Maladies cardiaques : de fortes doses d’oméga-3 seraient nécessaires

Modifié le 14 décembre 2023

Temps de lecture : 3 minutes
()
gélules d'huile de saumon sur une table

julienvenesson.fr ce n’est pas que des formations professionnelles en nutrition, la sélection des meilleurs livres et des consultations avec des nutritionnistes, c’est aussi les réponses à vos questions dans les articles du blog. Bonne lecture !

Associés à de nombreuses vertus pour la santé, les oméga-3 sont, entre autres, les ingrédients stars d’une alimentation saine. Mais une tartine de margarine enrichie aux oméga-3 le matin peut-elle suffire à améliorer votre santé cardiaque ? Probablement non.

Les acides gras oméga-3 se trouvent dans des compléments alimentaires et dans les poissons gras, comme les sardines, les maquereaux, le saumon… Les molécules les plus souvent utilisées dans les compléments sont l’EPA, ou acide eicosapentaénoïque, et le DHA, ou acide docosahexaénoïque. Dans l’organisme, au niveau cellulaire, les oméga-3 s’associent aux membranes. 

De fortes doses d’EPA semblent efficaces

Début 2019, l’essai clinique REDUCE-IT, pour Reduction of Cardiovascular Events with Icosapent Ethyl-Intervention Trial, a trouvé que de fortes doses d’acides gras oméga-3 – à savoir 4 g par jour d’EPA – favorisent la santé cardiovasculaire ((Bhatt et al. Cardiovascular Risk Reduction with Icosapent Ethyl for Hypertriglyceridemia. NEJM. 2019.)). L’essai avait inclus plus de 8.000 patients qui souffraient de problèmes cardiovasculaires, de diabète ou qui présentaient des taux anormaux de triglycérides et de cholestérol dans le sang. Par exemple, la mortalité cardiovasculaire était moins élevée chez ceux qui ont pris deux fois 2 g d’EPA par jour, par rapport au groupe placebo.

Les bénéfices des hautes doses d’EPA dans cette expérience étaient nets sur les paramètres cardiovasculaires, alors que des études avec de faibles doses d’oméga-3 – moins d’1 g/jour – n’ont pas montré pareil effet. La dose de 4 g/jour a été choisie afin de se rapprocher d’un autre essai clinique réalisé au Japon : l’étude JELIS, pour Japan eicosapentaenoic acid (EPA) Lipid Intervention Study. Cet essai japonais qui a porté sur plus de 18.000 patients prenant des statines a testé une dose de 1,8 g par jour. Mais comme les Japonais consomment plus de produits de la mer que les Américains, les scientifiques estiment qu’une complémentation de 1,8 g par jour d’oméga-3 au Japon est équivalente à 3,6 g par jour aux Etats-Unis. L’étude JELIS a montré que ceux qui prenaient de l’EPA en plus des statines avaient 19 % de risques en moins d’accident coronaire majeur par rapport à ceux qui ne prenaient que leurs statines.

Au vu des bénéfices des hautes doses d’oméga-3 dans ces expériences, des chercheurs de l’université de Pittsburgh ont voulu connaître les mécanismes sous-jacents. Dans les études citées ci-dessus, les effets des oméga-3 n’étaient pas liés au niveau de triglycérides dans le sang. Serait-ce dû à une action sur l’athérosclérose ? Pour le savoir, les chercheurs ont réalisé une revue systématique d’articles et une méta-analyse.

Les plaques d’athérome sont ralenties dans les artères coronaires

L’athérosclérose est une maladie inflammatoire chronique dans laquelle des plaques d’athérome se forment dans les artères et endommagent les parois vasculaires. Ces plaques bouchent les vaisseaux et risquent de se rompre avec des conséquences parfois fatales. L’angine de poitrine, l’infarctus du myocarde et l’AVC sont des troubles dus à des artères bouchées. Pour prévenir ces accidents cardiovasculaires graves, une possibilité consiste à réduire l’inflammation chronique. C’est ce qui justifie l’utilisation des oméga-3, en raison de leurs propriétés anti-inflammatoires.

Les auteurs ont cherché dans les bases de données des essais cliniques de plus de six mois qui utilisaient de fortes doses d’oméga-3 : plus de 3 g par jour ou plus de 1,8 g par jour pour le Japon, avec une pureté d’au moins 90 %. Six études, regroupant 693 participants, ont ainsi été sélectionnées : quatre analysaient l’athérosclérose dans les artères coronaires et deux dans les carotides ((Sekikawa et al. Effect of High-Dose Marine Omega-3 Fatty Acids on Atherosclerosis: A Systematic Review and Meta-Analysis of Randomized Clinical Trials. Nutrients. 2019.)). Quatre études avaient été réalisées au Japon, une aux Etats-Unis et une au Royaume-Uni. Dans les quatre études japonaises, les oméga-3 étaient constitués d’EPA tandis que dans les deux autres études une association EPA + DHA était testée. Les participants souffraient de maladie coronarienne, de maladie du foie gras ou de diabète de type 2. Dans quatre études, ils prenaient des statines.

Les résultats compilés des six études indiquent que la prise de ces fortes doses d’oméga-3 ralentit la progression de l’athérosclérose. Par exemple, concernant les artères coronaires, trois études sur quatre montrent une réduction significative des plaques d’athérome. Différents travaux, comme ceux cités ici, suggèrent que l’EPA seul, sans le DHA, réduit de manière significative les problèmes cardiovasculaires et ralentit l’athérosclérose. 

En conclusion, une supplémentation avec de fortes doses d’oméga-3 (plus de 3 g par jour) apparaît donc comme un moyen simple de limiter les accidents cardiovasculaires dans une population à risque. 

En pratique il faut donc faire attention aux dosages indiqués sur les étiquettes de compléments alimentaires d’oméga-3 car la plupart des gélules contiennent entre 250 mg et 500 mg d’acides gras EPA et DHA. Avec ces produits il faut donc consommer 6 à 12 gélules par jour minimum pour obtenir des effets. A ce titre, les compléments d’omega 3 sous forme liquide sont plus pratiques car une cuillère à café en contient normalement nettement plus.

Lectures recommandées :

Avez-vous aimé cet article ?



Autres articles

Vous aimeriez peut-être aussi ?
separation_couleur1