Les solutions naturelles contre les mycoses vaginales

Modifié le 22 décembre 2023

Temps de lecture : 9 minutes
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mycose vaginale

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Irritations, démangeaisons et douleurs ressenties dans la région intime sont des symptômes auxquels la plupart des femmes sont confrontées à un moment de leur vie. Pour soulager les mycoses vaginales, des infections d’origine fongique, il existe heureusement des solutions naturelles.

Trois femmes sur quatre sont affectées par une mycose vaginale

Les mycoses vaginales sont provoquées par une prolifération anormale de levures – un type de champignon constitué d’une seule cellule – au niveau du vagin et de la vulve. Elles sont très communes chez les femmes. Les trois quarts d’entre elles y sont confrontés une fois dans leur vie, la moitié deux fois. Chez 5% des femmes, ce problème est récurrent et revient plus de 4 fois chaque année.

Les mycoses vaginales surviennent principalement chez les femmes en âge de procréer. Elles sont rares chez les filles avant la puberté et chez les femmes ménopausées. Elles provoquent des démangeaisons, des irritations, des difficultés et douleurs au moment d’uriner ou lors des rapports sexuels, accompagnées de pertes vaginales. Ces mycoses sont favorisées par différents facteurs comme la prise d’antibiotiques et de contraceptifs oraux, le diabète ou la grossesse, ou encore le port de sous-vêtements en matières synthétiques.

Candida, la levure responsable de la mycose

Les mycoses vaginales sont provoquées par des levures appartenant au genre Candida, raison pour laquelle on les désigne également par le terme candidose. Candida albicans est responsable d’environ 9 cas d’infections sur 10. Des levures appartenant à d’autres espèces peuvent aussi être impliquées, comme Candida glabrata, Candida tropicalis ou Candida krusei.

L’infection est parfois provoquée par deux espèces différentes de Candida. Lors d’une étude menée aux États-Unis, ce cas de figure a été repéré chez 27 femmes sur 429 souffrant de mycose.

Candida au microscope
Candida au microscope

Les levures développent des résistances aux médicaments antifongiques

La prise en charge habituelle de cette affection gynécologique repose généralement sur l’application de crème antifongique à base d’azole, le fluconazole par exemple. Ces traitements sont parfois administrés par voie orale, notamment en cas d’infection chronique.

représentation 2D d'une molécule de fluconazole
Molécule de fluconazole

Cependant, les pathogènes s’y adaptent et développent des résistances, particulièrement problématiques car elles compromettent les chances de guérison. Si certaines souches de Candida albicans sont résistantes, cette situation est encore plus présente pour les autres espèces, souvent responsables des cas d’infection chronique.

Face à l’apparition de résistance aux médicaments antifongiques classiques, disposer de traitements alternatifs est un impératif. De ce fait, les équipes de recherche s’intéressent à l’action de composés naturels pour combattre les mycoses vaginales.

Les probiotiques, garants de l’équilibre du microbiote vaginal

Le vagin, à l’image de l’intestin, héberge une communauté de microbes alliés qui constitue le microbiote vaginal. Chez les femmes en bonne santé gynécologique, il est dominé des bactéries de type Lactobacillus. Les espèces les plus fréquemment rencontrées sont L. crispatus, L. iners, L. gasseri et L. jensenii.

Elles exercent un rôle protecteur contre les microbes pathogènes. En cas de mycose, l’équilibre du microbiote est rompu et les levures, naturellement présentes dans le vagin, se mettent à pulluler. En restaurant l’intégrité du microbiote, l’administration de probiotiques, ces souches bactériennes alliées de notre santé, pourraient contribuer à lutter contre les mycoses et prévenir leur récidive. 

L’administration de probiotiques améliore l’efficacité du traitement classique

couverture de Probiotics and Antimicrobioal Proteins

Certaines études ont ainsi testé les effets de l’administration de probiotiques en parallèle de la prise en charge classique des patientes. L’une d’elle a rassemblé 436 femmes souffrant de mycose. L’ensemble de ces participantes a reçu des médicaments à base d’azole, à la fois par voie orale et locale, le même jour. Environ 200 de ces femmes ont ensuite bénéficié de probiotiques appliqués au niveau du vagin à partir du cinquième jour post-traitement.

Un mélange de plusieurs souches (Lactobacillus acidophilus, Lactobacillus rhamnosus, Streptococcus thermophilus et Lactobacillus delbrueckii subsp. bulgaricus) leur a été administré à 10 reprises. Dans le groupe n’ayant bénéficié que du traitement classique, près de 80% des participantes ressentaient encore des symptômes après la prise des médicaments. Avec les probiotiques en complément, ce chiffre est tombé à environ 30%.

Des chercheurs canadiens ont quant à eux évalué l’efficacité de probiotiques administrés par voie orale. Les 55 participantes ont reçu 150mg de fluconazole, puis une partie d’entre elles a bénéficié de deux gélules d’un mélange de L. rhamnosus GR-1 et L. reuteri RC-14 pendant 28j, tandis que les autres ont reçu un placebo. Au sein du groupe sous probiotiques, les pertes vaginales ont été moins abondantes et une présence plus faible de levures a été constatée quand des prélèvements ont été placés sur un milieu de culture.

Les probiotiques apportent un soulagement durable

L’administration de probiotiques pourrait être en mesure de limiter le risque de rechute. Une étude a été menée auprès de 58 femmes souffrant d’au moins 4 épisodes de mycoses par an. Elles ont bénéficié d’une formule de probiotiques à libération lente, composée d’un mélange de Lactobacillus fermentum LF10 et Lactobacillus acidophilus LA02, en plus du fluconazole. À la fin des 7 mois de la période de suivi, 85,7% des participantes étaient libérées de leur affection récurrente.

effets des probiotiques Lactobacillus fermentum LF10 et Lactobacillus acidophilus LA02 sur la récurence des mycoses vaginales
Les probiotiques Lactobacillus fermentum LF10 et Lactobacillus acidophilus LA02 réduisent les mycoses à répétition

Un essai clinique récent a confirmé la capacité des probiotiques à réduire les récidives en cas de mycose. Lors de cette étude, les deux souches bactériennes utilisées, Lactobacillus acidophilus GLA-14 et Lactobacillus rhamnosus HN001, ont été couplées à de la lactoferrine. Ce composé naturellement présent dans notre organisme dispose de propriétés antifongiques

Du yaourt pour lutter contre les mycoses

Certains aliments contiennent naturellement des probiotiques. La consommation de yaourt riche en Lactobacillus acidophilus pourrait améliorer la situation des femmes souffrant de mycoses chroniques. Une étude menée auprès d’un petit groupe a mis en évidence une diminution du nombre d’épisodes infectieux et de la colonisation du vagin par la levure Candida avec la consommation de 230g de yaourt au quotidien.

L’application locale de yaourt fait aussi partie des remèdes populaires utilisés en cas de mycose vaginale.  Les résultats obtenus lors d’une étude menée en Iran apportent un fondement à cette pratique. Les chercheurs ont comparé l’efficacité de l’application d’un mélange de yaourt et de miel et d’une crème à base de clotrimazole pendant 7 jours. Leurs observations les ont amenés à conclure :

« les effets thérapeutiques d’une crème de yaourt et miel sont non seulement similaires à une crème de clotrimazole, mais elle apparaît plus efficace pour soulager certains symptômes de la candidose vaginale ». 

Maryam Darvishi et al.

Le mode d’action pluriel des probiotiques sur les mycoses

Les bienfaits des probiotiques contre les mycoses peuvent s’expliquer par plusieurs actions. L’infection par les levures Candida provoque une réponse immunitaire pro-inflammatoire au niveau des cellules épithéliales qui tapissent le vagin, à l’origine des symptômes désagréables ressentis par les patientes. L’administration de lactobacilles bloque l’expression des gènes inflammatoires et temporise ces réactions. Cet effet modulateur de la réponse immunitaire est crucial pour éviter l’installation des mycoses chroniques.

Effets des œstrogènes, de C. albicans et des lactobacilles sur l'expression cellulaire VK2 de la transduction du signal et des cytokines
Les probiotiques diminuent la sécrétion de cytokines inflammatoires

Les bactéries probiotiques entrent de plus en compétition directe avec les levures et contrarient leur adhésion à la paroi du vagin. Elles produisent par ailleurs des composés capables de bloquer le développement des microbes pathogènes. Elles génèrent enfin un environnement anaérobie, c’est-à-dire privé d’oxygène, en rejetant du dioxyde de carbone. Le milieu devient alors peu propice à la survie des espèces appartenant au genre Candida.

Les plantes aux vertus antimycosiques

De nombreuses espèces végétales sont dotées de composés capables de lutter contre les levures pathogènes. Sous diverses formes, elles peuvent ainsi représenter une option thérapeutique pour soulager les mycoses, parfois de façon équivalente aux médicaments antifongiques.

Les composés soufrés de l’ail apaisent la mycose vaginale

L’ail est un condiment utilisé en médecine traditionnelle depuis des millénaires. Il contient des composés soufrés dotés de propriétés antimicrobiennes.

L’extrait d’ail est notamment en mesure de bloquer l’activité des enzymes des champignons pathogènes. Il promeut également la production de radicaux libres par les macrophages, des cellules du système immunitaire, facilitant la destruction de Candida albicans.

Il n’est pourtant pas question d’insérer des gousses d’ail directement dans le vagin, une pratique en vogue qui expose à un risque de brûlure.

L’administration de comprimés d’ail atténue les signes de la mycose

Des chercheurs iraniens ont comparé l’efficacité de l’administration de comprimés à base d’ail à celle de 150mg de fluconazole chez 110 femmes atteintes de mycose. Le traitement naturel s’est avéré efficace, mais un peu moins que le médicament classique puisque les symptômes se sont améliorés de 60% avec l’ail et de 71,2% avec le fluconazole.

Une crème à base d’ail et de thym soulage les symptômes de la mycose

Lors d’une étude antérieure, une efficacité comparable a été mise en évidence entre une crème à base de clotrimazole et un mélange d’ail et de thym. Le thym possède lui aussi une activité anti-Candida, notamment liée à la présence de deux principes actifs, le thymol et le carvacrol.

Lors d’expériences conduites en laboratoire, ces composés ont montré leur faculté à détourner la résistance des souches de Candida albicans aux antifongiques, suggérant l’existence d’un effet synergique avec les médicaments azolés.

action du thymol et du carvacrol sur le candida
Le thymol (THY) et carvacrol (CARV) agit sur différentes espèces de Candida

Les plantes de la famille des lamiacées pour combattre la mycose

Des chercheurs iraniens ont testé les effets d’une crème à base de Satureja khuzestanica, une plante appartenant à la même famille que la menthe, en comparaison avec une crème à base de clotrimazole. Pendant une semaine, 84 femmes atteintes de mycose ont appliqué l’une ou l’autre de ces pommades une fois par jour.

Les deux traitements ont été aussi efficaces l’un que l’autre. L’administration de comprimés vaginaux à base de sauge (Salvia officinalis), seuls ou en complément du clotrimazole, apparaît également en mesure de traiter la mycose vaginale. 

L’efficacité des huiles essentielles reste à confirmer chez la femme

Levure Candida albicans intacte (a) en comparaison des effets destructeurs du clotrimazole  (b), de l'huile essentielle d'origan (c et d) et de sarriette d'hiver (e et f)
Levure Candida albicans intacte (a) en comparaison des effets destructeurs du clotrimazole (b), de l’huile essentielle d’origan (c et d) et de sarriette d’hiver (e et f)

Dans le domaine de la phytothérapie, les huiles essentielles sont souvent utilisées pour combattre les infections. Certaines d’entre elles possèdent des vertus antifongiques.

Lors d’une étude en laboratoire, l’efficacité de 12 huiles essentielles a été évaluée sur 30 souches de Candida albicans issues de prélèvements vaginaux de femmes souffrant de mycose. La menthe, le basilic, la lavande, l’arbre à thé, la sarriette d’hiver et l’origan se sont avérés à même de bloquer la croissance et l’activité de la levure. Ces huiles essentielles se sont révélées plus performantes que le clotrimazol, causant des dommages sévères aux enveloppes protectrices du microbe.

Si certaines données obtenues chez l’animal s’ajoutent à ces résultats pour suggérer que les huiles essentielles pourraient combattre la mycose, les études menées chez des femmes pour valider cette approche manquent. Des travaux très récents ont toutefois donné des résultats encourageants. Ils tendent à prouver la bonne tolérance et l’efficacité d’ovules vaginaux à base d’huile essentielle de cumin.

L’association d’huiles essentielles et d’huile de coco

Dans le commerce, il est possible de trouver des ovules vaginaux à base d’huiles essentielles pour lutter contre les mycoses. Ils contiennent généralement les huiles essentielles de plusieurs plantes, associées à un corps gras comme le beurre de karité ou de cacao. L’un d’eux pourrait revêtir un intérêt tout particulier dans le cadre des mycoses : l’huile de coco. Celle-ci possède en effet des propriétés antifongiques contre Candida albicans, liées à la présence d’acide gras à chaîne moyenne, notamment l’acide laurique.

Ces composés apparaissent en mesure de désorganiser la membrane qui entoure les levures, entraînant leur destruction. Appliquer un mélange d’huile de coco et de quelques gouttes d’huile essentielle d’arbre à thé par exemple pourrait ainsi soulager les symptômes de la mycose. 

Les vitamines du groupe B pour améliorer la prise en charge de la mycose

Une alimentation de qualité, privilégiant les aliments à index glycémique bas et riches en micronutriments, pourrait également exercer un effet protecteur sur la santé intime.

couverture du journal Biomedicine & Pharmacotherapy volume 88

Des chercheurs ont examiné les effets de l’administration de vitamines du groupe B au cours d’un essai clinique. Ils ont rassemblé 158 femmes souffrant de mycoses sévères, qui ont été séparées en trois groupes. Dans le premier et le second, les participantes ont reçu un traitement antifongique classique sous deux présentations différentes, tandis que dans le troisième, l’approche classique a été couplée à une supplémentation en vitamines du groupe B. Le taux d’efficacité, correspondant au pourcentage de femmes ayant vu leur situation s’améliorer, a atteint 92,73% dans le troisième groupe. Ce résultat a été meilleur que celui des deux autres groupes, de 73,47% pour l’un et 79,63% pour l’autre.

Au cours de ces mêmes travaux, les effets des vitamines B ont été évalués chez des souris utilisées comme modèle d’étude de la maladie. Les chercheurs ont constaté que les vitamines permettent de tempérer la réponse inflammatoire, ce qui explique le soulagement ressenti.

Ces différentes méthodes naturelles peuvent être mises en pratique pour déterminer laquelle est la mieux adaptée à sa situation personnelle. En complément d’une bonne hygiène, ni excessive ni défaillante, à l’aide d’un savon doux de type savon d’Alep, elles pourraient venir à bout de ces problèmes gynécologiques si répandus, sans renforcer le phénomène de résistance aux médicaments antifongiques des levures pathogènes.

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