Comment le psyllium améliore la santé intestinale ?

Modifié le 21 février 2024

Temps de lecture : 7 minutes
()
bocal contenant du psyllium avec une personne qui se sert dedans avec une cuillère

julienvenesson.fr ce n’est pas que des formations professionnelles en nutrition, la sélection des meilleurs livres et des consultations avec des nutritionnistes, c’est aussi les réponses à vos questions dans les articles du blog. Bonne lecture !

Produit naturel riche en fibres, le psyllium permet de lutter contre différents troubles affectant la sphère digestive. Ces bienfaits sont liés à une double action : il façonne un microbiote intestinal et permet de lutter contre les méfaits de l’inflammation.

Un concentré de fibres solubles

Le psyllium est un complément alimentaire naturel élaboré à partir de l’enveloppe des graines produites par le plantain Plantago ovata, ou ispaghul. Riche en mucilages, il est notamment utilisé pour ses vertus digestives. Les fibres solubles, qui représentent 70% du contenu en fibres du psyllium, possèdent une grande capacité d’absorption de l’eau. À son contact, leur volume augmente de plusieurs fois par rapport à leur taille initiale.

Les fibres de psyllium traversent le tube digestif jusqu’au côlon, où vivent les communautés bactériennes du microbiote intestinal. Elles servent de substrat à certaines d’entre elles, favorisant la croissance de ces bactéries alliées. Elles donnent alors naissance à des acides gras à courte chaîne comme le butyrate et le propionate favorables à la santé de l’intestin. Dotées d’une structure chimique complexe, les fibres de psyllium ne sont que partiellement dégradées par les bactéries. Leur fermentation génère ainsi une production de gaz intestinaux moins importante par rapport aux fibres composées de seulement quelques unités de sucres (les oligosaccharides).  

Un verre à droite de l'image contenant de l'eau et des fibres de psyllium diluées. A gauche de l'image un bocal remplie de fibres de psyllium. Devant les deux contenants, des gélules. Le tout sur un meuble en bois craqué.
Les fibres de psyllium sous différentes formes.

Régulation du transit intestinal

Le psyllium est en premier lieu utilisé pour normaliser le transit intestinal. Ses fibres solubles forment un gel qui donne de la consistance aux selles et les hydratent, tandis que ses fibres insolubles facilitent leur progression le long de l’intestin.

Lutte contre la constipation

Le psyllium exerce des bienfaits chez les personnes souffrant de constipation chronique. Administré à la dose de 5g deux fois par jour pendant 8 semaines, il augmente la fréquence de passage à la selle, tout en atténuant les douleurs liées à la défécation.

La supplémentation en psyllium s’avère plus efficace qu’un laxatif émollient couramment utilisé pour lutter contre la constipation, le docusate. En traitement de deux semaines, le complément naturel a augmenté le contenu des selles en eau. Cet effet s’est accru au fil des jours, soulignant la nécessité d’un usage prolongé pour profiter de ses effets laxatifs optimaux.

Bactérie représentée sous forme de bâtonnet bleu. à gauche de l'image une loupe zoomant sur le système digestif.
Les bactéries se développent dans l’estomac, l’intestin grêle et surtout le colon.

Action sur la flore intestinale

La nature des bactéries vivant au sein du microbiote exerce une influence sur le transit intestinal. La constipation peut ainsi résulter de déséquilibres dans sa composition. Des chercheurs se sont intéressés aux effets de la consommation de psyllium pendant 7 jours sur ces populations bactériennes. Ils ont comparé la situation chez 8 personnes ne souffrant pas de troubles digestifs et chez 16 personnes constipées.

Des bactéries responsable de la constipation

Ces deux groupes présentaient des différences dans la composition de leur microbiote au début de l’étude. Chez les personnes souffrant de constipation les bactéries appartenant au groupe des Desulfovibrio étaient notamment plus nombreuses. Des expériences chez l’animal ont montré que ces microbes sont associés à un temps de transit plus lent. Ils génèrent du sulfure d’hydrogène qui, outre son odeur nauséabonde, réduit les capacités de contraction de l’intestin.

Évolution positive du microbiote

La supplémentation en psyllium a conduit à une évolution de la composition du microbiote, avec des changements plus marqués chez les personnes constipées. Les populations de Faecalibacterium ont augmenté chez ces dernières. L’impact sur les symptômes peut être appréciable : en présence de ces bactéries, le transit est plus rapide et les selles ont une consistance plus molle. Les populations de Christensenella qui au contraire sont liées à des selles dures ont quant à elles étaient réduites de moitié.

Microvillosités de l'intestin recouvertes de bactéries en forme de bâtonnet de couleur rouge ou bleu
Tapissement des bactéries sur les microvillosités intestinales

Le psyllium augmente la mobilité des selles

Les personnes sans troubles digestifs présentaient au début de l’étude une quantité de bactéries du groupe des Lachnospira quatre fois plus élevée que les personnes constipées. La supplémentation en psyllium a permis d’augmenter leur quantité chez ces dernières et ainsi d’atténuer les différences entre les deux groupes. Ces bactéries produisent notamment du lactate, qui peut être transformé en butyrate. Cet acide gras à chaîne courte favorise la sécrétion de mucine, composant essentiel du mucus qui lubrifie les parois intestinales et facilite la progression des selles.   

Effets contre la diarrhée

Le psyllium n’est pas seulement en mesure de lutter contre la constipation. En ralentissant la vidange gastrique et le temps de transit dans le côlon, il apporte des bénéfices aux personnes souffrant de diarrhées et de douleurs abdominales. Il est également indiqué en cas d’incontinence fécale, car sa capacité à former un gel rend les selles moins liquides.

Soulager les signes de l’intestin irritable

Le double effet du psyllium contre la diarrhée et la constipation en fait un bon candidat dans le cadre du syndrome de l’intestin irritable. Selon les cas, l’un ou l’autre de ces signes est dominant, ou les deux se manifestent en alternance. Une méta-analyse ayant rassemblé des données recueillies auprès d’environ 1000 personnes dans cette situation a souligné l’intérêt des fibres solubles contre cette affection.

Une étude menée spécifiquement sur le psyllium a montré les bienfaits de la consommation de 10g pendant 12 semaines pour soulager les symptômes, tandis que la prise de 10g de son, riche en fibres insolubles, s’est avérée inefficace. La dose optimale en cas de syndrome irritable apparaît toutefois supérieure, de l’ordre de 20 et 30g par jour.

Effets sur les maladies digestives chroniques

Colon avec plusieurs exemples d'atteintes pathologiques. 
En partant du bas à gauche jusqu'au colon, inflammation de l'appendice, obstruction, zone de saignement, ulcère, diverticules, lésion cancéreuse.
Les différentes atteintes pathologiques du colon

Le psyllium apparaît en mesure de tempérer les phénomènes inflammatoires qui se déroulent au sein de l’intestin. Ses effets ont ainsi été étudiés contre les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI).

Rectocolite ulcéro-hémorragique

La rectocolite hémorragique, ou colite ulcéreuse, est associée à une inflammation de la muqueuse intestinale qui siège au niveau du rectum et remonte vers côlon. Un essai clinique a été mené auprès de 39 patients atteints de cette affection, qui ont reçu une supplémentation en psyllium à la dose de 3,52g ou un placebo pendant 4 mois. Le groupe ayant bénéficié du psyllium a présenté un plus fort taux d’amélioration clinique, avec une réduction des douleurs abdominales, des troubles du transit et des ballonnements. Il a atteint 69% contre 24% dans le groupe ayant reçu un placebo.

Prolongation des rémissions

Le psyllium confère un second avantage, mis en évidence au cours d’une étude où ses effets ont été comparés à ceux de la mésalamine. Ce médicament, dérivé aminé de l’acide salicylique, est souvent prescrit en première intention contre cette maladie, car il exerce une activité anti-inflammatoire.

Les 105 personnes recrutées traversaient une période où leur maladie était inactive. Elles ont été divisées en trois groupes, recevant l’un ou l’autre des traitements, ou les deux combinés pendant 12 mois. Les chercheurs ont calculé la probabilité que la phase de rémission se maintienne pour chaque sous-groupe. Elle s’est avérée comparable dans chacun des trois, témoignant d’une efficacité similaire entre le psyllium et le médicament.

Des effets anti-inflammatoires médiés par le butyrate

Dans les groupes qui ont bénéficié du psyllium, la quantité de butyrate a augmenté dans les selles des patients. Pour les auteurs, ce phénomène explique les bons résultats de cette approche naturelle.

Le butyrate calme en effet les phénomènes inflammatoires au niveau du côlon. Il promeut la destruction des lymphocytes T qui en sont à l’origine et s’oppose aux effets d’un messager pro-inflammatoire, l’interféron- γ. Un essai clinique a d’ailleurs confirmé l’intérêt d’un traitement oral à base de butyrate chez les personnes atteintes de rectocolite hémorragique.

Une barrière intestinale fragilisée en cas de MICI

Un des mécanismes pathologiques impliqués dans le développement des MICI concerne la barrière intestinale. Celle-ci représente une frontière entre le milieu extérieur et l’intérieur de l’organisme. Lorsqu’elle fonctionne moins bien, elle laisse passer des composés qui déclenchent les phénomènes inflammatoires.

Les personnes qui souffrent d’une MICI présentent ainsi souvent une hyperperméabilité intestinale. Les molécules qui constituent leurs jonctions serrées, des structures situées entre les cellules intestinales pour interdire le passage des substances indésirables, sont produites en plus faibles quantités et mal réparties.

Effet sur l’intégrité de la barrière intestinale

Lors d’une expérience chez des souris, un prétraitement avec du psyllium a permis de limiter la perte des protéines des jonctions serrées lorsqu’on a provoqué une inflammation du côlon chez les animaux pour reproduire les effets des MICI. Le psyllium a également stimulé la production de composés protecteurs, les protéines de choc thermique, de collagène et de fibronectine. Grâce à ces multiples actions, la barrière intestinale a été renforcée. Elles pourraient expliquer les bienfaits observés dans les essais cliniques précédents. La consommation de psyllium pourrait également être un moyen de prévenir les défauts de perméabilité intestinale et les problèmes de santé qui y sont liés.

Des symbiotiques intégrant du psyllium contre les MICI

Comme les fibres prébiotiques et les bactéries probiotiques qui les consomment agissent en duo, il est souvent utile d’associer les deux : on parle alors de traitements symbiotiques. Ce type d’approche a été évalué contre les MICI. Une petite étude, menée auprès de 10 patients atteints de la maladie de Crohn, a montré une amélioration des symptômes avec la prise de 9,9g de psyllium et de 75 milliards d’unités formant colonies de Bifidobacterium et Lactobacillus par jour.

Dans un groupe de 120 personnes atteintes de rectocolite hémorragique, les participants ont reçu 8g de psyllium, 2 milliards d’UFC de Bifidobacterium longum ou un mélange des deux. La qualité de vie s’est améliorée de manière plus importante chez ceux qui ont bénéficié des deux compléments alimentaires, par rapport à l’un ou l’autre pris isolément. L’action synergique entre le psyllium et les probiotiques est ainsi une piste intéressante pour soulager les malades.

Réduction du risque d’évolution vers un cancer colorectal

Les personnes atteintes d’une MICI ont un risque accru de développer un cancer colorectal par rapport au reste de la population. La consommation de fibres en général apparaît être protectrice contre cette maladie, un effet qui serait lié à l’augmentation de la production de butyrate. Ce composé s’oppose en effet à la prolifération anarchique des cellules et facilite la destruction des cellules cancéreuses du côlon. La consommation de psyllium en particulier pourrait être un atout, comme le suggère une étude menée en Espagne. Elle a mis en évidence une relation entre la consommation de graines de Plantago ovata et une mortalité réduite par cancer colorectal.

Le psyllium promeut la formation du butyrate doté d’effets anticancéreux au niveau digestif.

Précautions à prendre en cas de supplémentation avec du psyllium

Le psyllium est généralement bien toléré, mais certains désagréments surviennent parfois en cas de supplémentation. Il peut augmenter la production des gaz et favoriser leur rétention, phénomène à l’origine de ballonnements et d’une distension abdominale inconfortable. Il est ainsi conseillé de commencer par consommer des doses limitées pour vérifier sa tolérance digestive. Certains spécialistes préconisent d’augmenter les apports en fibres graduellement de 5 g/jour chaque semaine pour limiter ces effets indésirables. Il est par ailleurs important de le consommer avec une quantité suffisante de liquide, pour éviter tout risque d’occlusion. Le psyllium est riche en fibres solubles. Les fibres solubles vont venir gonfler le volume des selles en présence d’eau. Cependant, s’il n’y a pas assez de liquides dans l’intestin, il peut se former un bézoard, un conglomérat d’aliments non digérés qui va venir créer une très forte constipation qu’on appelle « occlusion intestinale ». 


Avez-vous aimé cet article ?



Autres articles

Vous aimeriez peut-être aussi ?
separation_couleur1