La mélatonine pourrait améliorer la fertilité féminine

Modifié le 14 décembre 2023

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La mélatonine améliore la fertilité féminine

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La mélatonine, ou « hormone du sommeil », joue un rôle bien connu dans les cycles circadiens. Mais on sait moins que cette molécule intervient également dans la santé reproductrice.

Les ovaires sécrètent de la mélatonine

La mélatonine est sécrétée par différents organes, notamment la glande pinéale ou épiphyse, mais aussi les ovaires. La production de mélatonine des cellules ovariennes permet d’obtenir des niveaux élevés d’hormone dans les fluides des follicules ovariens. Ces derniers sont des structures multicellulaires, dans lesquelles se prépare la maturation de l’ovocyte qui sera libéré au moment de l’ovulation. La mélatonine est impliquée dans le développement du follicule et dans le fonctionnement de l’ovaire.

La mélatonine réduit le stress oxydatif dans les follicules ovariens

La mélatonine exerce une action antioxydante : elle protège du stress oxydatif en éliminant les espèces réactives de l’oxygène, les fameux radicaux libres, et en activant des enzymes anti-oxydantes.

En cas de manque de sommeil, le taux de mélatonine diminue dans l’organisme, et dans les follicules en particulier, ce qui a pour conséquence de les exposer davantage au stress oxydatif. Lors de l’ovulation, le stress oxydatif augmente aussi dans le follicule, et influence la maturation des ovocytes. La mélatonine protège donc l’ovocyte du stress oxydatif lié à l’ovulation.

La mélatonine protège les follicules ovariens du stress oxydatif, et augmente la fertilité
Follicule ovarien au microscope, grossissement 200x

L’infertilité est liée à une baisse de la mélatonine et au stress oxydant

Une étude espagnole récente s’est intéressée à 40 personnes suivies dans un centre de procréation médicalement assistée, parmi lesquelles se trouvaient :

  • 10 femmes fertiles, formant le groupe témoin, et dont les problèmes de procréation étaient liés à leur partenaire masculin
  • 30 femmes souffrant d’une infertilité inexpliquée et dont le conjoint n’avait pas de problème de fertilité

Le stress oxydatif était plus élevé dans les follicules des femmes infertiles, ce qui expliquerait la mauvaise qualité de leurs ovocytes. On observe aussi que les femmes souffrant du syndrome des ovaires polykystiques, connu pour entraîner des troubles de la fertilité, présentent elles aussi un stress oxydatif élevé dans leurs follicules.

Les auteurs ont noté des différences dans les taux de mélatonine folliculaire des femmes fertiles et infertiles, ce qui confirme un lien entre le déficit en mélatonine, le stress oxydatif et l’infertilité. Chez les femmes infertiles, la mélatonine est plus basse dans le sang et les follicules, où le stress oxydant est plus élevé. Les ovocytes sont alors de moins bonne qualité.

La mélatonine favorise la réussite de la fécondation in vitro

La même étude espagnole a également cherché à déterminer si une complémentation de mélatonine pourrait améliorer la fertilité de ces femmes. Pour cela, les 30 femmes infertiles ont été séparées en trois groupes de dix personnes : certaines ont pris 3 mg par jour de mélatonine, d’autres 6 mg par jour et les autres n’ont rien eu.

Les 40 femmes de l’expérience suivaient un parcours de fécondation in vitro. Le traitement à la mélatonine durait pendant les 40 jours précédant le prélèvement des ovocytes. Le complément devait être pris une heure avant le coucher.

La supplémentation en mélatonine s’est avérée bénéfique, puisqu’elle a :

  • réduit le stress oxydatif dans les follicules
  • amélioré la qualité des ovocytes et augmenté le nombre d’embryons pouvant être implantés pour la fécondation in vitro
  • légèrement amélioré le succès de la procréation médicalement assistée 

Parmi les 20 femmes qui ont eu de la mélatonine, 6 ont mené une grossesse à terme (3/10 dans chaque groupe), contre seulement 2 sur 10 chez celles qui n’ont pas eu de mélatonine. Par comparaison, dans le groupe des femmes fertiles, 5 sur 10 ont mené une grossesse à terme.

Plus de fécondations et de grossesses avec la mélatonine

Ces résultats rejoignent ceux d’une étude japonaise antérieure, impliquant 115 femmes qui avaient connu un échec lors d’une fécondation in vitro précédente. Ici, les patientes ont été séparées en deux groupes : 56 d’entre elles ont pris 3 mg par jour de mélatonine et les autres non. Une fois les ovocytes prélevés, ils ont été mis en présence des spermatozoïdes afin qu’une fécondation ait lieu in vitro.

Les chercheurs ont observé que la complémentation en mélatonine améliorait le taux de fécondation : alors qu’il était d’environ 20% à l’essai précédent, il atteignait 50% chez les femmes complémentées en mélatonine.

Le taux plus élevé de fécondation a permis d’obtenir plus souvent une grossesse chez celles qui ont pris la mélatonine : 19,6% d’entre elles ont pu mener une grossesse, contre 10,2% dans le groupe témoin.

Ces travaux montrent clairement que, dans le cadre d’une fécondation in vitro, la mélatonine améliore à la fois le nombre d’ovocytes qu’il est possible de récupérer, le taux de fécondation, ainsi que la qualité des ovocytes et des embryons.

La mélatonine améliore la réussite de la fécondation in vitro
La mélatonine augmente les chances de réussite de la fécondation in vitro

La mélatonine serait impliquée dans l’infertilité liée à l’âge

Chez les femmes, la fertilité décline après 35 ans, et en particulier après 40 ans : les fausses couches sont plus fréquentes, la qualité des ovocytes est moins bonne et leur nombre réduit. Par exemple, avec l’âge, les anomalies chromosomiques (aneuploïdies) dans les ovocytes sont plus nombreuses. Ces évolutions de la fécondité féminine sont liées à l’augmentation du stress oxydatif dans les follicules ovariens lors du vieillissement.

Une étude chinoise parue en janvier 2020 a montré que, chez la souris, lorsque la mélatonine est réduite dans les follicules, les aneuploïdies des ovocytes sont plus fréquentes. En utilisant des ovocytes de souris âgées, les chercheurs ont également montré que la mélatonine pouvait réduire le stress oxydatif mais aussi le risque d’aneuploïdie.

Les auteurs suggèrent que la mélatonine protégerait les ovocytes des anomalies chromosomiques. Ces résultats obtenus chez l’animal doivent être confirmés par des essais cliniques chez l’humain, auquel cas la mélatonine pourrait être conseillée chez les femmes dont la fertilité a commencé à décliner, et qui suivent un parcours de procréation médicalement assistée.


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