La vitamine D est-elle dangereuse pendant la grossesse ?

Modifié le 14 décembre 2023

Temps de lecture : 5 minutes
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femme enceinte qui lit au soleil

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Dans les pays de l’hémisphère nord, le manque d’ensoleillement hivernal entrave la production de vitamine D au niveau de la peau et conduit à d’importantes carences.

En cas de grossesse, la supplémentation est souvent recommandée car les femmes enceintes s’exposent généralement moins au soleil.

Mais y a-t-il des risques liés à la supplémentation en vitamine D à cette période de la vie ? Tout serait une question de dose et de produit utilisé.

Une carence en vitamine D impacte la santé de la mère et celle de son bébé

couverture du journal BMJ en mars 2013
BMJ Journal
Mars 2013

De nombreux travaux ont été menés pour mettre en évidence les conséquences d’une carence en vitamine D lors de la grossesse.

Les données révèlent que le déficit en vitamine D a des effets négatifs sur la santé pendant la grossesse, aussi bien pour les femmes enceintes que pour les bébés.

Une analyse de l’intégralité des études sur le sujet (plus de 3300 travaux) a été publiée en mars 2013 dans la revue médicale BMJ. Les conclusions de ce travail sont exposées ci-dessous.

Impact du déficit en vitamine D sur les femmes enceintes

  1. Le déficit en vitamine D est associé à une augmentation du risque de pré-éclampsie. Cette situation pathologique caractérisée par une augmentation de la pression artérielle en seconde partie de la grossesse est responsable de naissances prématurées et représente un danger vital pour la mère si elle n’est pas rapidement traitée.
  2. La vitamine D favorisant la sécrétion d’insuline, un déficit favoriserait aussi la survenue de diabète gestationnel.

Impact du déficit en vitamine D chez les bébés

  1. Du côté fœtal, un manque de vitamine D contrarierait le développement osseux et la croissance selon une étude Danoise
  2. Selon le site de la Haute Autorité de Santé, les bébés dont les mères ont manqué de vitamine D pendant la grossesse présentent un poids plus faible à la naissance et ont plus de risque d’être victime d’hypocalcémie néonatale. Cette hypocalcémie pourrait provoquer des troubles du rythme cardiaque graves et des morts subites du nourrisson.
nouveau-né recevant des gouttes de vitamine D dans une cuillère
Pour éviter les risques d’étouffement, il est recommandé de donner les gouttes de vitamine D dans une cuillère aux bébés

Un déficit maternel en vitamine D pourrait aussi avoir des conséquences sur la santé de l’enfant à plus long terme.

Comme la vitamine D régule l’expression des gènes qui contrôlent le développement pulmonaire précoce du fœtus, un déficit jouerait un rôle majeur dans la survenue plus tardive de l’asthme.

Plusieurs études ont d’ailleurs mis en évidence les bienfaits de la supplémentation en vitamine D pendant la grossesse pour réduire le risque de survenue de l’asthme dans l’enfance.

Une carence fréquente dans les pays développés

Les carences en vitamine D sont fréquentes dans la population et n’épargnent pas les femmes enceintes.

couverture du journal de gynécologie et obstétrique
Journal de gynécologie et obstétrique
Janvier 2017

Une étude menée en France dont les résultats ont été publiés en 2016 a quantifié la vitamine dans le sang de cordon ombilical, chez 225 bébés nés après l’été et 174 bébés nés après l’hiver.

Globalement, le niveau s’est révélé bas, de 50,9 nmol/L en moyenne ; seules 37,6 % des femmes avaient été supplémentées. Les niveaux de vitamine D étaient supérieurs chez ces dernières, mais ne permettaient pas non plus de couvrir les besoins des nouveaux-nés.

Les déficits étaient sans surprises les plus importants pour les naissances après l’hiver, affectant 40,7 % des naissances.

Une situation encore pire pour les mères à la peau foncée (les pigments qui donnent notre couleur à notre peau rendent plus difficiles la production de vitamine D sous l’effet des rayons solaires), avec un taux de déficience qui bondissait à 61,9%.

Les scientifiques de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris qui ont mené cette étude concluaient ainsi que les recommandations officielles en matière de supplémentation en vitamine D en France – une seule dose de 100 000 UI au sixième ou au septième mois de grossesse – sont à reconsidérer.

Ces conseils sont donc comparables à ceux donnés sur mon blog dans de précédents articles.

La dose de vitamine D idéale en cas de grossesse

Comment obtenir un bon statut en vitamine D ?

Selon des spécialistes américains en néonatalogie, la réponse est claire : pour atteindre le taux sanguin en vitamine D de 100 nmol/L qui apparaît optimal pour le bon déroulement de la grossesse, toutes les femmes enceintes vivant en pays tempérés devraient recevoir au moins 4 000 UI par jour.

A partir des données issues de nos études sur la supplémentation en vitamine D pendant la grossesse, ainsi qu’à partir de nos données d’observation, d’intervention et celles d’autres chercheurs à travers le monde, nous suggérons que les femmes désireuses d’avoir un enfant ou déjà enceintes, maintaignent un taux de vitamine d dans le sang d’au moins 100 nmol/L (40 ng/mL).

Atteindre ces taux permettra de réduire le risque de complications de la grossesse liées au déficit en vitamine D, ce qui inclue la pré-éclampsie, la prématurité et le risque d’asthme chez les enfants.

Pour atteindre ces taux, un apport d’au moins 4000 UI de vitamine D3 par jour sera requis en raison des variations individuelles pour activer la vitamine D dans l’organisme.

Cette dose a été démontrée comme sécuritaire sur des milliers de patients au cours des 15 dernières années. De plus, cette dose est bien inférieure à la dose limite de sécurité fixée par la Société d’Endocrinologie Américaine (10 000 UI par jour, ndlr).

Carol L. Wagner et Bruce W. Hollis

Ce niveau de 100 nmol/L n’a rien d’extravagant : il se rapproche du niveau sanguin en vitamine D des personnes vivant sous des latitudes ensoleillées comme l’Afrique de l’est, où il est en moyenne de 115 nmol/L sans supplémentation.

Les aliments les plus riches en vitamine D sont les produits animaux gras comme certains poissons et l’huile de foie de morue. Cependant, les apports alimentaires ne suffisent pas à couvrir les besoins en France et les risques de carences sont élevés en l’absence de supplémentation via un complément alimentaire. C’est pourquoi la plupart des gynécologues obstétriciens recommandent un supplément ou prescrivent des ampoules de vitamine D comme UVEDOSE aux femmes enceintes.

morue de l'atlantique cuisinée au romarin
La morue de l’Atlantique est naturellement riche en vitamine D

Des effets secondaires possibles avec les ampoules de vitamine D

La vitamine D en tant que telle n’a pas d’effets secondaires quand elle est prise à ces dosages.

En revanche, la plupart des formes de vitamine D en ampoules fortement dosées ou en gouttes peuvent contenir des additifs potentiellement problématiques. On peut retrouver par exemple :

Il est donc plutôt recommandé d’avoir recours à un complément alimentaire de qualité, en sachant que la vitamine D3 est à privilégier par rapport à la vitamine D2.

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