Les relations sexuelles et l’éjaculation diminuent-elles la performance sportive ?

Modifié le 19 décembre 2023

Temps de lecture : 6 minutes
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Image sensuelle présentant une femme et un homme musclés en contact rapproché.

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L’idée selon laquelle le sexe et l’éjaculation pourraient nuire à la performance est assez ancienne puisqu’on en retrouve trace dans l’histoire jusque dans la Grèce antique. À cette époque, on considérait que l’abstinence était le meilleur moyen de garantir de bonnes performances physiques ainsi qu’une communication saine entre l’esprit et le corps.

Encore aujourd’hui, de nombreux coachs sportifs recommandent l’abstinence, notamment avant une compétition. Le célèbre boxeur Mohammed Ali était adepte de la pratique : il mettait entre parenthèses sa vie sexuelle pendant les semaines précédant un match, pour augmenter son agressivité et sa combativité sur le ring.

Les réseaux sociaux regorgent par ailleurs de messages faisant miroiter des gains de performances physiques à l’arrêt de la masturbation, véhiculés par la communauté « NoFap ».

Dans ce contexte, cet aspect est un sujet de préoccupation majeure pour les pratiquants, même amateurs. Les réponses à un questionnaire rempli par 869 athlètes amateurs des deux genres a récemment montré que la moitié d’entre eux considèrent que leurs performances sportives pourraient être impactées par une activité sexuelle avant la compétition.

Pas de sexe avant le sport ?

Ce thème épineux a été l’objet de nombreux articles dans la presse populaire, qui s’appuient le plus souvent plus sur des opinions personnelles plutôt que sur une littérature scientifique solide. Il existe des données émanant de projets de recherche basés sur des questionnaires, mais elles reposent sur des expériences individuelles forcément subjectives. Des résultats d’études récentes au protocole expérimental plus rigoureux sont toutefois accessibles.

Mêmes performances 24 heures après

En 2018, des chercheurs américains ont regroupé 12 jeunes sportifs, actifs sur le plan sexuel. Ces hommes ont été soumis à des séries d’exercices pour évaluer la force musculaire et l’endurance de leurs membres inférieurs.

Pour l’une des sessions, ils avaient eu un rapport sexuel dans les 12 heures précédentes, pour une autre ils s’en étaient abstenus. Leurs performances n’ont pas été différentes dans les deux circonstances.

L’année suivante, une étude du même type a conclu à l’absence d’impact des relations sexuelles la nuit passée sur plusieurs paramètres permettant d’apprécier la performance physique. Il s’agissait dans ce cas de la force de préhension de l’avant-bras, de l’équilibre, des capacités de mouvement latéral, du temps de réaction, de la puissance anaérobie et de l’absorption maximale d’oxygène.

Des chercheurs sont allés plus loin dans la démarche en intégrant une troisième situation. Il s’agissait d’une session de yoga de 15 minutes, similaire en terme de coût énergétique à un acte sexuel classique. Là encore, le constat est le même : les performances sportives n’ont pas varié significativement selon les activités de la veille.

Un laps de temps minimal à respecter

Dans une analyse de plusieurs études consacrées à l’impact des relations sexuelles avant le sport, des auteurs ont toutefois relevé un écueil.

Lorsqu’on teste la performance physique deux heures après un rapport sexuel, celle-ci est légèrement diminuée. Cette différence disparaît 10 heures après le rapport, au plus tard. Ces effets négatifs observés sont moins perceptibles lorsque l’activité effectuée est une activité d’endurance, comparativement à un sport de force.

Les capacités de récupération d’un athlète pourraient par ailleurs être affectées s’il a des rapports sexuels environ 2 heures avant un exercice intense. En effet, des différences de fréquences cardiaques plus importantes ont été observées lors de la phase de récupération dans ce cas.

Lors d’une méta-analyse très récente, ayant compilé les données de 9 études menées auprès de 133 participants, les auteurs n’évoquent cependant pas ce seuil de deux heures. Ils indiquent :

« Les résultats montrent que l’activité sexuelle dans les 30 minutes à 24 heures avant l’exercice ne semble pas affecter les performances aérobies, l’endurance musculo-squelettique ou la force/puissance ».

Gerald S. Zavorsky.

Conséquence sur le taux de testostérone

La testostérone joue un rôle crucial dans les performances sportives et la croissance musculaire. Il est ainsi légitime de se demander de quelle manière elle évolue dans le cadre des pratiques sexuelles.

Le taux de testostérone augmente lors de l’éjaculation

Des chercheurs ont examiné la manière dont l’éjaculation impacte la concentration sanguine en testostérone, en menant une étude auprès de 7 volontaires de 32 à 41 ans.

Le taux de l’hormone mâle a augmenté de la période précédant l’érection au moment suivant l’éjaculation. Il est passé de 5,86ng/ml avant l’érection, à 7ng/ml au moment de l’éjaculation et 6,22ng/ml 10 minutes après celle-ci. L’élévation observée est attribuée à une sécrétion accrue de l’hormone par les testicules, ainsi qu’à la contraction de la prostate.

Cette étude réfute ainsi la croyance répandue selon laquelle l’éjaculation réduit les niveaux de testostérone. Mais la testostérone n’est pas la seule hormone impactée par l’éjaculation et qui joue un rôle dans l’agressivité. La prolactine joue également un rôle majeur.

Évolution de la concentration sanguine en testostérone lors de l’éjaculation.

Les stimulations sexuelles boostent la testostérone

De manière générale, il apparaît que les stimulations d’ordre sexuel de diverses natures conduisent à une élévation du taux de testostérone.

Chez des couples hétérosexuels, les niveaux salivaires de testostérone ont été évalués 11 soirs avec un rapport sexuel et 11 soirs d’abstinence. Ils ont augmenté pendant les soirées pimentées et diminué pendant les autres, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.

Le simple visionnage d’une vidéo érotique chez des pratiquants de musculation élève ce taux et se traduit par une amélioration des performances aux squats. Il est toutefois à noter que le visionnage de vidéos mettant en scène des situations d’agressivité ou montrant un entraînement a le même effet.

Graphique montrant la variation du taux de testostérone chez des hommes qui observent ou participent à un acte sexuel.

Chez les hommes fréquentant des clubs échangistes, le taux de testostérone augmente également lors des soirées libertines. Il s’élève déjà chez ceux qui se contentent d’observer (de 11%), mais de manière bien plus importante chez ceux qui y participent activement (de 72%).

Enfin, une étude pilote a montré que la masturbation, tout comme le visionnage d’images pornographiques, temporise les diminutions du taux de testostérone libre qui se produisent naturellement au cours de la journée.

Cette forme de testostérone est d’intérêt, car c’est elle qui exerce les effets biologiques. Ces pratiques n’ont en revanche pas eu d’effet sur le taux de testostérone totale.

Baisse d’énergie après le sexe : l’effet de la prolactine

Dans la plupart des cas, les hommes constatent une baisse significative d’énergie après un rapport sexuel et une facilité à s’endormir. Son origine est bien connue, elle est liée à une autre hormone, la prolactine. Et même si la prolactine semble bien diminuer l’agressivité, son effet n’a pas d’impact durable.

La prolactine est sécrétée lors d’un orgasme

La testostérone n’est pas la seule hormone dont les niveaux fluctuent lors de la pratique sexuelle. L’orgasme provoque une élévation du taux de prolactine, une hormone produite par une petite glande présente dans le cerveau, l’hypophyse.

Une jeune femme dans un lit sert la couette de la main gauche, elle sert son poing droit posé sur sa bouche.
L’orgasme augmente la sécrétion de prolactine.

Elle est très connue pour son rôle chez la femme après l’accouchement : c’est elle qui est responsable de la production de lait. Et si vous êtes une femme ayant déjà allaité un enfant, vous avez dû le remarquer : pendant cette période, la libido est totalement endormie. Au niveau cérébral, cette hormone diminue aussi la production de dopamine, un neurotransmetteur médiateur de l’entrain, de la sensation d’énergie et de l’agressivité.

Dans le cadre de la sexualité, l’augmentation du taux de prolactine après l’orgasme a pour fonction de faire décroître le désir sexuel. Elle participe ainsi au sentiment de satiété sexuelle. Elle est produite en quantité plus importante après un rapport sexuel avec un partenaire qu’en cas de masturbation.

Une hormone favorable à l’endormissement

Cette hormone est également associée au sommeil. Son administration à des animaux de laboratoire entraîne leur somnolence. Cet effet explique le besoin de dormir souvent ressenti après une relation sexuelle. Mais il est seulement transitoire, le taux de prolactine commence à redescendre une heure après l’orgasme.

Deux schémas indiquant l'évolution de la sécrétion de prolactine lors de l'orgasme chez les femmes (à gauche) et les hommes (à droite).
Sécrétion de prolactine lors de l’orgasme (courbe avec les cercles noirs).

L’impact de la naissance d’un enfant

Chez l’animal, la naissance d’un enfant s’accompagne souvent d’une baisse d’agressivité chez les mâles. Dans une étude Canadienne récente, des chercheurs ont découvert l’effet surprenant de la paternité sur les niveaux de testostérone.

Ils ont suivi 624 jeunes hommes (moyenne d’âge de 21,5 ans) pendant 4 ans et demi aux Philippines et voici ce qu’ils ont découvert :

  • Les hommes dont le taux de testostérone étaient le plus élevé au réveil étaient ceux qui avaient le plus de chances de devenir papa aux termes de l’étude.
  • Ceux qui étaient devenus papas ont vu leur taux de testostérone chuter fortement le matin (-26%) et le soir (-34%).
  • Plus les hommes passaient du temps à s’occuper de leur bébé plus leur taux de testostérone était bas.

En définitive, de nombreux facteurs peuvent donc perturber la production de testostérone et modifier les comportements agressifs chez l’humain. Avoir un rapport sexuel ou se masturber régulièrement n’aura pas d’impact significatif sur vos progrès sportifs à long terme. En revanche, un rapport sexuel effectué de manière trop rapprochée d’un entraînement (deux heures ou moins) peut diminuer un peu la performance lors de l’entraînement, indépendamment de votre taux de testostérone.

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