Reflux gastrique : quels sont les aliments à éviter ?
Modifié le 23 décembre 2024
Temps de lecture : 5 minutes
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Le reflux gastro-œsophagien ou RGO correspond à la remontée du contenu de l’estomac dans l’œsophage. Sensations de brûlure (ou pyrosis), régurgitations acides, goût amer en bouche sont autant de signes associés à ce trouble. Certaines adaptations du régime alimentaire peut le soulager, découvrons lesquelles.
Les recommandations alimentaires générales
Lorsqu’une personne souffrant de reflux gastrique consulte un médecin, celui-ci lui propose généralement d’éviter certains aliments et boissons réputés aggraver les symptômes. Les aliments et boissons acides tout d’abord, pour éviter d”irriter davantage l’œsophage et d’entretenir l’œsophagite (l’inflammation de la muqueuse qui le tapisse).
Les épices (poivre, gingembre, paprika…), notamment les plus forts comme le piment de Cayenne, qui contribuent à ces lésions , sont également déconseillées. Tout comme les aliments qui diminuent la pression du sphincter inférieur de l’œsophage, le clapet censé empêcher les remontées du bol alimentaire.
On retrouve dans cette catégorie :
- l’alcool (vin, bière, rhum, whisky…) ;
- le chocolat (noir) ;
- le café ;
- les aliments riches en graisses (fritures, etc).
Les facteurs aggravants
Également ciblés, les boissons ou comportements alimentaires qui augmentent la distension gastrique : les boissons gazeuses (Rozana, Quézac, Salvetat…) et les repas copieux. Un dîner trop tardif qui favorise le reflux nocturne est également à proscrire et il est préférable de surélever la tête du lit en cas de symptômes pendant la nuit.
Des préconisations à relativiser
Ces recommandations ne sont pas toutes étayées par une littérature scientifique débordante et certaines études permettent de les nuancer. Concernant les aliments acides par exemple ; le jus de prune, très acide, est bien toléré par les malades alors que le jus de tomate, pourtant moins acide, déclenche souvent des brûlures d’estomac.
Une méta-analyse des études scientifiques consacrées à l’impact des boissons gazeuses n’a pas permis de conclure qu’elles favorisaient ou aggravaient le reflux gastrique, tout comme le café, même consommé en bonne quantité (plus de 4 tasses par jour). Il semble vraiment que cela dépende des gens.
Combattre le surpoids pour soulager les remontées acides
En revanche, les liens entre reflux gastro-œsophagien et surpoids sont bien documentés. L’augmentation du nombre de cas de reflux gastro-œsophagien au cours des deux dernières décennies va de pair avec l’augmentation de l’obésité.
La surcharge pondérale favorise le RGO
En effet, la prise de poids joue un rôle dans l’installation de ce trouble, à cause de changements mécaniques qu’elle induit au niveau de la jonction de l’œsophage et de l’estomac et des bouleversements métaboliques qui lui sont associés.
L’obésité est associée à un risque accru de hernie hiatale, qui correspond au passage de la partie haute de l’estomac par l’orifice œsophagien du diaphragme (la cloison qui sépare la cavité abdominale de la cavité thoracique). Elle est elle-même un facteur pouvant entraîner un RGO ou en aggraver les manifestations.
Plus une personne présente un excès de poids et plus il est probable qu’elle souffre de reflux. On estime qu’entre 59 et 79 % des personnes atteintes d’obésité sévère sont concernées par le RGO.
Le pire étant que les médicaments utilisés contre ces reflux gastriques, les IPP, ont notamment pour effets secondaires de rendre obèses, puisqu’ils font grossir de 10 kilos en moyenne !
Quel est l’effet d’une perte de poids ?
Si l’obésité favorise le RGO, perdre du poids permet-il d’inverser la tendance ? L’équipe de Mandeep Singh du centre médical des vétérans à Kansas City s’est intéressée à cette question. Dans le cadre de cette étude, 332 personnes âgées en moyenne de 46 ans, en surpoids ou obèses, ont entrepris un programme amincissant, associant mesures alimentaires et activités physiques pendant 6 mois.
À l’issue de cette période, la presque totalité des participants avait perdu du poids, 13 kg en moyenne. La fréquence des cas de reflux, ainsi que l’intensité des symptômes, avait diminué de concert. Les symptômes de reflux se sont atténués chez 81 % des participants, et 65 % ont même bénéficié d’une rémission complète de leur maladie. Les bénéfices sur le reflux étaient d’autant plus marqués que la perte de poids était importante.
Le gluten peut-il favoriser le reflux gastro-œsophagien ?
Oui, selon le Dr Martine Cotinat, spécialisée dans la gestion des troubles gastro-œsophagiens comme le reflux. Et ce, même en absence de véritable intolérance au gluten (maladie cœliaque).
On constate par ailleurs qu’en cas d’intolérance au gluten, les reflux sont fréquents et importants. Des chercheurs argentins ont constaté cinq fois plus de reflux et de problèmes d’acidité gastrique chez les malades intolérants au gluten comparativement aux personnes sans intolérance.

Répartition des scores de reflux gastro-œsophagien chez les personnes atteints de maladie cœliaque (A) et en population générale (B).
Dans le cas où votre reflux gastrique ne répond pas aux solutions naturelles évoquées dans notre article, l’essai d’un régime sans gluten est fortement conseillé.
Les produits laitiers sont-ils une cause possible de reflux ?
Des chercheurs italiens ont recherché l’éventuelle présence d’intolérances alimentaires chez des personnes souffrant de reflux gastrique. Voici ce qu’ils ont découvert :
- dans la majorité des cas, les personnes souffrant de reflux sont intolérantes à au moins 5 aliments ;
- dans 55% des cas, les malades sont intolérants au lait.
Éviction des laitages : une piste à explorer
Des chercheurs iraniens ont rassemblé 81 nourrissons intolérants aux protéines laitières et ont comparé les effets d’un régime sans laitages à la prise de médicament IPP (oméprazole) contre l’acidité. Résultat :
- le médicament était efficace sur 54 bébés mais inefficace sur 27 ;
- en cas d’intolérance aux protéines de lait de vache, leur suppression est très efficace.
L’allergie au lait de vache serait une cause fréquente de reflux persistants chez les très jeunes enfants (nourrissons). Dans ce cas, un test d’éviction (suppression des sources alimentaires de protéines de lait de vache) semble une piste à ne pas négliger.
Les pédiatres peuvent parfois la proposer, mais ont (bizarrement) comme consigne de donner des médicaments IPP avant de faire ce test alimentaire. Cela est incompréhensible compte tenu des très graves effets secondaires des IPP.

Quand le régime sans gluten ni produits laitiers ne fonctionne pas
Il arrive que la suppression du gluten ou des produits laitiers ne donne pas de résultat satisfaisant. Dans ce cas, des chercheurs américains ont une autre piste alimentaire : limiter les féculents dans leur ensemble.
Réduire drastiquement les apports en glucides

Probabilité de souffrir de RGO en fonction de la quantité de sucres consommée (monosaccharides et disaccharides des aliments et boissons).
Même si cela peut sembler paradoxal, cette équipe a établi un lien entre la richesse du régime alimentaire en glucides et la présence de reflux gastro-œsophagien, dans un groupe de 144 femmes obèses.
Le suivi d’un régime riche en graisses et pauvre en glucides (pâtes, pain, pommes de terre, biscuits, farine, sucreries…) a conduit à la disparition de leurs symptômes gastriques.
Une alimentation très pauvre en glucides, comparable à une diète cétogène, peut ainsi représenter une option alternative dans cette situation.
Ce régime pourrait aussi être efficace contre la dyspepsie, un trouble fonctionnel affectant l’estomac, entraînant une impression de difficulté à digérer, de douleurs et nausées.
Selon une autre équipe de chercheurs, cet effet bénéfique du régime pauvre en hydrates de carbone (féculents) vient du fait que la consommation de glucides modifie le pH de l’estomac qui devient trop acide.
La piste d’un antioxydant alimentaire
Si rien ne fonctionne, la quercétine pourrait s’avérer utile. C’est en tout cas la conclusion d’une étude de chercheurs indiens qui a mis en évidence un effet protecteur chez l’animal, notamment quand elle est prise avec de la vitamine E. Ce membre de la famille des flavonoïdes, présent dans divers aliments d’origine végétale, est en effet capable de combattre le stress oxydatif impliqué dans le reflux gastro-œsophagien.
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