Liste des médicaments qui provoquent des carences en vitamines et minéraux

Modifié le 14 décembre 2023

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mélange de médicaments sous blisters

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Certains médicaments courants peuvent favoriser des déficits en vitamines, minéraux, entraînant des effets indésirables. En voici une liste non-exhaustive.

Les diurétiques contre l’hypertension artérielle

Le traitement de l’hypertension utilise souvent des diurétiques thiazidiques afin d’éliminer des sels au niveau des reins. Mais ces médicaments favorisent aussi l’excrétion d’autres minéraux. Une étude de 2006 sur plus de 3.700 patients britanniques prenant des diurétiques thiazidiques a montré que 20 % d’entre eux avaient des niveaux de sodium et/ou de potassium inférieurs aux taux normaux : environ 14 % étaient en hyponatrémie (manque de sodium) et 8 % en manque de potassium. Les personnes de plus de 70 ans risquaient plus l’hyponatrémie. Une autre étude sur 242 patients prenant ces médicaments a trouvé que près de 20 % d’entre eux manquaient de magnésium. Ces diurétiques diminueraient aussi le taux de zinc dans le sang.

Un autre diurétique, le furosémide, peut entraîner un déficit en thiamine (vitamine B1), en raison de l’augmentation du volume urinaire, mais aussi de l’inhibition de l’absorption de la vitamine au niveau cellulaire.

Par conséquent, si vous prenez des diurétiques pour votre hypertension, il serait intéressant de connaître vos taux de potassium, magnésium, zinc, vitamine B1 et de vous complémenter si besoin. Sur ce sujet, vous pouvez lire mon article sur les effets du déficit en magnésium sur la santé.

Les statines contre le cholestérol

Les statines sont des médicaments largement utilisés dans le monde pour réduire le taux de cholestérol, en prévention de troubles cardiovasculaires. Controversées, ces molécules sont à l’origine d’effets secondaires, notamment musculaires, qui pourraient être dus à un déficit en coenzyme Q10 (Q10).

Une revue récente d’articles portant sur plus de 1.700 personnes a confirmé que les statines réduisent le taux de Q10 circulant. Ces médicaments bloquent un intermédiaire de la voie du mévalonate, qui est responsable de la production de Q10. C’est pourquoi beaucoup de patients sous statines prennent un complément de Q10 sous forme d’ubiquinone en plus de leur traitement.

A noter toutefois que, contrairement à une croyance populaire, cette supplémentation en coenzyme Q10 n’est pas très efficace pour diminuer les douleurs musculaires consécutives à la prise de statines. Ces douleurs s’expliqueraient plutôt par le fait que le cholestérol lui-même est important pour la réparation des muscles et le déficit en cholestérol induit par les statines empêcherait ces derniers de bien se régénérer.

Les anti-acides contre le reflux gastro-œsophagien

Les anti-acides sont des médicaments souvent prescrits contre le reflux gastro-œsophagien, les brûlures d’estomac ou l’ulcère gastroduodénal. Comme leur nom l’indique, ils permettent de lutter contre les symptômes dus à l’acidité gastrique (douleurs…). Ces médicaments comprennent notamment les inhibiteurs de pompe à protons (IPP), associés à un déficit en vitamine B12, mais aussi en fer et en magnésium.

Les IPP pourraient aussi interférer avec l’absorption du calcium, ce qui explique que la prise de ces médicaments à long terme augmente le risque de fracture de la hanche. Ainsi, dans une étude sur plus de 13.000 cas de fractures de la hanche et 135.000 témoins il a été montré que les personnes qui avaient pris des IPP pendant un an augmentaient leur risque de fracture de la hanche de 44 %.

La metformine contre le diabète de type 2

La metformine, un médicament destiné aux patients souffrant d’un diabète de type 2, est le traitement anti-diabétique oral le plus prescrit au monde : environ 120 millions de personnes le prennent ! On sait depuis les années 1970 que quand ce médicament est pris pendant plusieurs mois il favorise un déficit en vitamine B12. La metformine gêne l’absorption de cette vitamine au niveau de l’intestin.

Les traitements hormonaux

Les contraceptifs oraux peuvent entraîner des déficits en vitamines B2, B6, B12, C et E, et en minéraux : magnésium, sélénium et zinc. Ces déficits pourraient expliquer des effets secondaires de la pilule. Par exemple, le manque de magnésium est associé à des troubles cardiovasculaires, des migraines, de l’anxiété…

Les traitements hormonaux de la ménopause ont aussi des conséquences sur l’absorption de vitamines. Par exemple, une étude sur 25 femmes ménopausées prenant ces traitement a montré une baisse significative de la vitamine B6 dans leur sang.

Les corticostéroïdes

Les corticostéroïdes favorisent la perte osseuse : l’ostéoporose « cortisonique » est même la forme d’ostéoporose la plus fréquente chez les jeunes adultes. Trois mois de glucocorticoïdes augmentent le risque de fractures. Même une faible dose (2,5 mg de prednisone) suffit à augmenter ce risque. Les glucocorticoïdes réduisent l’absorption du calcium au niveau de l’intestin, augmentent l’excrétion de calcium et gênent l’action de la vitamine D.  Une complémentation en vitamine D peut donc être conseillée pour éviter la perte osseuse.

Le paracétamol

Le paracétamol est un médicament très souvent utilisé dans la vie courante contre la fièvre, les maux de tête, les douleurs… Mais bien qu’en vente libre, il peut causer de graves intoxications, potentiellement mortelles. En Europe, l’intoxication au paracétamol est la première cause d’insuffisance hépatique aiguë. Le paracétamol induit une baisse du glutathion intracellulaire ce qui contribue à sa toxicité. Pour limiter la toxicité hépatique, on peut se supplémenter en N-acétyl-cystéine.

Le métothrexate

Le métothrexate est un médicament prescrit contre la polyarthrite rhumatoïde et d’autres maladies auto-immunes, mais conduisant à des effets secondaires. Certains patients l’abandonnent à cause de nausées, vomissements, perte de cheveux… Cette molécule de chimiothérapie à l’origine créée pour lutter contre le cancer agit en bloquant bloquant notamment l’action de la vitamine B9. Une supplémentation est généralement recommandée et souvent prescrite par les médecins pour limiter notamment les problèmes de fonctionnement du foie. Malheureusement la forme utilisée en supplémentation est souvent l’acide folique synthétique, ; suspecté d’augmenter les risques de cancer par certains chercheurs. L’utilisation de vitamine B9 naturelle sous forme de folates est recommandée.

Des médicaments responsables de déficits en magnésium

En 2019, une publication d’International Journal of Molecular Sciencesa dressé une liste de médicaments qui peuvent provoquer une perte de magnésium ou un déficit en magnésium. Parmi eux se trouvent :

  • des bronchodilatateurs : salbutamol, théophylline, fénotérol,
  • des antibiotiques : amikacine, gentamicine, tobramycine…
  • des antiviraux : foscarnet,
  • des antifongiques : amphotéricine B,
  • un traitement contre l’insuffisance cardiaque : la digoxine,
  • des diurétiques : thiazidiques et furosémide,
  • les IPP,
  • des traitements de chimiothérapie : cisplatine, amsacrine, cetuximab,
  • des immunosuppresseurs…

Des médicaments pouvant provoquer une anémie

En 2014, des chercheurs de l’université de Milan ont étudié les médicaments qui ont pu provoquer une anémie d’après les données de pharmacovigilance italiennes. Les traitements qui étaient le plus souvent impliqués dans ces anémies étaient :

  • l’aspirine,
  • des antiagrégants (clopidogrel, ticlopidine) et des anticoagulants : enoxaparine, anti-vitamines K  (warfarine  et acénocoumarol),
  • la ribavirine (un antiviral utilisé contre l’hépatite C),
  • des traitements contre le cancer : le peginterféron alfa-2a et la carboplatine,
  • le vaccin contre la grippe.

La plupart de ces anémies concernaient des patients de plus de 65 ans. Les chercheurs ont aussi constaté une augmentation des cas d’anémies provoquées par des médicaments entre 2001 et 2013.

Des médicaments entraînant une hyponatrémie

L’hyponatrémie se manifeste quand le volume d’eau dans l’organisme est trop important par rapport au sodium Na. D’après le site de la société française d’endocrinologie, de nombreux médicaments peuvent conduire à une hyponatrémie (manque de sodium dans le sang) :

  • neuroleptiques,
  • antidépresseurs : inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine,
  • chimiothérapies,
  • la carbamazépine, un antiépileptique,
  • les diurétiques…

Une étude étude récente a aussi trouvé une association entre la prise d’antalgiques (codéine, tramadol) et les hospitalisations pour hyponatrémie. L’hyponatrémie conduit à des maux de têtes, une confusion, voire à des convulsions et au coma dans les cas graves.


Références :

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