Pilule contraceptive : ces risques qui sont encore trop méconnus

Modifié le 14 décembre 2023

Temps de lecture : 8 minutes
()
vue rapprochée de deux mains tenant une plaquette de pilules contraceptives

julienvenesson.fr ce n’est pas que des formations professionnelles en nutrition, la sélection des meilleurs livres et des consultations avec des nutritionnistes, c’est aussi les réponses à vos questions dans les articles du blog. Bonne lecture !

La pilule contraceptive est systématiquement prescrite aux femmes qui cherchent un moyen de contraception. Évidemment, tout le monde sait qu’elle peut avoir des effets secondaires mais les autorités de santé le justifie de manière simple : le bénéfice de la pilule est largement supérieur aux risques encourus en la prenant. Problème : c’est parfaitement faux. Il existe en effet un autre moyen de contraception aussi fiable mais presque sans effet secondaire. Étonnant ? Pourtant cette méthode est considérée comme une des meilleures par l’OMS !

Comment est née la pilule contraceptive

Connaissez-vous l’année la plus érotique de l’histoire ? 69, comme le chantait Serge Gainsbourg ? Pas vraiment. C’est en 1928 que la plus incroyable révolution sexuelle de l’histoire récente a commencé. Cette année-là, un homme dont tout le monde a oublié jusqu’à l’existence, Ernst Gräfenberg, chercheur gynécologue allemand, met au point le dispositif intra-utérin au cuivre (stérilet) pour contrôler les naissances. Ce scientifique n’a laissé qu’une initiale à la postérité, le G. du célèbre « Point G ». C’est cette même année qu’une autre découverte va changer le monde et la vision de la sexualité : celle de la pénicilline G, le premier antibiotique.

Avec sa mise sur le marché en 1941 on sera capable pour la première fois de traiter et de guérir la syphilis, une infection sexuellement transmissible contagieuse qui se manifeste par des ulcérations de la peau et des muqueuses particulièrement disgracieuses, et qui finit par toucher le système cardiovasculaire et articulaire jusqu’à donner la mort. A l’époque, des millions de personnes à travers le monde sont contaminées et les traitements sont malheureusement plus toxiques encore que la bactérie elle-même : ils se font à base d’administration de mercure, un métal lourd hautement toxique ou d’iodure de potassium, qui finissent généralement par tuer le malade avant que la bactérie ne le fasse… C’est dire à quel point la découverte de la pénicilline G va bouleverser l’ordre établi. D’autant qu’un autre phénomène se développe : la démocratisation du préservatif, qui devient de plus en plus accessible.

Tous ces événements sont le point de départ de ce profond mouvement de société qu’on appelle aujourd’hui la « révolution sexuelle ». Et sur cette base se développe une nouvelle idée : celle d’une contraception facile, aussi simple à régler qu’une mauvaise fièvre. La première pilule orale est mise sur le marché français dès 1967 (1960 aux États-Unis), après seulement 3 ans de travail de la part des laboratoires. Autant dire qu’elle est attendue comme le messie : l’époque entière communie comme les Chrétiens à la messe autour de cette petite pilule, qui renvoie le stérilet de la génération précédent au rang de « vieillerie ancestrale». Seulement voilà, il y a juste un problème : les laboratoires qui produisent la pilule ont savamment orchestré le silence sur ses effets secondaires…

Les différentes générations de pilules

Les premières pilules (première génération) disponibles dans les années 70 contenaient 50 à 100µg d’estradiol synthétique et une hormone progestative (synthétique elle aussi). Pour diminuer les effets secondaires de ces médicaments, les laboratoires ont mis sur le marché en 1980 des pilules de deuxième génération « mini dosées », contenant 25 à 50µg d’estradiol synthétique et un nouveau progestatif. Mais comme ces hormones synthétiques peuvent accroitre la pilosité ou donner de l’acné, les pilules de troisième génération ont été introduites dans les années 90 pour contrer ce problème ; elles contiennent un nouveau progestatif, les plus connues étant VARNOLINE et CERAZETTE. Enfin, la pilule de quatrième génération est censée utiliser un nouveau progestatif, très proche de la progestérone naturellement produite par les femmes, la plus connue étant JASMINE. Les effets secondaires des pilules de 3 et 4ème génération sont similaires.

Mais comment ça marche une pilule ? Le principe est simple : on administre des hormones de synthèse de manière à faire au croire au cerveau (hypophyse) qu’on est déjà enceinte. De fait l’ovulation s’arrête et la muqueuse utérine se modifie, ce qui empêche la nidation. Cela n’est donc pas franchement naturel, et explique d’ores et déjà certains de ses effets secondaires comme la nausée ou la prise de poids. Mais au moins, la pilule, est-ce efficace ? Voilà la question qui fâche. Le dernier rapport de l’OMS, publié aux États-Unis en 2011, montre que 8% des femmes qui prennent la pilule quotidiennement pendant un an ont une grossesse non intentionnelle. 8 % ! Presque une femme sur 10 ! Voilà un taux d’échec incroyablement élevé pour un médicament. Et cette statistique est mieux protégée que le coffre-fort de la Banque de France …

Le effets cachés de la pilule contraceptive

Il y a maintenant plus de 20 ans que le Pr Henri Joyeux, cancérologue, alertait sur les dangers de la pilule. Depuis, un grand nombre d’études ont montré un certain nombre d’effets secondaires. On croit apprendre aujourd’hui qu’il existe des risques « thromboemboliques » (voir encadré) avec le déchaînement médiatique qui a suivi la plainte contre le laboratoire Bayer de Marion Larat, 25 ans, handicapée à 65% des suites d’un AVC attribué à la pilule de 3ème génération, mais ils sont bien connus depuis longtemps ! En 1995 les autorités sanitaires Britanniques, appellent les femmes à la plus grande prudence sur la base de nouvelles études : le risque de thrombose est deux fois plus élevé avec la nouvelle pilule. Mais en France, l’Agence du médicament rassure et tout continue comme avant.

Pendant ce temps, l’agence internationale de la recherche sur le cancer (IARC) considère ces médicaments comme cancérigènes chez l’Homme. En effet, un certain nombre de tumeurs ont une croissance régulée par la présence d’hormones. De son côté, l’institut national de la lutte contre le cancer aux États-Unis écrit très clairement sur son site internet que la pilule augmente le risque de cancer du sein, de cancer du col de l’utérus et de cancer du foie. Les dangers de la pilule sont donc bien un secret de polichinelle ! Les autres effets secondaires (moins graves) possibles sont des modifications de la libido (généralement à la baisse), de l’humeur (généralement à la baisse) et du poids corporel (généralement à la hausse), une augmentation des maux de tête et des ballonnements.

Une modification des facteurs de coagulation sanguine engendrée par les hormones synthétiques peut provoquer la formation d’un caillot sanguin qui peut boucher un vaisseau et asphyxier un organe (infarctus quand il s’agit du cœur, AVC quand il s’agit du cerveau), on parle de thrombose.

Quand un caillot formé à la suite d’une thrombose se détache, il va suivre le flux sanguin et arrive donc jusqu’au cœur puis le quitte par l’artère pulmonaire qui se bouche brusquement. Une partie du poumon ne peut plus fonctionner normalement et le sang n’est plus oxygéné correctement, on parle d’embolie. L’embolie est fatale dans 15% des cas. Ces deux évènements forment ensemble le risque thromboembolique.

L’année dernière une étude publiée dans le prestigieux journal médical New England Journal of Medicine et portant sur plus d’1,6 million de femmes a montré que l’utilisation de la pilule contraceptive augmentait le risque d’accident vasculaire cérébral et d’infarctus du myocarde (crise cardiaque), quelle que soit la génération de pilule considérée.

Dans un rapport publié plus tôt cette année, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) indique que la pilule est utilisée par 4,27 millions de Françaises en 2011 et que ces médicaments provoquent chaque année “en moyenne” 2.529 accidents thromboemboliques veineux et “20 décès prématurés”, dont 14 sont “attribuables” aux pilules de 3ème et 4ème génération. Les Françaises sont ainsi parmi les plus grandes consommatrices de pilules au monde ! Mais pourquoi ne dit-on jamais aux femmes qu’il existe un autre moyen de contraception beaucoup plus intéressant ?

Quelle contraception féminine est sans risque pour la santé ?

Imaginez qu’il existe un moyen de contraception plus efficace que la pilule. Imaginez qu’il existe un moyen de contraception sans aucun risque sérieux pour la santé et avec très peu d’effets secondaires. Vous seriez intéressée ? Eh bien sachez que cette méthode de contraception existe, c’est le dispositif intra-utérin (stérilet) au cuivre, inventé en 1928 ! Voici un tableau comparatif entre ces deux méthodes de contraception effectué à partir des notices des médicaments et des données fournies par l’Organisation mondiale de la Santé.

tableau comparatif des effets secondaires entre la pilule contraceptive et le stérilet au cuivre
Tableau comparatif des effets secondaires entre la pilule contraceptive et le stérilet au cuivre

Attention : le dispositif intra-utérin existe sous deux formes : hormonale (il diffuse des hormones en continu) et non hormonal au cuivre. Le stérilet hormonal est équivalent à une pilule classique, mais ne présente pas le risque d’oubli d’un cachet.

Vous avez bien lu : le stérilet coûte moins cher, est moins dangereux, plus efficace et moins contraignant. Mais pourquoi ne le conseille-ton jamais aux femmes ? Pourquoi n’a-t-on que le mot « pilule » à la bouche ?

Tout d’abord, car un grand nombre de gynécologues n’ont pas une formation médicale à jour : en effet, on a longtemps pensé que les femmes qui mettaient un stérilet sans avoir eu d’enfants deviendraient stériles par la suite (à cause du stérilet). On sait que cette crainte est infondée aujourd’hui et depuis 2004 la Haute Autorité de Santé (HAS) reconnaît que le dispositif intra-utérin peut être utilisé sans dangers par les femmes nullipares (qui n’ont pas encore eu d’enfant). Si votre médecin refuse, vous pouvez toujours lui transmettre les recommandations officielles librement accessibles en ligne, mais aucune femme ne devrait avoir à choisir entre une sexualité sans risque et sa santé.

Un certain nombre de barrières psychologiques viennent néanmoins à l’esprit des femmes quand on évoque le stérilet : un aspect « archaïque » et une répulsion à l’idée de voir un corps étranger introduit dans cette partie intime de l’anatomie. Le premier point est le pur produit du marketing qui entoure la pilule, érigée dans les années 70 comme « miracle de la science » en faisant fi de tous les effets secondaires. Le deuxième point est plus compréhensible, mais en prenant la pilule c’est une substance toxique et cancérigène que vous avalez, sciemment, tous les jours ! La pilule contraceptive profite décidément bien plus aux laboratoires pharmaceutiques qu’à la liberté sexuelle et à la santé des femmes.

Il y a bien entendu quelques contre indications au stérilet, comme par exemple la présence d’une endométriose ou des règles hémorragiques. Mais elles sont rares. Et en cas de problème éventuel, le stérilet s’enlève simplement et rapidement chez un gynécologue.

Depuis le dimanche 31 mars 2013, la pilule est remboursée à 100% aux mineures de 15 à 18 ans (contre 65% auparavant). Motif évoqué : réduire le nombre d’interruptions volontaires de grossesse (environ 12 000 par an). Mais alors dans ce cas, pourquoi ne pas avoir conseillé le stérilet qui est plus efficace pour prévenir les grossesses non désirées ? En particulier à un âge où on oublie plus facilement de prendre un comprimé… Il aurait aussi été plus logique d’axer les efforts sur la prévention via une meilleure éducation sexuelle. Fort heureusement, ce remboursement ne concerne que les pilules de première et deuxième génération.

Diminuer les effets secondaires de la pilule contraceptive

Si vous faites partie du très faible nombre de femmes chez lesquelles le dispositif intra-utérin est contre-indiqué (hypersensibilité au cuivre, malformations de l’utérus, etc.), un certain nombre d’actions sont possibles pour diminuer les effets secondaires cardiovasculaires. En revanche il n’existe aucune solution pour la prise de poids ou les maux de tête (sauf si on considère la prise de médicaments supplémentaires comme une “solution”).

La première chose à faire consiste à choisir une pilule progestative uniquement (à voir avec votre médecin ou votre sage femme). La deuxième chose consiste à ne pas fumer. La troisième consiste à avoir une alimentation équilibrée et à prendre un complément alimentaire antioxydant (ne doit en aucun cas contenir du fer, du cuivre ou du manganèse) qui contient au minimum de la vitamine C et E. Idéalement on apportera aussi un mélange de sélénium et de Coenzyme Q10 sous forme d’ubiquinone (30 mg par jour minimum). Ce cocktail pourrait diminuer certains risques cardiovasculaires liés à la pilule, mais il s’agit bien là du conditionnel : les seules données scientifiques pour soutenir cette approche sont préliminaires et de faible puissance. Dans tous les cas, aucun traitement ne peut compenser totalement les effets secondaires.


Références :

  1. Department of Reproductive Health, World Health Organization. Critères de recevabilité pour l’adoption et l’utilisation continue de méthodes contraceptives. Quatrième édition, 2009. ISBN: 978 92 4 256388 7
  2. Lidegaard Ø, Løkkegaard E, Jensen A, Skovlund CW, Keiding N. Thrombotic stroke and myocardial infarction with hormonal contraception. N Engl J Med. 2012 Jun 14;366(24):2257-66.
  3. http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_272385/strategies-de-choix-des-methodes-contraceptives-chez-la-femme
  4. Zal F, Mostafavi-Pour Z, Amini F, Heidari A. Effect of vitamin E and C supplements on lipid peroxidation and GSH-dependent antioxidant enzyme status in the blood of women consuming oral contraceptives. Contraception. 2012 Jul;86(1):62-6.

Avez-vous aimé cet article ?



Autres articles

Vous aimeriez peut-être aussi ?
separation_couleur1