus de l’agriculture conventionnelle a le même effet sur la santé que l’exposition environnementale sur la spermatogénèse.
Les fruits et légumes deviennent alors presqu’aussi toxiques que le tabac ou l’alcool dans notre capacité à produire des spermatozoïdes fonctionnels.
Les effets aigus sur notre santé d’une exposition modérée à sévère aux pesticides sont connus et sont inquiétants :

- Crampes abdominales
- Diarrhées
- Nervosité
- Transpiration excessive
- Difficultés d’attention
- Troubles de la vision
- Difficultés respiratoires
- Convulsion
- Coma
Mais que peut-on attendre d’une exposition plus faible et sur une plus longue durée ?
Une équipe de chercheurs français issue de l’institut de recherche De Jaeger spécialisée dans les recherches sur le vieillissement et du CHU de la Pitié-Salpêtrière a tenté de répondre à cette question dans une étude intitulée : « Exposition chronique aux pesticides, santé et longévité. Rôle de notre alimentation ».
Ils ont fait l’hypothèse que dans notre organisme, la pollution par des produits phytosanitaires pourrait avoir des effets cumulatifs et synergiques que l’on nomme : “Effet cocktail”.
Très peu d’études sont réalisées sur ce domaine, il est donc difficile d’exprimer avec exactitude si telle ou telle molécule est responsable ou non d’une baisse de la fertilité, comme l’explique ce groupe de chercheurs :
Il est en revanche extrêmement difficile, voire impossible à ce jour, d’évaluer l’effet toxique cumulé de deux (ou plus) pesticides sur l’organisme, surtout à moyen et long terme.
De Jaeger, C., Voronska, E., Fraoucene, N., & Cherin, P.
Mais il y a toutefois une certitude, on consomme de façon directe et indirecte des produits végétaux issus de l’agriculture conventionnelles quotidiennement. Et malheureusement, les taux de pesticides retrouvés dans nos fruits et légumes suffisent à impacter la spermatogénèse.
Évolution de l’utilisation des pesticides en France
Selon la FAO (l’antenne des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), en 2019, l’utilisation des pesticides en France était de 4,46kg/ha et se trouvait au-dessus de la moyenne des pays membres de l’UE à 3,13kg/ha.
Ce n’est pas tout : l’évolution de cette utilisation est spectaculaire. L’augmentation de l’utilisation des pesticides dans notre agriculture a commencé dans les années 1930 avec l’apparition des pesticides de synthèses. Le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) est commercialisé en 1943 et ouvre la voie à la famille des pesticides organochlorés. Selon l’INSEE et la CCAN (les comptes de l’agriculture française), de 1959 à 1970, l’utilisation des pesticides a doublé et atteint un pic dans les années 1990 avec une augmentation allant jusqu’à 8 fois les doses utilisées en 1959.

Épidémiologie de l’infertilité dans le monde
La diminution du nombre de spermatozoïdes dans le sperme est devenue un problème de santé publique mondiale. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ce constat ne fait que croitre.
Au niveau européen, une étude menée de 1976 à 1996 sur des jeunes hommes belges constatait une baisse des concentrations spermatiques dans les pays industrialisés se traduisant par :
- Une augmentation de la fréquence d’infécondité masculine qui passe de 1,9 à 9%
- Une augmentation d’hypofécondité qui passe de 5 à 45% de la population.
Au niveau mondial, une méta-analyse très récente, publiée le 15 novembre 2022 a comparé le sperme d’hommes fertiles et infertiles du monde entier. Les conclusions sur les concentrations et le nombre de spermatozoïdes s’applique à tous les pays : l’homme a perdu 50% de son nombre de spermatozoïdes entre 1972 et 2013.


La baisse significative de la qualité du sperme en France comme dans le monde coïncide donc parfaitement avec l’explosion de l’utilisation de ces produits chimiques.
Comment se prémunir de l’effets de ces polluants
Si les intoxications au tabac et à l’alcool sont réversibles et facilement constatables. Il est facile de questionner un homme sur sa consommation de tabac et d’alcool lorsqu’il se retrouve avec un diagnostic d’infertilité. En revanche, il est plus difficile de le questionner sur une éventuelle intoxication aux pesticides.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’alimentation constitue la principale source d’exposition pour les non-professionnels. L’alimentation contribuerait à 80 % de l’exposition chronique aux pesticides contre 10 % pour l’eau. Par ailleurs, certains polluants, les fameux perturbateurs endocriniens, que l’on peut retrouver dans l’eau, comme les phtalates, pourraient réduire la taille du pénis.
C’est ici que les choses se compliquent. Si la consommation de fruits et légumes avec un taux significatif de pesticides est néfaste pour la santé des spermatozoïdes, une consommation de fruits et légumes avec peu ou une quantité modérée de pesticides est corrélée avec une meilleur qualité du sperme. Sur 30 hommes atteints d’oligospermies et 31 hommes témoins, les hommes infertiles consomment moins de fruits et légumes notamment de salades, de tomates et de fruits.

L’étude du département de la nutrition de Harvard montre aussi que la consommation de fruits et légumes avec des concentrations faibles ou moyenne en pesticides est corrélée à une meilleure qualité spermatique avec un nombre de spermatozoïdes 169% plus élevé.
Il reste cependant plusieurs solutions pour augmenter sa fertilité sur le court et moyen terme quand on a décidé d’avoir un enfant :
- L’arrêt de l’exposition à la fumée de cigarettes par voie active ou passive
- L’arrêt de la consommation d’alcool
- Une supplémentation en vitamines et antioxydants
- La consommation de fruits et légumes bio ou contenant peu de pesticides
On sait tous que l’alimentation biologique a un coût supplémentaire et que certaines familles ne peuvent pas se le permettre. L’UFC-que-choisir a établi une liste des fruits et légumes les plus contaminés par les pesticides, vous pouvez retrouver cette liste ici.
Par ailleurs, il existe aussi plusieurs techniques qui diminuent la concentration des pesticides comme le rinçage, l’épluchage …