Attention, l’ADRIGYL ne peut pas remplacer le ZYMAD !

Modifié le 14 décembre 2023

Temps de lecture : 4 minutes
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flacon de vitamine D ADRIGYL dans son étui

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En ce moment, lorsqu’on pousse les portes d’une pharmacie pour acheter du ZYMAD, la vitamine D3 en flacon compte-goutte, la réponse est souvent la même : rupture de stock. L’alternative proposée par le pharmacien est généralement invariablement la même : Adrigyl, un autre médicament contenant de la vitamine D3. Sauf que les deux produits ne sont pas équivalents. Pire l’ADRIGYL pourrait présenter des risques pour la santé.

Additifs controversés dans ADRIGYL

Chacun de ces médicaments se présente sous forme de solution buvable en gouttes et contient le même principe actif, le cholécalciférol ou vitamine D3, la forme de vitamine D que nous produisons lors de l”exposition au soleil. Dans les deux cas, cette vitamine D3 provient de l’irradiation de la lanoline de la laine de mouton. Mais un médicament ne peut se résumer au seul principe actif qui le compose ; chacun contient en plus des excipients – des substances qui sont censées améliorer l’aspect, le goût, la conservation ou faciliter l’administration du médicament.

  • Le ZYMAD contient ainsi, en plus de la vitamine D3, de l’huile essentielle d’orange douce, de huile d’olive raffinée et un mélange de tocophérols naturels ;
  • L’ADRIGYL de son côté contient du butylhydroxytoluène, de la saccharine, de l’acide sorbique, de l’huile essentielle de citron, des glycérides polyglycolysés insaturés.

Si les fabricants du ZYMAD ont choisi d’utiliser un antioxydant naturel pour maximiser la conservation du produit (les tocophérols, autrement dit la vitamine E), ADRIGYL contient quant à lui un antioxydant de synthèse problématique, le butylhydroxytoluène (BHT).

Le butylhydroxytoluène (BHT) est potentiellement dangereux pour la santé

Sur les notices des médicaments, la composition du produit est clairement annotée ; la substance active est indiquée ainsi que la liste d’excipients. Parmi ceux-ci, peuvent être mentionnés des « excipients à effet notoire », c’est-à-dire des composés qui peuvent déclencher une réaction chez certaines personnes. Cette distinction linguistique a été faite par les autorités de santé.

Mais justement, l’Agence Nationale de sécurité du Médicament (ANSM) a établi une liste 47 substances considérées comme excipients à effet notoire, parmi lesquelles l’aspartame, les sulfites, le lactose… et le butylhydroxytoluène !! Pour ce dernier, il est évoqué un risque de réactions cutanées comme l’eczéma ou une irritation des yeux et des muqueuses. Problème : sur la notice d’ADRIGYL fournie aux usagers, le butylhydroxytoluène n’est pourtant pas évoqué dans la rubrique « liste des excipients à effet notoire », qui est tout simplement vierge !

Le butylhydroxytoluène est un composé dont on se passerait bien, à la fois dans les médicaments mais aussi dans les nombreux produits alimentaires dans lequel on le croise sous le nom d’E321. Il est d’ailleurs interdit de l’utiliser dans des produits certifiés issus de l’agriculture biologique.

En effet, une exposition à long terme à de fortes doses est toxique chez l’animal, provoquant des dommages au niveau du foie, de la thyroïde et des reins, altérant la fonction pulmonaire et la coagulation sanguine. Le butylhydroxytoluène est également suspecté de perturber notre fonction hormonale, comme son cousin le BHA. Une étude menée en tube à essai indiqué une activité œstrogénique du BHT, et un impact défavorable sur la fonction testiculaire. Une tendance à favoriser le développement de cancer au niveau du foie et du poumon a été mise en évidence au cours de certaines études chez l’animal. De plus, le BHT contamine l’environnement et fait partie des substances étroitement surveillées, inclue dans la liste de vigilance de la directive cadre sur l’eau depuis 2015.

La saccharine perturberait le microbiote intestinal, avec un risque de diabète

La présence de saccharine est également problématique. Cet additif (E954) est un édulcorant intense, un faux sucre au pouvoir sucrant très élevé. Si les suspicions d’un potentiel effet cancérigène au niveau de la vessie semblent avoir été écartées, il provoque des perturbations au niveau du microbiote intestinal.

Une étude publiée dans la revue Nature en 2014 montrait qu’ajouter de la saccharine, de l’aspartame ou du sucralose dans l’eau de boisson de souris conduisait à une intolérance au glucose, premiers signes du diabète. Une transplantation du microbiote de ces animaux à des souris dépourvues de microbiote a provoqué chez ces dernières les mêmes signes, établissant l’implication de la flore intestinale.

Les chercheurs ont ensuite mené des tests chez un petit groupe de volontaires ne consommant habituellement d’édulcorants, qui en ont reçu à la dose maximale admissible pendant sept jours ; chez 4 participants sur 7, le taux de glucose a augmenté et le microbiote a été perturbé. Une étude publiée en 2018 a mis en évidence la toxicité de 6 édulcorants, dont la saccharine sur des bactéries intestinales (E. coli). Cet additif est d’ailleurs déjà interdit dans plusieurs pays comme le Canada.

Et encore une fois, l’environnement paie un lourd tribu à ces édulcorants, qui sont des polluants émergents, retrouvés comme contaminants dans les milieux aquatiques

Quelle vitamine D3 en gouttes acheter ?

L’absence du ZYMAD n’est donc pas une bonne nouvelle, surtout pour les petits budgets car le ZYMAD est la source de vitamine D3 sous forme de gouttes la moins chère du marché. Cela s’explique par le fait que le fabricant est un très gros laboratoire pharmaceutique qui a donc des volumes de fabrication colossaux.

Néanmoins, le ZYMAD lui-même n’est pas exempt de défauts : d’une part il contient de l’huile raffinée, pas idéale pour la santé intestinale. Cela reste acceptable pour un adulte car les doses restent faibles mais c’est par contre potentiellement plus problématique pour un enfant et notamment pour un nouveau né. Par ailleurs, la vitamine D utilisée est fabriqué à partir de la lanoline de mouton, et il ne s’agit probabelement pas de petits élevages de moutons traditionnels dans lesquels le bien-être animal est une préoccupation.

Une autre alternative est la vitamine D3 végétale issue du lichen. Cette dernière ne nécessite pas d’exploitation animale.

A lire également sur ce sujet :


Références :

  1. Liste des Excipients à Effet Notoire Mise à Jour de la liste et des libellés selon le Guideline européen 2003 Afssaps –
  2. Deuxième révision du 3 mars 2009
  3. UNEP and OECD, 2,6-di-tert-butyl-p-cresol (BHT) Screening Information Data Set: Initial Assessment Report (Paris:
  4. OECD, 2002), http://www.inchem.org/documents/sids/sids/128370.pdf.
  5. Anca Pop et al. Endocrine disrupting effects of butylated hydroxyanisole (BHA – E320). Clujul Med. 2013; 86(1): 16–20.
  6. H .wada et al. In vitro Estrogenicity of Resin Composites . March 1, 2004 Journal of dental research
  7. Hughes PJ et al. Estrogenic alkylphenols induce cell death by inhibiting testis endoplasmic reticulum Ca(2+) pumps. Biochem Biophys Res Commun. 2000 Nov 2;277(3):568-74.
  8. Olsen P et al. Carcinogenicity study on butylated hydroxytoluene (BHT) in Wistar rats exposed in utero. Food Chem Toxicol. 1986 Jan;24(1):1-12.
  9. Bauer AK et al. The lung tumor promoter, butylated hydroxytoluene (BHT), causes chronic inflammation in promotion-
  10. sensitive BALB/cByJ mice but not in promotion-resistant CXB4 mice. Toxicology. 2001 Dec 1;169(1):1-15.
  11. Suez J et al. Artificial sweeteners induce glucose intolerance by altering the gut microbiota. Nature. 2014 Oct 9;514(7521):181-6.
  12. Harpaz D et al. Measuring Artificial Sweeteners Toxicity Using a Bioluminescent Bacterial Panel. Molecules. 2018 Sep 25;23(10). pii: E2454.

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