L’ail, un nouvel allié pour soulager l’endométriose

Modifié le 23 décembre 2023

Temps de lecture : 6 minutes
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Ail en morceau étalé sur du bois avec des gélules à base d'ail

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Bienfaits de l’ail dans la lutte contre l’endométriose

L’endométriose est une maladie qui touche environ une femme sur 10 en âge de procréer et qui peut provoquer des douleurs importantes. Ces douleurs se localisent dans la zone pelvienne, au niveau du dos, au moment des règles et lors des rapports sexuels.

Sur une table en bois foncé, on retrouve une petite cruche d'huile d'olive à gauche de l'image; la moitié d'un citron dans la partie haute de l'image; à droite un plat allant au four contenant 5 sardines, du gros sel et des baies; en bas de l'image 2 têtes d'ail et 3 gousses d'ail.
Ail, un condiment de base de l’alimentation méditerranéenne et française

Tous ces symptômes affectent de façon significative leur qualité de vie. De plus, l’endométriose est la principale cause d’infertilité qui se situerait entre 20 et 50% des cas.

Une nouvelle étude montre que l’ail pourrait soulager ces douleurs, et peut-être ralentir la progression de la maladie, voici ce qu’ont trouvé les chercheurs et comment l’ail pourrait agir contre les symptômes de cette maladie.

Paramètres de l’étude et des personnes

L’étude compare 4 différents types de douleurs ressenti par les femmes :

  • La douleur au niveau de la zone pelvienne
  • La douleur au niveau du dos
  • La douleur au moment des règles
  • La douleur pendant les rapports sexuels 

La moyenne de ces douleurs est rapportée sous la douleur générale ressentie. L’étude se base sur l’analyse de 120 femmes souffrant d’endométriose vérifiée par chirurgie ou laparoscopie. 60 femmes ont reçu un placébo et les 60 autres, des gélules de 400mg d’ail séché comprenant 1100µg d’allicine. On a demandé à ces femmes d’autoévaluer leurs douleurs sur une échelle de 0 à 10 en utilisant le protocole VAS (Visual Analogue Scale). Le score 0 signifie aucune douleur alors que 10 qualifie la plus important douleur que vous avez ressentie.

Schéma représentant l'échelle de la douleur ressenti par les patients. Cette échelle va de 0 à 10. elle s'incrémente de 1 par 1. 
A chaque nombre est associé un émoticône. La couleur progresse du vert foncé pour 0 ou rouge foncé pour 10. 

Le 0 correspond à "pas de douleur" et à pour couleur le vert foncé, l'émoticône à un grand sourire ouvert.
Le 1 correspond à "très doux" et à pour couleur le vert, l'émoticône associé à un grand sourire fermé.
Le 2 correspond à "inconfortable" et la couleur verte claire est associé, l'émoticône associé à un sourire fermé.
Le 3 correspond à "Tolérable" et à la couleur verte pâle. L'émoticône à un visage sans sourire.
Le 4 correspond à "Pénible" et à la couleur vert-jaune. L'émoticône associé est légèrement contrarié.
Le 5 correspond à "Très pénible" la couleur associée est le jaune. L'émoticône associé est contrarié.
Le 6 correspond à "Intense", la couleur associée est le jaune foncé. L'émoticône est contrarié avec une sueur froide sur le front.
Le 7 correspond à "très intense" et la couleur est l'orange. L'émoticône associé est contrarié fortement et une larme coule le long de sa joue gauche. 
Le 8 correspond à "horrible", la couleur associée est l'orange foncé et l'émoticône associé est contrarié avec la bouche ouverte et une larme coule de sa joue gauche.
Le 9 correspond à "Atroce ou insupportable", la couleur associée est rouge et l'émoticône pleur, est contrarié bouge ouverte.
Le 10 correspond à "inimaginable ou indescriptible", la couleur associée est le rouge foncé. L'émoticône est en détresse, sourcils froncés, bouche ouverte et contrarié et pleure des deux yeux.
Pain measurement scale stress bright vector template. Scale chart. Vector illustration

Effets sur la douleur

Avant la prise de l’ail ou du placebo, les femmes des deux groupes effectuent des tests VAS qui montrent des scores similaires compris entre 6 et 7 pour les 4 catégories de douleurs.

Pendant la durée de l’étude, la douleur ressentie est mesurée chaque fin de mois pour voir l’évolution. Plus l’étude avance, plus les données sont significatives. Le groupe placebo reste avec des scores compris entre 6 et 7. Alors que le groupe ayant reçu les gélules d’ail voit ses scores :

  • Pour la douleur pelvienne descendre à 2,33 avec une baisse de 4,82 points
  • Pour la douleur au niveau du dos descendre à 1,65 avec une baisse de 4,41 points
  • Pour la douleur au moment des règles à 1,90 avec une baisse de 4,81 points
  • Pour la douleur pendant les relations sexuelles à 1,46 avec une baisse de 4,67 points.

Comme vous pourrez le constater, les différences sont flagrantes avec le groupe placebo et les scores relevés en début d’étude. 

Tableau représentant l'évolution de la douleur ressenti sur 4 aspects (la douleur pelvienne, la douleur du dos, la douleur au moment des règles et la douleur pendant les rapports sexuelles) par les femmes ayant pris les tablettes d'ail et le placebo.
Le tableau se construit de la manière suivante :
* 1er colonne la description de la douleur avec les lignes associées :
1- Douleurs pelviennes
2- Douleurs au dos
3- Douleurs au moment des règles
4- Douleurs pendant les rapports sexuelles
5- Douleur globale
* la premier ligne correspond au mesure dans le temps des douleurs en décrivant à chaque fois et pour chaque douleur si il s'agit du groupe placébo ou du groupe prenant les tablettes. On retrouve des données pour 
T0 soit la douleur ressentie avant le commencement du traitement
T1, 1 mois après le début du traitement 
T2, 2 mois après le début du traitement 
T3, 3 mois après le début du traitement et fin de la procédure.
Pour la douleur pelvienne, la douleur dans le groupe placébo passe de 7,03 à T0 à 7,26 à T3 et pour le groupe ail de 7,15 à T0 à 2,33 à T3.
Pour la douleur au dos, la douleur dans le groupe placébo passe de 5,83 à T0 à 6,03 à T3 et pour le groupe ail de 6,06 à T0 à 1,65 à T3.
Pour la douleur au moment des règles, la douleur dans le groupe placébo passe de 6,35 à T0 à 6,61 à T3 et pour le groupe ail de 6,71 à T0 à 1,90 à T3.
Pour la douleur au moment des rapports sexuelles, la douleur dans le groupe placébo passe de 6,43 à T0 à 6,71 à T3 et pour le groupe ail de 6,13 à T0 à 1,46 à T3.
Pour la douleur globale, la douleur dans le groupe placébo passe de 6,41 à T0 à 6,65 à T3 et pour le groupe ail de 6,51 à T0 à 1,83 à T3.
Évolution de la douleur entre le groupe placebo et le groupe ayant reçu de l’ail

Attention cependant, même si les études en laboratoires corroborent les données sur la diminution de la douleur, cette étude est la première de ce genre. Ces résultats demandent donc confirmation. En attendant, l’ail est un condiment peu cher et très accessible qui n’en demeure pas moins très efficace.

Mécanismes d’action de l’ail dans l’endométriose

L’ail est reconnu pour ses vertus pour la santé depuis plus de 4000 ans. Il a des propriétés anticancers, il favorise l’apoptose. Il module l’inflammation par son action sur la suppression de la production des cytokines pro-inflammatoire et il augmente la production de l’interleukine-10 (IL-10). 

De plus, il a d’importantes propriétés antioxydantes. Dans l’endométriose, on lui attache des propriétés réduisant la prolifération des cellules endométriales en réduisant l’action des protéines responsable de la migration et des métastase. La consommation d’ail permet de diminuer le poids et la matière grasse viscérale. Il a aussi une action hépato-protectrice.

Diminution du stress oxydatif

Le stress oxydatif est une cause de l’apparition de réponses inflammatoires. Les signaux envoyés par notre organisme lors d’une inflammation sont la chaleur, la rougeur, un œdème et pour terminer la douleur.

Les composés organo-sulfurés (OSC) des alliacées sont responsable de l’odeur et de la saveur caractéristique de l’ail et ont une bioactivité antioxydante, antibactérienne, anticancérigène, antiathérogénique et immunostimulatrice. L’ingestion de tête d’ail a montré une baisse significative des marqueurs de l’oxydation dans le plasma et a augmenté l’activité des enzymes antioxydantes comme la superoxyde dismutase (SOD), du glutathion peroxydase (GSH-Px) et de la catalase (CAT) chez les personnes âgées. 

L’ail est une importante source de N-acétylcystéine. La N-acétylcystéine a une action antioxydante directe et elle rentre aussi dans la composition du glutathion, un autre anti-oxydant produit par notre organisme.  

Ces propriétés antioxydantes seraient un des mécanismes d’action de l’ail contre l’endométriose.

L’ail diminue la production des prostaglandines

Deuxième mécanisme : les dérivés soufrés de l’ail (les fameux OGS) diminuent la production des prostaglandines par l’abaissement des sécrétions d’hormones de croissance VEGF et VEGF- R2. Le VEGF est une protéine responsable de la création de nouveaux vaisseaux sanguins. Ils empêchent ainsi la prolifération des nouvelles cellules ectopiques. 

De plus, ils vont significativement diminuer la production des cytokines inflammatoires. Ils empêchent donc le cercle vicieux de la propagation de l’inflammation et des prostaglandines. L’ail par ces deux action va empêcher les cellules ectopiques (les cellules de l’endomètre qui ne sont pas au bon endroit) de s’autostimuler et s’automultiplier. L’inflammation va donc diminuer ainsi que les douleurs associées.

Schéma représentant l'utérus avec ces différentes parties, le vagin en bas et en remontant; le col de l'utérus, le myomètre, l'endomètre, l'utérus, les trompes de Fallope et les ovaires.

Ce schéma décrit les cellule ectopique qui sont des cellules de l’endomètre qui migrent et se mettent à proliférer dans différents endroits où elles ne devraient pas se trouver. Elles entrainent alors plusieurs mécanismes de défenses notamment une réaction anti-inflammatoire qui font ressentir de la douleurs.

Dans le schéma, on montre une colonisation des cellules endométriales ectopiques dans les trompes de Fallope et à l'extérieur de l'utérus.
Migration des cellules ectopiques responsables des symptômes de l’endométriose

L’ail augmenterait l’élimination des œstrogènes.

Troisième mécanisme : l’ail par une action prébiotique et une action hépatique jouerait un rôle important dans l’élimination des œstrogènes.

Une action hépatique 

Les OGS de l’ail, encore eux, vont stimuler la production de glutathion dans le foie. Le glutathion est primordial dans le phases de détoxification de l’organisme notamment la phase I et II. 

Les œstrogènes vont être transformé puis conjuguer à la bile. Les métabolites des œstrogènes sont alors stockés puis éliminés par le foie et la vésicule biliaire au moment de la digestion et sont excrétés par les selles.

Une action prébiotique 

Une autre voie non exploité par l’étude sur l’ail et l’endométriose est son action prébiotique. Les selles sont le dernier transporteur des œstrogènes avant d’être excrétées, cependant des mécanismes peuvent altérer cette excrétion comme une constipation ou une dysbiose du microbiote. 

Les gousses d’ail contiennent de l’inuline et des fructo-oligosaccharide qui ont un effet prébiotique bénéfique sur notre microbiote. Il stimule le développement des bactéries de la famille des bifidobactéries et à l’inverse diminue la production des bactéries de type Clostridium. Les bactéries de la familles des clostridium sont connues pour générer des toxines chez les animaux et changer la composition du microbiote.

Certains types de bactéries vont produire une enzyme, la béta-glucuronidase, l’action de cette enzyme dans l’intestin va être de déconjuguer les métabolites des œstrogènes et de les réactiver.

L’étude de ces femmes montrerait que les œstrogènes pourrait être en partie responsable des douleurs ressenties par les femmes souffrant d’endométriose.

Diminuerait la prolifération des cellules endométriales

Le dernier mécanisme rapporté par l’étude est les propriétés anti-inflammatoire des OGS et notamment, de son composant majeur : l’allicine. Il a été trouvé qu’il prévient la prolifération des cellules endométriales. Son effet anti prolifération s’appuie sur 4 mécanismes.

A savoir avant de prendre de l’ail contre l’endométriose

Même si d’autres études devront être réalisées pour connaitre plus en profondeur ses mécanismes d’action dans l’endométriose. L’ail est un condiment souvent utilisé dans notre cuisine française. 

Il n’existe quasiment pas de contre-indication à son utilisation excepté si vous souffrez d’une maladie génétique rare : la porphyrie. Attention l’agence européenne des médicaments (EMA) recommande de ne pas consommer d’ail 1 semaine avant une chirurgie de par ses propriétés anticoagulantes. 

Pour bénéficier de tous ces effets privilégier l’ail cru frais et bio au cuit, car pendant la cuisson une grande partie de l’allicine est éliminée. 

Sur une table en bois, à gauche et en haut à gauche en arrière plan, on retrouve des têtes d'ail. Au centre de l'image, au premier plan, on retrouve une tête d'ail sur la gauche, et au centre une coupelle blanche avec un presse ail pressant une gousse d'ail.
L’ail, un aliment de la famille des liliacées

L’OMS recommande une consommation de 4 gousses d’ail par jour pour bénéficier des effets protecteurs sur les vaisseaux sanguins alors que la commission européenne n’en recommande qu’une gousse. Si vous souffrez d’endométriose, n’hésitez pas à augmenter progressivement l’ail dans votre alimentation. La présence de fibres peut avoir des effets sur votre confort intestinal. Essayer de commencer par 1 demi gousse et d’augmenter progressivement en fonction de votre tolérance. 

Il est aussi possible de vous supplémenter avec des gélules d’ail bio entre 400 et 600mg par jour. 

Attention, comme vous l’aurez compris ce sont les composants soufrés qui ont des vertus dans cette étude. Il faut donc choisir un ail qui sent l’ail et qui a les effets secondaires de l’ail sur l’haleine.  L’ail noir n’a donc pas d’effets thérapeutiques dans ce cas-là.

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