Maladies cardiaques : de fortes doses d’oméga-3 seraient nécessaires
Modifié le 21 novembre 2024
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Associés à de nombreuses vertus pour la santé, les oméga-3 sont, entre autres, les ingrédients stars d’une alimentation saine. Mais une tartine de margarine enrichie aux oméga-3 le matin peut-elle suffire à améliorer votre santé cardiaque ? Probablement non.

Les oméga-3 entrent dans la composition des membranes cellulaires.
Les acides gras oméga-3 sont principalement présents dans les poissons gras, comme les sardines, les maquereaux, le saumon…
Ils sont également disponible sous forme de compléments alimentaires. Les molécules les plus souvent utilisées sont l’EPA (acide eicosapentaénoïque) et le DHA (acide docosahexaénoïque).
Dans l’organisme, les oméga-3 s’associent aux membranes cellulaires. Ils contribuent à maintenir leur fluidité, ce qui favorise les échanges entre les cellules et leur bon fonctionnement.
De plus, ces acides gras jouent un rôle clé dans la régulation des processus inflammatoires, avec un impact sur la sphère cardiovasculaire.
De fortes doses d’EPA semblent efficaces
Début 2019, l’essai clinique REDUCE-IT (“Reduction of Cardiovascular Events with Icosapent Ethyl-Intervention Trial”), a mis en évidence la capacité des fortes doses d’acides gras oméga-3 – à savoir 4 g par jour d’EPA – à favoriser la santé cardiovasculaire.

La supplémentation en EPA (en bleu) limite la survenue d’événements cardiovasculaires.
L’essai avait inclus plus de 8 000 patients qui souffraient de problèmes cardiovasculaires, de diabète ou qui présentaient des taux anormaux de triglycérides et de cholestérol dans le sang.
Parmi les résultats notables, une baisse de la mortalité cardiovasculaire a été observée chez ceux qui ont pris deux fois 2 g d’EPA par jour, par rapport au groupe placebo.
Les bénéfices des hautes doses d’EPA dans cette expérience étaient nets sur les paramètres cardiovasculaires, alors que des études avec de faibles doses d’oméga-3 – moins d’1 g/jour – n’ont pas montré pareil effet.
Des doses adaptées en fonction des populations
La dose de 4 g/jour a été choisie afin de se rapprocher d’un autre essai clinique réalisé au Japon : l’étude JELIS (“Japan eicosapentaenoic acid (EPA) Lipid Intervention Study”). Cet essai japonais, qui a porté sur plus de 18 000 patients prenant des statines, a évalué les effets d’une dose de 1,8 g par jour.
Mais comme les Japonais consomment plus de produits de la mer que les Américains, les scientifiques estiment qu’une complémentation de 1,8 g par jour d’oméga-3 au Japon est équivalente à 3,6 g par jour aux États-Unis. L’étude JELIS a montré que ceux qui prenaient de l’EPA en plus des statines avaient 19 % de risques en moins d’accident coronaire majeur par rapport à ceux qui ne prenaient que leurs statines.

La cuisine traditionnelle japonaise est naturellement riche en oméga-3.
Exploration des mécanismes protecteurs
Au vu des bénéfices des hautes doses d’oméga-3 dans ces expériences, des chercheurs de l’université de Pittsburgh ont voulu connaître les mécanismes sous-jacents. Dans les études citées ci-dessus, les effets des oméga-3 n’étaient pas liés au niveau de triglycérides dans le sang. Serait-ce dû à une action sur l’athérosclérose ? Pour le savoir, ils ont réalisé une revue systématique d’articles et une méta-analyse.
Oméga-3 et athérosclérose
L’athérosclérose est une maladie inflammatoire chronique dans laquelle des plaques d’athérome se forment dans les artères et endommagent les parois vasculaires. Ces plaques bouchent les vaisseaux et risquent de se rompre avec des conséquences parfois fatales. L’angine de poitrine, l’infarctus du myocarde et l’AVC sont des troubles dus à des artères bouchées.

Une plaque d’athérome vulnérable est sujette à la rupture et à la formation d’un caillot sanguin.
Pour prévenir ces accidents cardiovasculaires graves, une possibilité consiste à réduire l’inflammation chronique. C’est ce qui justifie l’utilisation des oméga-3, en raison de leurs propriétés anti-inflammatoires.
Un frein à la progression des plaques dans les artères
Les auteurs ont cherché dans les bases de données des essais cliniques de plus de six mois qui utilisaient de fortes doses d’oméga-3 : plus de 3 g par jour ou plus de 1,8 g par jour pour le Japon, avec une pureté d’au moins 90 %. Six études, regroupant 693 participants, ont ainsi été sélectionnées : quatre analysaient l’athérosclérose dans les artères coronaires et deux dans les carotides. Quatre études avaient été réalisées au Japon, une aux États-Unis et une au Royaume-Uni. Dans les quatre études japonaises, les oméga-3 étaient constitués d’EPA tandis que dans les deux autres études une association EPA + DHA était testée. Les participants souffraient de maladie coronarienne, de maladie du foie gras ou de diabète de type 2. Dans quatre études, ils prenaient des statines.
Les résultats compilés des six études indiquent que la prise de ces fortes doses d’oméga-3 ralentit la progression de l’athérosclérose. Par exemple, concernant les artères coronaires, trois études sur quatre montrent une réduction significative des plaques d’athérome. Différents travaux, comme ceux cités ici, suggèrent que l’EPA seul, sans le DHA, réduit de manière significative les problèmes cardiovasculaires et ralentit l’athérosclérose.
Une stratégie prometteuse, sous réserve d’un dosage adapté
En conclusion, une supplémentation avec de fortes doses d’oméga-3 (plus de 3 g par jour) apparaît donc comme un moyen simple de limiter les accidents cardiovasculaires dans une population à risque.
En pratique, il faut donc faire attention aux dosages indiqués sur les étiquettes de compléments alimentaires d’oméga-3 car la plupart des gélules contiennent entre 250 mg et 500 mg d’acides gras EPA et DHA. Avec ces produits, il faut donc consommer 6 à 12 gélules par jour minimum pour obtenir des effets. À ce titre, les compléments d’oméga 3-sous forme liquide sont plus pratiques, car une cuillère à café en contient normalement nettement plus.
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