Manger sans gluten pourrait faire grossir et rendre diabétique

Modifié le 12 septembre 2024

Temps de lecture : 6 minutes
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Croissants derrière un écriteau "gluten free" "sans gluten"

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Le régime sans gluten, unique moyen de soulager les symptômes de la maladie cœliaque, est également adopté par de nombreuses personnes désireuses d’améliorer divers troubles chroniques. Selon le choix des aliments qui le compose, il pourrait toutefois exercer des effets négatifs sur notre composition corporelle et notre état de santé général.

Le régime sans gluten fait prendre du poids

Adopter un régime sans gluten vous aidera-t-il à garder la ligne ? Rien n’est moins sûr, selon les résultats de plusieurs études qui se sont penchées sur la question. Des chercheurs hongrois se sont par exemple intéressés à l’évolution d’un groupe de 192 malades cœliaques pour évaluer l’impact du régime sans gluten sur l’indice de masse corporelle (IMC). Cet indicateur a été calculé au moment du diagnostic de la maladie, puis après une période variable de régime sans gluten. Selon les participants, le suivi a été court (1 à 2 ans), intermédiaire (3 à 5 ans) ou long (6 à 15 ans).

L’analyse de ces éléments a révélé que l’IMC moyen des malades cœliaques était plus élevé lors du suivi qu’au moment du diagnostic. La diète sans gluten s’était donc soldée par une prise de poids.

Pour 17 de ces volontaires, les données sur l’IMC étaient disponibles pour chaque période de suivi. Elles ont permis d’observer que L’IMC moyen a augmenté de manière significative dans les premiers temps du changement de mode alimentaire, passant de 20,8 à 22,7. Puis il a continué d’augmenter, mais de façon plus modeste lors des suivis à moyen et à long terme, pour atteindre 23,3 en moyenne.

Graphique indiquant l'évolution de l’IMC après avoir initié un régime sans gluten.

Évolution de l’IMC après l’initiation d’un régime sans gluten.

Survenue ou aggravation des problèmes de poids

Dans cette étude hongroise, l’IMC moyen est resté dans la norme, située entre 18,5 et 25. Au-delà, on parle de surpoids jusqu’à 30, puis d’obésité. D’autres travaux ont montré que le suivi du régime sans gluten peut faire basculer des personnes de poids normal dans une situation de surcharge pondérale, ou aggraver la situation en cas de problèmes de poids.

Parmi ceux-ci, une étude a été menée en Irlande auprès d’un groupe de malades cœliaques. L’IMC des participants a été évalué au moment du diagnostic, avant d’entamer le régime d’exclusion du gluten, puis après deux de suivi. Parmi les 188 personnes qui ont suivi un régime strict sans gluten pendant les deux ans, 81% ont pris du poids à l’issue de cette période. La proportion de personnes en surpoids est passée de 26% à 51%.

Des constats similaires ont été réalisés lors d’une étude israélienne, où 17% des patients cœliaques de poids normal avant le régime sans gluten sont devenus en surpoids ou obèses après la mise en place de cette alimentation.

La situation est particulièrement problématique dans la mesure où l’élévation du poids corporel est principalement liée à une augmentation de la masse grasse plutôt que de la masse musculaire.

Dégradation de l’équilibre métabolique

Cette modification défavorable de la composition corporelle peut mettre à mal l’équilibre métabolique de l’organisme.

Des chercheurs en gastroentérologie de l’université Federico II de Naples, en Italie, ont montré que le régime sans gluten peut favoriser la survenue du syndrome métabolique. Il s’agit d’un ensemble de signes – obésité abdominale, excès de triglycérides, taux de cholestérol HDL bas, glycémie à jeun élevée, hypertension – qui prédisposent au diabète de type2 et aux maladies cardiovasculaires.

L’étude qu’ils ont conduite a été basée sur le suivi de 98 personnes diagnostiquées intolérantes au gluten. Leur état de santé général a été évalué au moment du diagnostic, puis un an après d’un régime d’exclusion du gluten strict.

Graphique reflétant l'augmentation de la prévalence du syndrome métabolique après un an de régime sans gluten.

Augmentation de la prévalence du syndrome métabolique après un an de régime sans gluten.

Au moment du diagnostic de maladie cœliaque, seuls 2 participants étaient atteints du syndrome métabolique. Après un an d’exclusion du gluten, ce chiffre avait bondi à 29.

Pour chaque critère individuel, la situation avait empiré. Ils étaient 72 à présenter un tour de taille qui dépasse le seuil retenu pour caractériser l’excès de graisses abdominales, contre 48 un an avant. 18 contre 4 affichaient une pression artérielle élevée, 25 contre 7 un excès de glucose sanguin, 34 contre 32 un manque de cholestérol HDL et 16 contre 7 des taux élevés de triglycérides.

Élévation du risque de maladie du foie gras

Le syndrome métabolique se traduit au niveau du foie par une accumulation de graisses, qui perturbe son fonctionnement. L’existence de cette stéatose hépatique a été recherchée dans un groupe de 185 patients cœliaques nouvellement diagnostiqués. Elle concernait alors 1,7% des participants. Le même examen pratiqué après une période d’exclusion du gluten a révélé une augmentation de la proportion des malades concernés, qui atteignaient 11%.

Il s’avère que plus d’un tiers des malades cœliaques sous régime sans gluten sont atteints de maladie du foie gras non alcoolique. Ceci représente un risque multiplié par 3 par rapport au reste de la population.

Les raisons de la prise de poids

Comment expliquer cet effet inattendu du régime sans gluten sur le poids et l’équilibre global de l’organisme ? Plusieurs facteurs se cumulent pour y contribuer.

Des produits sans gluten de mauvaise qualité

La nature même du régime sans gluten peut conduire à la prise de poids, de façon directe. Tout d’abord parce que les produits estampillés sans gluten disponibles sur le marché sont souvent de piètre qualité. Une étude menée au Canada a comparé la composition d’une sélection de 131 produits alimentaires, dont 71 sans gluten et 60 classiques. Les produits sans gluten se sont avérés riches en glucides et en graisses et pauvres en protéines, fer et folates.

Même constat au Royaume-Uni, issu de l’analyse de 679 produits sans gluten et 1045 aliments ordinaires. Les premiers se sont révélés plus riches en graisses, notamment saturées, en sucres et sel et moins bien pourvus en fibres et protéines que les seconds. De plus, ils se sont avérés nettement plus coûteux, avec un prix en moyenne supérieur de 159% par rapport à leurs équivalents.

Excès de produits ultra-transformés

Le régime sans gluten peut également conduire à consommer une plus grande quantité de produits ultra-transformés, comme cela a été montré dans un groupe d’enfants cœliaques. Ces apports étaient plus conséquents, à la fois en termes de calories quotidiennes que de pourcentage d’apports d’énergie. Ces aliments sont nocifs pour notre santé et favorisent la prise de poids, étant denses en calories, mais pauvres sur le plan nutritif.

Index glycémique élevé

Les produits sans gluten ont par ailleurs un index glycémique (IG) souvent plus élevé que les produits traditionnels. Ils conduisent donc à une augmentation marquée de la concentration sanguine de glucose, propice à la prise de poids.

Des chercheurs ont par exemple analysé les résultats d’études ayant évalué l’index glycémique du pain sans gluten. Ils ont retenu 18 d’entre elles, conduites sur 132 échantillons de ces produits céréaliers. Ils ont constaté que 61% de ceux-ci présentaient des index glycémiques élevés. Cette élévation est en grande partie due à l’utilisation de farines dont l’IG est conséquent, comme la farine de riz qui bat des records avec un score de 95, une valeur proche du maximum.

Pain sans gluten élaboré à partir de farine de riz.

Pain sans gluten à base de farine de riz.

Seuls 18 % affichaient un IG bas. Les auteurs précisent :

« Les formulations à base de farine de Colocasia esculenta [le taro, une plante africaine] ou enrichies en fibres, yaourt et fromage blanc, levain, psyllium, hydrocolloïdes, enzymes, fructanes et amidon résistant présentent des IG plus bas, ce qui souligne l’efficacité de ces ingrédients pour abaisser l’IG des pains sans gluten ».

Déséquilibres alimentaires

Dans ce contexte, le régime sans gluten est propice à l’apparition de déséquilibres alimentaires. Une méta-analyse a exploité les données de 7 études ayant comparé les apports nutritionnels de patients cœliaques sous régime sans gluten et ceux de personnes en bonne santé. Elle a mis en évidence que le régime sans gluten est associé à des apports énergétiques et lipidiques plus importants et à une moindre consommation de fibres. Les personnes sous régime sans gluten ingèrent par ailleurs un excès de sucres ajoutés.

Du côté des micronutriments, les femmes suivant ce régime présentent des apports réduits en magnésium, fer, zinc, manganèse, sélénium et folates. Chez les hommes, les niveaux de magnésium et de sélénium sont particulièrement bas.

Comment manger sans gluten et préserver sa santé ?

Il est pourtant possible d’éliminer le gluten de son alimentation tout en évitant ces écueils. Pour cela, il est nécessaire d’apprendre à consommer de nouveaux aliments, qui sont naturellement exempts de gluten et non transformés.

Voici des aliments sains et naturels qui peuvent remplacer les céréales, le pain ou les pâtes contenant du gluten : le riz, le sarrasin, la patate douce, les châtaignes, le millet, l’amarante, et les légumineuses (lentilles, haricots rouges ou blancs, pois chiches).

Si vous souhaitez manger des gâteaux ou du pain, il est indispensable de les préparer vous-même, en choisissant bien vos ingrédients. Il faudra tout de même ne pas en abuser.

Vous ne savez pas quoi manger au goûter ? Un mélange d’amandes et de noix, une banane et du chocolat noir représente une option savoureuse et des plus intéressantes sur le plan nutritionnel !

Dans ces conditions, le régime sans gluten peut devenir un précieux allié de la santé et contribuer à maintenir son poids de forme.

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