Intolérance au gluten : peut-on manger de l’avoine ?

Modifié le 14 décembre 2023

Temps de lecture : 3 minutes
()
bol en bois rempli de flocons d'avoine

julienvenesson.fr ce n’est pas que des formations professionnelles en nutrition, la sélection des meilleurs livres et des consultations avec des nutritionnistes, c’est aussi les réponses à vos questions dans les articles du blog. Bonne lecture !

En cas d’intolérance au gluten (maladie coeliaque) on conseille aux malades de supprimer les céréales contenant du gluten, c’est-à-dire le blé, l’épeautre, le seigle, l’orge, le kamut et le petit épeautre (voir la liste détaillée ici). Mais en ce qui concerne l’avoine les avis affichés sur internet sont très partagés, y compris sur les sites des associations de malades.

L’avoine contient-elle du gluten ?

Le gluten est un mélange de protéines appartenant à deux familles : les prolamines et les gluténines. De ces deux familles, ce sont les prolamines qui sont les plus toxiques dans la maladie coeliaque. La prolamine du blé s’appelle la gliadine alors que la prolamine de l’avoine s’appelle l’avénine, l’avoine contient donc aussi un gluten mais un gluten différent avec des protéines distinctes.

A cause de ces différences, les chercheurs ont testé l’effet de l’avoine sur les malades coeliaques :

  • En novembre 2003, des chercheurs Norvégiens recrutent 19 intolérants au gluten en rémission et leur donnent de l’avoine en plus de l’alimentation sans gluten classique pendant 12 semaines. Ils constatent que certains rechutent et que des symptômes d’intolérance apparaissent, souvent extra-digestifs (eczéma).
  • En janvier 2004, des chercheurs Finlandais placent 23 intolérants en rémission sous un régime sans gluten avec avoine et 16 sous un régime sans gluten simple, pendant un an. Ils n’observent aucune rechute forte mais de l’inflammation intestinale avec des symptômes digestifs (ballonnements, côlon irritable).
  • En octobre 2004, des chercheurs de l’université d’Oslo en Norvège testent l’avoine sur 9 intolérants : 4 rechutent.
  • En mai 2006, des chercheurs Finlandais testent l’avoien pendant 2 ans sur 32 enfants : la rémission est maintenue.
  • En mai 2009, toujours en Finlande, 23 enfants ajoutent de l’avoine pendant une durée de 6 mois à 2 ans, pas de rechute non plus.
  • Même résultats en janvier 2007 sur 22 patients avec un test de 6 mois à 5 ans.
  • Enfin en janvier 2010, une dernière étude a donné 100 gr d’avoine par jour à des intolérants en gluten en rémission pendant 6 mois. Résultat : l’avoine n’a pas entrainé de rechute.

Comment expliquer tous ces résultats contradictoires ?

L’intolérance change selon la variété d’avoine

Pour le savoir,  des chercheurs italiens ont analysé la réactivité des protéines de l’avoine dans des lignées de cellules immunitaires de malades coeliaques. Ils ont ainsi pu mettre en évidence que les protéines de l’avoine ne réagissent pas toujours de la même manière avec le système immunitaire : tout dépend de la sous-variété d’avoine testée !

La variété Nave a stimulé l’immunité alors que les variétés Irina et Potenza n’ont pas eu cet effet. Ces résultats confirment donc mes explications dans Gluten, comment le blé moderne nous intoxique : l’avoine peut poser problème en cas d’intolérance et il est compliqué de connaître la variété d’avoine que l’on achète. Par conséquent l’avoine devrait toujours être éliminé des diètes sans gluten, par sécurité. A noter qu’il existe un autre aliment qui provoque parfois des réactions immunitaires anormales en cas d’intolérance au gluten, c’est le quinoa.

A lire également sur ce sujet :


Références :

  1. Lundin KE, Nilsen EM, Scott HG, Løberg EM, Gjøen A, Bratlie J, Skar V, Mendez E, Løvik A, Kett K. Oats induced villous atrophy in coeliac disease. Gut. 2003 Nov;52(11):1649-52.
  2. Peräaho M, Kaukinen K, Mustalahti K, Vuolteenaho N, Mäki M, Laippala P, Collin P. Effect of an oats-containing gluten-free diet on symptoms and quality of life in coeliac disease. A randomized study. Scand J Gastroenterol. 2004 Jan;39(1):27-31.
  3. Arentz-Hansen H, Fleckenstein B, Molberg Ø, Scott H, Koning F, Jung G, Roepstorff P, Lundin KE, Sollid LM. The molecular basis for oat intolerance in patients with celiac disease. PLoS Med. 2004 Oct;1(1):e1.
  4. Holm K, Mäki M, Vuolteenaho N, Mustalahti K, Ashorn M, Ruuska T, Kaukinen K. Oats in the treatment of childhood coeliac disease: a 2-year controlled trial and a long-term clinical follow-up study. Aliment Pharmacol Ther. 2006 May 15;23(10):1463-72.
  5. Arentz-Hansen H, Fleckenstein B, Molberg Ø, Scott H, Koning F, Jung G, Roepstorff P, Lundin KE, Sollid LM. The molecular basis for oat intolerance in patients with celiac disease. PLoS Med. 2004 Oct;1(1):e1.
  6. Kemppainen T, Janatuinen E, Holm K, Kosma VM, Heikkinen M, Mäki M, Laurila K, Uusitupa M, Julkunen R. No observed local immunological response at cell level after five years of oats in adult coeliac disease. Scand J Gastroenterol. 2007 Jan;42(1):54-9.
  7. Kemppainen TA, Heikkinen MT, Ristikankare MK, Kosma VM, Julkunen RJ. Nutrient intakes during diets including unkilned and large amounts of oats in celiac disease. Eur J Clin Nutr. 2010 Jan;64(1):62-7.
  8. Silano M, Penas Pozo E, Uberti F, Manferdelli S, Del Pinto T, Felli C, Budelli A, Vincentini O, Restani P. Diversity of oat varieties in eliciting the early inflammatory events in celiac disease. Eur J Nutr. 2014 Aug;53(5):1177-86.

Avez-vous aimé cet article ?



Autres articles

Vous aimeriez peut-être aussi ?
separation_couleur1