Les effets secondaires méconnus du paracétamol

Modifié le 14 décembre 2023

Temps de lecture : 8 minutes
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Bien que très répandu, le paracétamol provoque de très nombreux effets secondaires

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Souvent considéré comme l’antidouleur le plus sûr, le paracétamol présente pourtant de nombreux effets secondaires. Si le risque qu’il fait courir à notre foie est bien connu, on sait moins que ce médicament peut parfois exposer à d’autres risques.

Le paracétamol, une molécule omniprésente

En France, le paracétamol est présent dans de nombreux antalgiques comme Efferalgan, Doliprane, Dafalgan, Prontalgine, mais aussi dans différentes préparations plus spécifiques comme Fervex, Humex, ou encore Actifed contre le rhume et les symptômes grippaux.

Ces produits figurent parmi les préparations sans ordonnance les plus vendues en pharmacie. Dans le monde, le paracétamol est même l’analgésique en vente libre le plus utilisé. Souvent recommandé en première ligne pour le traitement de douleurs aiguës ou chroniques, il est généralement considéré comme moins dangereux que d’autres analgésiques courants comme les opiacés et les anti-inflammatoires non stéroïdiens.

Le mécanisme d’action du paracétamol

Le mécanisme d’action du paracétamol, ou acétaminophène, est mal connu. Il est admis qu’il limite la fabrication des prostaglandines, en inhibant une enzyme appelée cyclooxygénase (COX), tout comme le font d’ailleurs les anti-inflammatoires non stéroïdiens.

L’inhibition de la production des prostaglandines explique l’effet analgésique du paracétamol. Il possède aussi des propriétés antipyrétiques, qui abaissent la fièvre en agissant sur les centres thermorégulateurs de l’hypothalamus, situés dans le cerveau.

Les surdoses de paracétamol sont dangereuses pour le foie

Chez les adultes, la dose maximale de paracétamol à ne pas dépasser est de 4 g par jour. Il faut respecter quatre heures de délai entre deux prises de 500 mg à 1 g, comme l’indique la notice du médicament.

En cas de surdosage, le paracétamol présente de sérieux dangers pour le foie. Il s’agit d’un réel problème de santé publique, puisque l’intoxication au paracétamol est la première cause d’insuffisance hépatique aiguë aux États-Unis.

Le métabolite toxique du paracétamol : la NAPQI

Une fois ingéré, le paracétamol passe dans le sang et est métabolisé dans le foie. Des  réactions enzymatiques conduisent alors à la production de métabolites de la molécule. Un de ces métabolites se trouve être particulièrement toxique pour le foie : la N-acétyl-para-benzoquinone-imine ou NAPQI. Lorsque les métabolites toxiques sont trop abondants, des lésions hépatiques se forment.

Le paracétamol présente des risques, même aux doses posologiques

En 2014, des chercheurs britanniques ont publié un article sur les dangers du paracétamol. Pour réaliser leur analyse, ils ont inclus huit études de cohorte, c’est-à-dire des études d’observation à long terme. Les conclusions soulèvent de multiples risques pour la santé, y compris lorsque les doses recommandées sont respectées.

1. Le paracétamol augmente la mortalité

Au Danemark, une étude sur 50 000 personnes qui avaient reçu une prescription pour du paracétamol a trouvé que le risque de mortalité était presque le double de celui d’un groupe contrôle, qui n’avait pas eu d’ordonnance pour ce médicament.

2. Le paracétamol augmente le risque cardiovasculaire

Quatre études ont trouvé une augmentation du risque d’accidents cardiovasculaires avec le paracétamol, allant de 19 à 68 %. L’une d’elles a porté sur plus de 70 000 femmes, âgées de 44 à 69 ans et suivies pendant 12 ans. Les femmes qui prenaient au moins 15 comprimés de paracétamol par semaine voyaient leur risque d’accident cardiovasculaire augmenter de 68 %. Or, cette dose de 15 comprimés par semaine, soit deux à trois par jour, reste dans les valeurs autorisées par la notice.

3. Le paracétamol cause des problèmes gastro-intestinaux

Une étude a trouvé une augmentation de 11 à 49% des troubles comme des ulcères et des saignements. En 2011, une étude a comparé plusieurs traitements analgésiques chez des personnes souffrant de douleurs au genou. Il apparaît que la dose de 3 g de paracétamol par jour, pendant 13 semaines, conduit à des pertes sanguines similaires à celles d’un traitement à l’ibuprofène (3 fois 400 mg). La perte sanguine est probablement due à des saignements d’origine gastro-intestinale. Ce problème, connu pour l’ibuprofène, l’est bien moins dans le cas du paracétamol.

4. Le paracétamol augmente les problèmes rénaux

Enfin, plusieurs études de cohorte signalent une augmentation des problèmes rénaux liée à la consommation de paracétamol.

Les dangers du paracétamol pendant la grossesse

D’après la notice de l’Efferalgan, « ce médicament peut être utilisé pendant la grossesse et l’allaitement ». Pourtant plusieurs études montrent que le paracétamol n’est pas sans conséquence sur le développement de l’enfant à naitre, en particulier en termes de comportement.

Les risques du paracétamol pour le comportement de l’enfant

Une recherche de l’université de Bristol a trouvé une association entre la prise de paracétamol pendant la grossesse, entre les semaines 18 à 32, et des problèmes de comportement de l’enfant, comme l’hyperactivité et les troubles de l’attention. Cette association se manifestait plutôt chez les jeunes enfants, jusqu’à sept ans, mais pas plus tard.

De même, une autre étude britannique sur plus de 7 700 femmes enceintes a trouvé une association entre la prise de paracétamol pendant le deuxième et le troisième trimestre de grossesse, et des troubles de comportement des enfants. L’étude montre une nette hausse de l’hyperactivité (+ 31 %) et des problèmes de conduite (+ 42 %).

Ces associations se sont avérées plus marquées lorsque le paracétamol était pris pendant le troisième trimestre de grossesse. Or cette période se caractérise par une croissance et un développement du cerveau importants chez le fœtus.

Plusieurs hypothèses sont envisagées pour expliquer ce phénomène :

  • Le paracétamol pourrait affecter l’environnement hormonal maternel, ce qui aurait des conséquences sur le développement du cerveau du fœtus
  • Le paracétamol passe la barrière placentaire, et des études chez l’animal ont montré que le fœtus est capable de fabriquer des métabolites toxiques du paracétamol
  • Le paracétamol pourrait affecter le développement du cerveau en augmentant le stress oxydatif ; des études chez l’homme montrent qu’un usage de paracétamol à long terme réduit le taux d’antioxydants dans le sang
Bien que conseillé pendant la grossesse, le paracétamol n'est pas sans risque
L’usage de paracétamol pendant la grossesse n’est pas sans risque pour l’enfant

Le risque de cryptorchidie chez les garçons

Nous avons vu que le paracétamol, tout comme l’aspirine ou l’ibuprofène, est un inhibiteur de l’enzyme COX. Or, à certaines étapes du développement embryonnaire, l’inhibition des enzymes COX peut gêner la descente des testicules dans les bourses. On parle alors de cryptorchidie.

En 2010, une étude danoise a analysé les données de plus de 47 000 nouveau-nés garçons, dont 980 ont eu un diagnostic de cryptorchidie pendant l’enfance. Grâce à des questionnaires, les chercheurs ont pu évaluer la prise d’antalgiques chez les mères pendant leur grossesse.

Les auteurs ont trouvé que, quand les mères prenaient du paracétamol pendant le premier et le deuxième trimestre de grossesse, le risque de cryptorchidie de leur fils augmentait de 33 %. Si elles prenaient du paracétamol pendant plus de quatre semaines dans la période critique pour la descente des testicules (semaines de gestation allant de 8 à 14), le risque augmentait de 38 %. Ce problème n’a pas été constaté avec l’aspirine, ni avec l’ibuprofène.

Le paracétamol augmente le risque d’asthme chez l’enfant

En 2011, un pédiatre américain, John McBride, a publié une synthèse sur le lien entre le paracétamol et le risque d’asthme. Il s’est appuyé sur différentes études :

  • Des études épidémiologiques chez les enfants : par exemple dans une étude internationale impliquant 200 000 enfants âgés de 6 à 7 ans, le risque d’asthme augmentait de 61 % lorsqu’ils prenaient du paracétamol une fois par an et il était multiplié par trois s’ils en prenaient une fois par mois
  • Des études épidémiologiques sur les adultes : une méta-analyse de six études a trouvé que l’utilisation du paracétamol était associée à une augmentation de 74 % du risque d’asthme
  • Deux études prospectives ont aussi trouvé un lien entre l’usage du paracétamol et le risque d’asthme. Une  étude sur 84 000 enfants qui avaient de la fièvre a comparé l’utilisation de l’ibuprofène à celle du paracétamol. Plus de 1 800 enfants avaient déjà de l’asthme. Les chercheurs ont observé que les enfants asthmatiques avec une infection avaient deux fois plus de risque d’avoir besoin d’un rendez-vous médical pour leur asthme s’ils prenaient du paracétamol. Il n’y avait pas de groupe placebo mais l’étude suggère que, du point de vue de l’asthme, il vaut mieux prendre de l’ibuprofène que du paracétamol en cas de fièvre

Le médecin conclut en ces termes :

« À l’heure actuelle, cependant, je n’ai pas besoin d’études supplémentaires pour prouver que l’acétaminophène est dangereux, mais plutôt pour prouver qu’il est sûr. Tant que de telles preuves ne seront pas fournies, je recommanderai à tous les enfants asthmatiques d’éviter l’acétaminophène. »

John McBride

Le mauvais cocktail entre le paracétamol et l’alcool

D’après la notice de l’Efferalgan, l’analgésique ne doit pas être pris si vous êtes un gros consommateur d’alcool, c’est-à-dire si vous buvez au moins trois verres d’alcool par jour. En effet, comme le paracétamol est toxique pour le foie, les personnes qui auraient déjà des lésions hépatiques du fait de leur consommation d’alcool sont particulièrement exposées.

L’association d’alcool et de paracétamol est dangereuse même à faible dose

Le problème ne s’arrête pas là, puisque des doses modérées d’alcool combinées avec du paracétamol seraient elles aussi dangereuses. Des chercheurs américains ont montré que la combinaison de paracétamol avec des doses légères ou modérées d’alcool double le risque de dysfonction rénale. Individuellement, ni la consommation de paracétamol seul ou d’alcool de manière modérée n’induit un tel risque ; c’est bien la combinaison des deux qui est néfaste pour les reins.

L'association d'alcool et de paracétamol est dangereuse pour le foie et les reins
L’association d’alcool et de paracétamol est particulièrement nocive

Le paracétamol influence la perception

Une étude américaine parue en 2016 a fait une découverte singulière : la consommation de paracétamol réduit l’empathie. Dans cette expérience, 80 personnes ont bu une solution contenant soit 1 g de paracétamol soit un placebo.

Une heure plus tard, les participants ont lu des textes décrivant la douleur ressentie par d’autres personnes. Il s’agissait à la fois de douleur physique, par exemple des doigts coincés dans une porte, et morale comme le décès d’un parent. Les participants ont ensuite répondu à des questions. Ils devaient noter la douleur qu’ils percevaient chez les protagonistes de ces récits sur une échelle de 1 (pas de douleur du tout) à 5 (pire douleur possible). C’est ainsi que les expériences ont montré que le paracétamol réduit l’empathie pour la douleur des autres.

Les alternatives au paracétamol

Devant l’ampleur des effets négatifs du paracétamol, on peut chercher d’autres moyens de calmer les douleurs.

Les anti-inflammatoires comme l’ibuprofène ou l’aspirine, sont les alternatives au paracétamol qui viennent spontanément à l’esprit. Ils présentent cependant eux aussi des inconvénients très préoccupants. Notons par ailleurs qu’en période d’épidémie de COVID-19 liée au coronavirus SARS-CoV-2, les anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’ibuprofène sont à éviter à tout prix car ils exacerbent la maladie.

Les approches non pharmacologiques

Il existe d’autres approches que la pharmacologie, qui peuvent aider à mieux gérer la douleur. C’est le cas par exemple de la méditation, du yoga, ou encore de l’hypnose. À défaut de pouvoir remplacer les médicaments, ces approches plus douces restent efficaces dans de nombreux cas et ne sont donc pas à négliger.

L’alimentation est au centre de votre état de santé

Pour les douleurs associées à de nombreuses maladies, la qualité de l’alimentation reste le meilleur levier pour agir sur le problème à sa source. Bien sûr, chaque cas est différent, mais les conseils généraux restent focalisés autour des bases d’une alimentation saine : prendre soin de sa santé intestinale, éviter à tout prix les aliments industriels et transformés, s’orienter vers des produits bruts de qualité, manger suffisamment de légumes

Les oméga 3 : des anti-inflammatoires naturels

Les oméga 3, issus de l’alimentation ou apportés sous forme de compléments d’huile de poisson, possèdent des propriétés antidouleur par le biais de leur action antiinflammatoire. Ils modulent en effet la production de cytokines pro-inflammatoires telles que les interleukines 1 et 6. Les oméga 3 se montrent particulièrement efficaces en cas de douleurs articulaires, comme dans le cas de l’arthrose ou de la polyarthrite rhumatoïde.

Dans tous les cas, il reste toujours préférable d’agir sur la cause d’une douleur plutôt que de la masquer. Gardez bien à l’esprit que le paracétamol induit plus de problèmes qu’il n’en résout !


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