Faut-il attendre de nouvelles preuves pour éviter les OGM ?

Modifié le 14 décembre 2023

Temps de lecture : 5 minutes
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ingénieur en biotechnologie observant un épis de maïs OGM dans un champ

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A l’heure où tous les médias ne parlent que de l’étude du Pr Séralini qui a testé le maïs NK 603 de Monsanto sur des rats, presque personne ne parle des nombreuses autres preuves accablantes qui doivent nous faire fuir les OGM…

L’OGM qui stimule le système immunitaire

Les OGM produits par la société Monsanto ont deux particularités : soit ils produisent la Bt toxine, une bactérie utilisée comme insecticide naturel qui tue certains insectes et notamment les Lépidoptères (chenilles et papillons) soit ils sont résistants au glyphosate, puissant herbicide (qu’on retrouve dans le produit Roundup). Il existe aussi des OGM qui combinent les deux caractéristiques à la suite d’hybridations en laboratoire. Les plantes OGM actuelles ayant ces propriétés sont le maïs, le coton, le soja et la pomme de terre.
Bien que ces OGM soient cultivés partout à travers le monde, leurs effets réels sur la santé humaine sont largement inconnus. On sait par exemple depuis 2011 grâce à une équipe de chercheurs Québécois que la toxine Bt du maïs OGM passe dans le sang et peut même atteindre le fœtus des femmes enceintes (1). Cette étude peu connue a été financée par un fond québécois de recherche en santé et non par la société Monsanto (2).
L’effet exact de la toxine Bt sur l’être humain reste quant à lui très mystérieux mais il y a toutes les raisons de s’inquiéter : une étude menée en 2008 par des chercheurs italiens sur des souris avait mis en évidence que la consommation de maïs MON 810 à la Bt toxine provoquait une stimulation anormale du système immunitaire dont la première conséquence la plus évidente est le placement de l’organisme dans un état inflammatoire chronique qu’on sait propice à l’apparition de toutes les maladies cardiaques ou dégénératives (3). De plus, en 2012, des chercheurs de l’université de Caen montraient que la Bt toxine était toxique pour les cellules rénales humaines (4).

Les OGM « roundup ready » qui augmentent la perméabilité intestinale

Comme les OGM ne sont pas issus de l’agriculture biologique (…) ils sont donc copieusement arrosés de pesticides. Et, au même titre, que les produits issus de l’agriculture conventionnelle, véhiculent donc des résidus de pesticides jusque dans nos assiettes et en particulier du Roundup, massivement utilisé. Mais avec quelles conséquences ?
Aucune étude d’intervention ne pourra jamais être menée chez l’homme pour avoir une réponse absolue à cette question pour des questions de praticité et de financement. En effet, qui accepterait de manger toujours les mêmes aliments pendant 20 ans pour en tester les effets ? Pour obtenir des réponses il faut donc se tourner vers les études sur les animaux pour essayer d’en tirer quelques informations. Et là, les résultats ne sont pas très rassurants.
En 2009 des chercheurs ont testé l’effet du glyphosate sur des poissons, aux doses normalement utilisées dans les élevages pour contrôler la pousse des algues, mais dans des conditions contrôlées, en laboratoire. Résultat les animaux exposés aux petites quantités de glyphosate ont vu leur système digestif endommagé : diminution de la production des enzymes nécessaires à la digestion des aliments et augmentation de la perméabilité intestinale (5). Des résultats similaires ont été observés chez les souris par plusieurs équipes de chercheurs à travers le monde (6, 7, 8). Et ces effets sont dramatiques pour la santé humaine…

Comment la perméabilité intestinale donne naissance aux maladies les plus graves

Lorsque l’intestin devient perméable, il laisse passer dans le sang des molécules qui auraient normalement dues être filtrées. Conséquence ? Ces molécules sont reconnues comme antigène, c’est-à-dire corps étranger, ce qui provoque la production d’anticorps par le corps humain ayant pour rôle de neutraliser ces antigènes. Mais que se passe-t-il si l’antigène ressemble fortement à une protéine déjà présente dans notre organisme, par exemple une protéine de structure des articulations ?
Si cela se produit alors le système immunitaire se met à attaquer progressivement notre propre protéine qui ressemble à l’antigène. Cette réaction immunitaire basée sur une ressemblance de structure s’appelle une réaction immunitaire croisée. C’est exactement la même qui intervient dans les allergies saisonnières croisées et qui font que les personnes allergiques au bouleau sont aussi souvent allergiques aux rosacées (pommes, pêches, cerises, abricots). C’est ce mécanisme précis qui est à l’œuvre dans la plupart des maladies auto-immunes comme la polyarthrite rhumatoïde, le diabète de type 1, la sclérose en plaques et bien d’autres. Autrement dit, avoir une bonne perméabilité intestinale est un moyen de se protéger des maladies les plus graves, incurables, et c’est pourquoi les OGM doivent être regardés d’un œil très critique. Il faut d’ailleurs savoir que la fabrication d’un OGM est une science expérimentale : on lance une boule en direction d’un jeu de quilles en priant qu’elle passe sans faire tout tomber.

Le point de vue des experts toxicologues sur les OGM

Dans mon dernier livre, une enquête que j’ai menée pour essayer de savoir si le gluten était vraiment dangereux pour la santé humaine et pourquoi, j’ai rencontré le professeur Jean-François Narbonne, expert toxicologue à l’ANSES. Voici ce qu’il m’expliquait à propos des OGM : « La transgénèse c’est-à-dire les OGM consiste à l’insertion d’un nouveau gène. Cela peut avoir un impact sur l’expression des gènes existants et de nouvelles protéines inattendues peuvent s’exprimer. De plus dans la zone d’insertion du transplant, des gènes de fusion peuvent apparaître et donc exprimer une protéine inconnue. »
Autrement dit, l’insertion d’un OGM n’est pas uniquement l’ajout d’une fonction à une plante : la boule va venir percuter tous les autres brins d’ADN qui jouent les quilles et personne ne sait exactement qu’elles en seront les conséquences, à moins d’effectuer des tests poussés.
Árpád Pusztai, un biochimiste hongrois connu pour avoir publié un article dénonçant la toxicité des OGM dans la prestigieuse revue médicale The Lancet dès 1999 explique de son côté : « Il n’y a aucun moyen de diriger le transfert du gène dans un OGM. On tire en aveugle. Les insertions génétiques causent des mutations mais vous ne pouvez pas savoir où elles ont atterri. Vous ne savez pas comment les choses ont été réorganisées. Les propres gènes de la plante sont modifiés mais nous sommes incapables de dire dans quelle mesure. »

Mon point de vue sur les OGM

Bien que la controverse batte son plein, les données de la science dure ne sont pas rassurantes et doivent inciter à la prudence. Mon conseil est de fuir les OGM autant que vous le pouvez, et de manière encore plus stricte si vous souffrez d’une maladie inflammatoire de l’intestin ou d’une maladie auto-immune.
Une autre donnée importante et peu connue est que l’aspect aléatoire qui survient au cours de la fabrication des OGM survient aussi dans le cadre de certaines hybridations et notamment sur celles que le blé a subies puisque le blé moderne possède 42 chromosomes alors que le blé ancestral n’en possède que 14 ! De plus, les hybrides sont mis sur le marché sans aucun contrôle sanitaire, c’est donc bien pire que les OGM ! C’est pourquoi, depuis mon enquête, je qualifie le blé moderne d’OGM expérimental.



Références :
(1) Aziz Aris, Samuel Leblanc, Maternal and fetal exposure to pesticides associated to genetically modified foods in Eastern Townships of Quebec, Canada, Reproductive Toxicology, Volume 31, Issue 4, May 2011, Pages 528-533, ISSN 0890-6238.
(2) http://agriculture.greenpeace.fr
(3) Finamore A, Roselli M, Britti S, Monastra G, Ambra R, Turrini A, Mengheri E. Intestinal and peripheral immune response to MON810 maize ingestion in weaning and old mice. J Agric Food Chem. 2008 Dec 10;56(23):11533-9.
(4) Mesnage, R., Clair, E., Gress, S., Then, C., Székács, A. and Séralini, G.-E. (2013), Cytotoxicity on human cells of Cry1Ab and Cry1Ac Bt insecticidal toxins alone or with a glyphosate-based herbicide. J. Appl. Toxicol., 33: 695–699.
(5) Senapati, T.; Mukerjee, A. K. Observations on the effect of glyphosate based herbicide on ultra structure (SEM) and enzymatic activity in different regions of alimentary canal and gill of Channa punctatus (Bloch). Ghosh, A. R.  Journal of Crop and Weed 2009 Vol. 5 No. 1 pp. 236-245.
(6) Malatesta M, Caporaloni C, Rossi L, Battistelli S, Rocchi MB, Tonucci F, Gazzanelli G. Ultrastructural analysis of pancreatic acinar cells from mice fed on genetically modified soybean. J Anat. 2002 Nov;201(5):409-15.
(7) Fares NH, El-Sayed AK. Fine structural changes in the ileum of mice fed on delta-endotoxin-treated potatoes and transgenic potatoes. Nat Toxins. 1998;6(6):219-33.
(8) Ewen SW, Pusztai A. Effect of diets containing genetically modified potatoes expressing Galanthus nivalis lectin on rat small intestine. Lancet. 1999 Oct 16;354(9187):1353-4.

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