Que faire contre le diabète gestationnel ?
Le diabète gestationnel fait partie des complications fréquentes de la grossesse. Il peut occasionner de sérieux problèmes de santé ; une prise en charge efficace est donc indispensable.
Adapter son mode de vie pour lutter contre le diabète gestationnel
La prise en charge du diabète gestationnel repose initialement sur l’adaptation de l’alimentation et l’augmentation du niveau d’activité physique. Dans 70 % à 85 % des cas, ces changements d’hygiène de vie sont suffisants pour mettre la situation sous contrôle.
Dans le cas où ils ne parviennent pas à normaliser la glycémie, un traitement médicamenteux est associé à ces mesures. Ce dernier repose sur des injections d’insuline ou la prise d’un médicament antidiabétique par voie orale, la metformine par exemple.
Une alimentation anti-diabète à index glycémique faible
Il n’existe pas de consensus sur la façon dont une femme enceinte présentant un diabète gestationnel doit s’alimenter. Il est important de ne pas appliquer une restriction calorique trop marquée, sous peine d’entraver le développement du fœtus.
Une piste intéressante pour couvrir les besoins de la mère et de l’enfant tout en luttant contre le diabète gestationnel consiste à sélectionner les aliments contenant des glucides en fonction de leur index glycémique (IG). Cet indicateur reflète l’impact des aliments sur la glycémie. Les aliments à faible IG conduisent à une élévation modeste de celle-ci, ce qui est particulièrement favorable en cas de diabète.
L’index glycémique d’un aliment est compris entre 0 et 100, le maximum correspondant à l’IG du glucose pur. Il est considéré faible quand il ne dépasse pas 55 et élevé au-delà de 70.
Quels sont les aliments à faible index glycémique ?
De façon générale, les aliments à faible index glycémique sont ceux qui contiennent beaucoup de fibres : les légumes, les légumineuses (lentilles, pois chiche, haricots secs), le quinoa, les graines oléagineuses (noisettes, amandes, pistaches, noix de cajou…) et les purées réalisées à partir de celles-ci.
Pour la même raison, les céréales complètes possèdent un IG plus bas que les produits équivalents raffinés (c’est-à-dire débarrassés de leurs fibres) et sont donc préférables.

Les effets d’un régime à IG bas contre le diabète gestationnel
Les effets d’un régime de ce type sur la glycémie se font rapidement sentir, comme le révèle une étude menée en Chine. Remplacer le riz blanc dont l’IG est élevé par du riz brun à IG bas pendant 5 jours permet de réduire le taux de sucre sanguin à jeun et après les repas, pour des apports en glucides et en énergie pourtant équivalents.
L’adoption d’un régime à IG bas tout au long de la grossesse a une influence favorable sur son déroulement. Des chercheurs Irlandais ont constitué un groupe de 800 femmes enceintes ayant donné naissance préalablement à un bébé de plus de 4 kg. Une partie d’entre elles a suivi un régime contenant des aliments à IG bas lors d’une nouvelle grossesse.
Ces dernières ont pris moins de poids que les mamans n’ayant pas changé leurs habitudes alimentaires. De plus, elles étaient moins concernées par l’intolérance au glucose : 21% contre 28% dans le second groupe. Dans une analyse ultérieure, un autre bénéfice a été mis en évidence : les bébés nés de mères ayant suivi le régime à IG bas présentaient moins de graisse viscérale.
Une alimentation à index glycémique bas permet de contenir le poids du bébé à la naissance
Cette alimentation est donc en mesure d’améliorer le métabolisme des futures mamans et de réduire le risque de diabète gestationnel. Mais une fois le diabète installé, l’alimentation à IG bas peut également en atténuer les conséquences négatives. Une analyse de 5 études conduites auprès de 302 femmes a conclu qu’elle permet de réduire le risque de donner naissance à un nouveau-né de poids trop élevé.
Une alimentation à IG bas pourrait permettre en outre de limiter le recours à l’insuline, comme l’a montré une étude conduite auprès de 63 femmes atteintes de diabète gestationnel. Dans le groupe ayant suivi ce régime, seules 29% des futures mamans ont dû recevoir de l’insuline, contre 59% des femmes à l’alimentation occidentale classique.

L’exercice physique contre le diabète gestationnel
En l’absence de contre-indication à la pratique de sport pendant la grossesse, l’activité physique est un levier efficace pour se prémunir contre le diabète gestationnel.
Les effets préventifs du sport
L’exercice physique exerce tout d’abord un effet préventif. Dans le cadre d’une collaboration entre des chercheurs australiens et chinois, 300 femmes dont le surpoids ou l’obésité exposait à un risque accru de diabète gestationnel ont été recrutées en début de grossesse. La moitié d’entre elles a suivi un programme d’entraînement, avec au moins trente minutes de vélo d’intérieur trois fois par semaine, jusqu’à la fin de leur grossesse.
Dans ce groupe, 22 % des participantes ont développé un diabète gestationnel. En l’absence d’exercice, ce sont 40 % des participantes qui en ont été atteintes.
Une pratique régulière est nécessaire pour contrôler durablement la glycémie
Chez les femmes enceintes qui ont développé un diabète gestationnel, ajouter le sport à la prise en charge classique améliore l’évolution de la situation. Il limite la prise de poids maternel pendant la grossesse, le risque de naissance prématurée, de faible poids de naissance du bébé ou à contrario de macrosomie.
La pratique sportive provoque une augmentation du prélèvement du glucose présent dans le sang par les muscles, et améliore la sensibilité de l’organisme à l’action de l’insuline. Pour une seule séance, cet effet dure plus de 24 h mais disparaît en moins de 72 h : il est donc nécessaire de pratiquer de façon régulière.
Une analyse de 8 études menées auprès de 544 femmes atteintes de diabète gestationnel et soumises à un entraînement de résistance ou à des activités aérobies confirme les bénéfices de l’approche sur la glycémie, avec une baisse du taux de sucre sanguin après les repas (-0,33 mmol/L en moyenne) et à jeun (-0,31 mmol/L).

Les suppléments alimentaires contre le diabète gestationnel
En parallèle de ces adaptations dans les habitudes de vie quotidienne, certains compléments alimentaires peuvent aider à mieux maîtriser le diabète gestationnel.
La vitamine D
Parmi les multiples fonctions de la vitamine D, figure son rôle dans la gestion du glucose au sein de notre organisme. Les cellules du pancréas spécialisées dans la production d’insuline possèdent à leur surface des récepteurs qui interagissent avec cette vitamine. Un déficit entrave leur fonctionnement optimal. Les carences sévères en vitamine D (un taux sanguin inférieur à 12,5 nmol/L) sont plus courantes chez les femmes enceintes présentant un diabète gestationnel que chez celles qui en sont épargnées.
La supplémentation en vitamine D en cas de diabète gestationnel a fait preuve de ses bénéfices lors d’essais cliniques. Une compilation des résultats de 5 d’entre eux, conduits auprès de 173 femmes, indique qu’elle réduit la glycémie à jeun (0,46 mmol/L), le taux d’hémoglobine glyquée (reflet de la glycémie des semaines passées) et lutte contre l’excès d’insuline dans le sang.
Les probiotiques
Les probiotiques, micro-organismes bénéfiques pour le microbiote, semblent également en mesure d’améliorer le métabolisme du glucose. Chez des femmes enceintes atteintes de diabète gestationnel, l’administration pendant 4 semaines d’un mélange de Bifidobacterium et de Lactobacillus abaisse la glycémie à jeun et atténue la résistance à l’insuline de l’organisme.
Les oméga-3
La supplémentation en oméga-3 pourrait exercer des bénéfices modestes chez les femmes atteintes de diabète gestationnel. L’administration de 1000 mg d’oméga-3 contenant 180 mg d’EPA et 120 mg de DHA pendant 6 semaines améliore la résistance à l’insuline mais n’a pas d’effet sur le taux de glucose à jeun ou sur le fonctionnement des cellules du pancréas.
Elle exerce aussi des effets positifs sur la santé des nourrissons en diminuant le risque de jaunisse. Cette affection est en effet plus commune chez les enfants nés de mères ayant présenté un diabète gestationnel.
L’effet préventif de l’approche reste en revanche incertain puisqu’une supplémentation de 800 mg par jour de DHA dans la seconde moitié de la grossesse ne permet pas de réduire le risque de diabète gestationnel ou de pré-éclampsie.
Le magnésium
Le magnésium est un minéral essentiel pour le pancréas et son déficit favorise la survenue d’une résistance à l’insuline. Peu d’études ont évalué les effets d’une supplémentation en cas de diabète gestationnel, mais leurs résultats sont encourageants.

Chez 70 femmes, l’administration de 250 mg d’oxyde de magnésium pendant 6 semaines améliore la glycémie à jeun, la sensibilité à l’insuline et atténue les phénomènes inflammatoires. Cette complémentation réduit le risque de jaunisse à la naissance du bébé, une situation qui n’a affecté que 8,8% des nourrissons nés des mères supplémentées contre 29,4% dans le groupe placebo.
La supplémentation en magnésium exerce ses bénéfices notamment en régulant l’expression de certains gènes. Elle stimule par exemple l’activité du gène permettant la fabrication d’un composé assurant le transport du glucose dans les cellules (GLUT-1).
Il est à noter que l’oxyde de magnésium n’est pas la forme la mieux adaptée pour se supplémenter, et il convient de privilégier les formes plus assimilables que sont le magnésium de troisième ou de quatrième génération.
Le zinc
Du côté des oligo-éléments, le zinc est particulièrement approprié pour lutter contre le diabète gestationnel en raison de son implication dans la production, le stockage et la libération de l’insuline.
Une supplémentation à base de 233 mg de gluconate de zinc (soit 30 mg de zinc élément) pendant 6 semaines améliore le métabolisme du glucose. Elle optimise également le profil en lipides sanguins, en réduisant le taux de triglycérides.
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