Coronavirus : est-ce que la vitamine C est efficace ?

Modifié le 14 décembre 2023

Temps de lecture : 6 minutes
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La vitamine C n'a pas prouvé son efficacité pour lutter contre la Covid-19

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Parmi les composés naturels potentiellement bénéfiques contre la Covid-19, la vitamine C fait l’objet d’une attention toute particulière de la part des équipes de recherche médicale. Est-ce à dire qu’une simple supplémentation pourrait nous préserver du virus, voire nous soigner le cas échéant ?

C’est ce que certains vendeurs de compléments alimentaires voudraient faire croire.

Pourquoi la vitamine C suscite-t-elle l’intérêt pour combattre la Covid-19 ?

La vitamine C, ou acide ascorbique, est un nutriment essentiel que notre organisme ne sait ni produire ni stocker. Elle exerce de multiples fonctions au sein de notre organisme, assistant de nombreuses réactions chimiques et processus métaboliques. Disposer de bons apports alimentaires quotidiens en vitamine C est ainsi nécessaire pour se maintenir en bonne santé et éviter les carences, qui conduisent au scorbut dans leur manifestation la plus extrême.

La vitamine C est impliquée dans les mécanismes de l’immunité

La vitamine C contribue notamment à l’efficacité de notre système immunitaire. Elle s’accumule dans les globules blancs chargés d’engloutir les cellules infectées, première ligne de défense de notre organisme face aux virus, et facilite leur action.

La vitamine C est impliquée dans leur élimination une fois devenus hors d’usage, limitant les dommages potentiels qu’ils pourraient occasionner aux tissus des sites infectieux.

Elle favorise également la multiplication des lymphocytes B et T qui constituent la seconde ligne des défenses immunitaires.

L’effet thérapeutique de fortes doses de vitamine C

La vitamine C dispose en outre de propriétés antioxydantes, lui permettant de neutraliser les radicaux libres, dommageables lorsqu’ils sont présents en excès. Elle atténue également les phénomènes inflammatoires.

Ces propriétés lui confèrent un potentiel thérapeutique, perçu dès les années 1970 par le chimiste américain Linus Pauling. Les effets de son administration à forte dose ont ainsi été étudiés dans le cadre de diverses pathologies, du simple rhume aux maladies cardiovasculaires, en passant par les problèmes oculaires, les infections ou le cancer, avec des résultats plus ou moins probants.

La vitamine C peut aider les malades dans un état critique

En cas d’infection, les processus inflammatoires mis en œuvre par l’organisme pour se défendre augmentent les niveaux de stress oxydant. La vitamine C est rapidement consommée par l’organisme pour le contenir, et le statut des malades devient vite sous optimal.

Chez des patients dans un état critique en raison d’une infection généralisée, l’administration de vitamine C par voie intraveineuse apparaît en mesure de prévenir les dysfonctions des organes et de réduire le taux de mortalité. Des bénéfices similaires ont été observés en cas de pneumonie.

L’utilisation de vitamine C chez des patients admis en unité de soins intensifs permet de limiter le temps qui y est passé, ainsi que la durée de l’assistance respiratoire par ventilation mécanique.

La vitamine C permet, dans certains cas, de réduire le temps passé sous respirateur artificiel
La vitamine C permet, dans certains cas, de réduire le temps passé sous respirateur artificiel

Mais attention, la vitamine C prise en compléments par voie orale n’a pas du tout les mêmes effets que la vitamine C en injection !

La vitamine C en tant que traitement de la Covid-19

Ces bénéfices de la vitamine C soutiennent l’idée que ce nutriment pourrait être utile pour combattre les formes graves de la Covid-19. Cette approche avait déjà suscité l’intérêt lors l’épidémie de SRAS de 2003, provoqué par un coronavirus proche (le SARS-Cov).

De la vitamine C et de l’héparine pour atténuer le dangereux orage de cytokines

L’une des premières mentions de l’utilisation de la vitamine C dans le contexte de l’épidémie actuelle remonte au début du mois de mars 2020, dans une publication parue dans la revue Chinese Journal of Infectious Diseases.

Les auteurs passaient en revue différentes options de traitement face à cette nouvelle maladie. Parmi d’autres approches, ils mentionnaient l’usage d’un anticoagulant, l’héparine, associé à l’administration par voie intraveineuse d’une dose massive de vitamine C. L’objectif était d’apaiser la tempête de cytokines – une élévation brutale et intense de plusieurs marqueurs d’inflammation – à l’origine de la défaillance respiratoire fatale à certains patients. Les doses recommandées allaient jusqu’à 200 mg par kg et par jour par voie intraveineuse, jusqu’à l’amélioration des paramètres reflétant le niveau d’oxygénation du sang.

Les bénéfices de la vitamine C restent très incertains

Ces travaux ne font bien sûr aucune mention de malades de la Covid-19 qui auraient guéri suite à un traitement uniquement basé sur l’administration de vitamine C.

Peu de données sont disponibles à ce jour sur l’efficacité de l’approche. Une petite étude rapportant son usage chez 17 patients indique qu’elle pourrait conduire à une baisse des marqueurs d’inflammation et améliorer modestement l’oxygénation des patients. Lors de cette étude, la vitamine C a également été administrée par voie intraveineuse, qui ne doit pas être confondue avec la voie orale.

Les bienfaits de la vitamine C en cas de détresse respiratoire n’ont pas été démontrés

Les résultats de deux études publiées récemment, en 2019 et 2020, soulèvent de sérieux doutes quant à la pertinence de l’usage de vitamine C en injection pour lutter contre la Covid-19. La première n’a pas trouvé de bénéfices à l’administration de vitamine C chez des personnes souffrant d’infection généralisée et d’un syndrome de détresse respiratoire. Une perfusion de vitamine C pendant 96 h n’est pas parvenue à atténuer le dysfonctionnement des organes, à améliorer les niveaux des marqueurs d’inflammation ou les dégâts vasculaires.

La seconde étude n’a mis en évidence aucun intérêt supplémentaire à associer la vitamine C à l’hydrocortisone (un anti-inflammatoire) chez des patients en situation de choc septique, par rapport à l’usage d’hydrocortisone seule.

Vitamine C et Covid : de nombreux essais cliniques sont en cours

A ce jour, rien ne permet de conclure à un effet positif de la vitamine C contre la Covid-19, et seuls les résultats des essais cliniques en cours permettront de mettre en évidence un intérêt. Ces essais sont nombreux : une vingtaine a été lancée depuis le début de la pandémie.

Certains testent les effets de la vitamine C seule, en parallèle de la prise en charge plus classique des patients, comme un essai clinique canadien qui évalue son impact sur la dysfonction des organes. La vitamine C est parfois testée en combinaison avec d’autres composés comme la mélatonine, le zinc, la quercétine, la bromélaïne, la vitamine D

Peut-on se prémunir de la Covid-19 grâce à des suppléments de vitamine C ?

Au-delà de son usage à des fins curatives, la vitamine C est parfois présentée par des vendeurs peu scrupuleux comme une alliée pour éviter la contamination par le virus SARS-Cov2. Les compléments alimentaires de vitamine C à prendre par voie orale, et tout particulièrement sous forme liposomale, seraient ainsi indispensables pour se protéger de la maladie. Ces allégations ne sont pas étayées par la littérature scientifique, et relèvent clairement du mensonge.

La vitamine C liposomale a-t-elle un intérêt contre la COVID-19 ?

La vitamine C liposomale, souvent présentée comme supérieure aux autres formes, n’a pas fait les preuves de son efficacité. De plus, de précédentes études ont déjà montré que la vitamine C liposomale était beaucoup moins efficace que la vitamine C en injection.

De manière plus générale, la complémentation en vitamine C par voie orale est inefficace dans le cadre de la lutte contre la Covid-19. Les études conduites par les chercheurs dans ce contexte n’y recourent d’ailleurs pas, et préfèrent la voie intraveineuse.

Les effets de la vitamine C sur d’autres formes de coronavirus

Des données existent pour le rhume, la maladie la plus commune de l’hiver, provoquée dans certains cas par des coronavirus (HCoVs).

Une analyse de la littérature scientifique indique que la prise orale de vitamine C dans la population générale n’exerce pas d’effet préventif contre cette maladie virale. Elle permet en revanche de réduire la fréquence des rhumes chez les personnes soumises à un stress physique intense lié à une pratique sportive soutenue. La supplémentation pourrait donc être utile dans ce cadre, tout comme au début de la maladie car elle en allège les symptômes et la durée. Inutile toutefois de dépasser la dose quotidienne de 500 mg pour les sédentaires et 1 g pour les sportifs.

Il serait cependant tout à fait hasardeux de transposer ces données à la Covid-19. Les seuls effets potentiellement bénéfiques de la vitamine C ne concernent que des complications traitées en soins intensifs, qui n’ont pas de rapport direct avec le virus en lui-même. Une complémentation n’a donc pas de sens pour cette indication.

Il est néanmoins probable qu’un déficit en vitamine C puisse fragiliser l’immunité et peut-être rendre plus fragile face à la Covid mais dans ce cas, une dose optimale ne dépasse pas 400 à 1000 mg par jour (pour un fumeur par exemple), comme recommandé par l’institut Linus Pauling ou dans mes différents ouvrages.


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