La sèche en musculation pourrait rendre impuissant

Modifié le 31 octobre 2024

Temps de lecture : 3 minutes
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bodybuilder très sec entrain de faire du curl à la barre

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Le fait de faire un régime ou une sèche (chez un sportif naturel qui n’utilise pas de produit dopant) a un impact sur les hormones sexuelles. Au point de menacer la virilité ?

Les conséquences d’un déficit énergétique sont bien connues chez les sportives : on parle de la triade de l’athlète féminine. Cette situation associe troubles alimentaires, absence de règle et ostéoporose, une notion introduite pour la première fois en 1992 par l’American College of Sports Medicine.

Ce phénomène n’épargne cependant pas les hommes, comme le souligne une étude menée par des chercheurs australiens qui se sont livrés à une analyse de la littérature scientifique recensant 23 cas de jeunes hommes sportifs d’indice de masse corporel faible souffrant de déficit hormonal affectant notamment la testostérone.

Forte baisse de la testostérone pendant un régime ou une sèche

La baisse de la testostérone engendrée par un régime restrictif peut être très importante ; à tel point qu’elle peut provoquer une impuissance totale et de très faibles niveaux de testostérone : des taux aussi bas que 20 ng/dL ont déjà été constatés (la norme est située entre 200 et 800 ng en général).

Cette situation est évidemment problématique pour la fonction sexuelle, mais aussi pour la sèche elle-même. La chute de la testostérone va fortement ralentir la perte de graisse, tout en accélérant fortement la perte de muscles. Autre conséquence : dans certains cas, cette baisse de testostérone peut devenir permanente, chez certaines personnes prédisposées à des problèmes hormonaux. Voici les éléments pour comprendre le phénomène et ce qu’il faut faire pour s’en prémunir.

Bouleversement de l’axe régulant la fonction reproductrice

La production de testostérone ne concerne pas que le testicule. Tout commence dans le cerveau, au niveau de l’hypothalamus, une petite région qui produit des neurohormones, dont la gonadolibérine (GnRH). Quand elle est libérée, celle-ci stimule la glande située juste en dessous, l’hypophyse, qui produit à son tour deux hormones : l’hormone folliculostimulante (FSH) et l’hormone lutéinisante (LH).

Chacune va agir sur le testicule : la FSH au niveau des cellules de Sertoli, qui favorisent la production des spermatozoïdes, et la LH sur les cellules de Leydig, qui relarguent la testostérone. Quand la concentration en testostérone dans le sang atteint un niveau seuil, elle exerce un rétro-contrôle négatif sur l’hypothalamus, qui stoppe sa production de GnRH.

Cet axe est perturbé en cas de déficit d’énergie : 

Par ailleurs, différentes recherches ont démontré que cette baisse était proportionnelle au déficit calorique, mais pas à l’IMC de départ. C’est-à-dire que le problème va se manifester même chez quelqu’un qui serait en surpoids et qui diminuerait trop fortement rapidement ses apports caloriques.

Régulation de la production de testostérone lors d’un déficit calorique

Pour savoir où en sont ses niveaux de réserves énergétiques, notre organisme dispose d’un indicateur fiable : des hormones produites par le tissu graisseux comme la leptine.

La leptine est en mesure de traverser la barrière qui entoure le cerveau pour se lier à ses récepteurs présents à la surface de certains neurones. Elle provoque alors la libération de kisspeptine, une hormone qui stimule les neurones de l’hypothalamus qui, en réponse, produisent la GnRH.

Un mécanisme de survie

En cas de restriction calorique, les niveaux de leptine diminuent, et ne sont plus en mesure d’entraîner une bonne libération de GnRH, ce qui se répercute tout au long de l’axe et débouche sur une production plus faible de testostérone.

Deux autres mécanismes interviennent. En phase de restriction calorique, les cellules de la paroi de l’estomac produisent de la ghréline pour informer le cerveau de la nécessité de se nourrir. Elle provoque une baisse de la production de LH, et donc de testostérone. Enfin, l’élévation des niveaux de cytokines inflammatoires (les interleukines 2, 4, 6, 8 et 10 et la CRP) refrène la production de LH.

4 graphiques indiquant que l'administration d'IL-2, un messager inflammatoire, atténue la production de testostérone chez des hommes jeunes ou âgés.
L’administration d’IL-2, un messager inflammatoire, atténue la production de testostérone chez des hommes jeunes ou âgés.

D’un point de vu biologique, l’intérêt de la baisse de fertilité est facile à comprendre : lors d’une période de famine, c’est une question de survie de ne pas gaspiller de l’énergie dans les fonctions reproductrices. La diminution de la production d’hormones sexuelles en cas de déficit d’énergie étant de nature fonctionnelle, elle peut être inversée lorsqu’on retrouve une alimentation normale.

Baisser graduellement ses apports alimentaires

Dans le cadre d’un régime, il est donc important et utile de limiter le phénomène en diminuant le plus progressivement possible les calories journalières, plutôt que de manière très brusque. Une diminution par palier de 250 kcal est ainsi largement suffisant. La patience étant ensuite le secret de la réussite.

À l’inverse, en voulant aller vite, on va simplement perdre plus de muscles et augmenter les symptômes du déficit en testostérone.

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