Endométriose : un avenir pour les solutions naturelles ?

Modifié le 22 décembre 2023

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vue rapprochée sur le ventre d'une femme souffrant de douleurs liées à l'endométriose

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L’endométriose touche presque 7 millions de françaises et reste encore un mystère : personne n’en connaît les causes et les traitements sont très limités : traitements hormonaux aux effets secondaires dévastateurs, chirurgies lourdes, etc. Mais alors quel est l’état de la recherche ? Quelles sont les solutions possibles pour améliorer les symptômes ou enrayer la maladie ?

La recherche des traitements de l’endométriose va droit dans le mur

Tout récemment, le 07 octobre 2013, des chercheurs de l’hôpital d’obstétrique et de gynécologie de Shanghai ont publié un compte rendu de l’état actuel de la recherche concernant les traitements de l’endométriose dans la revue médicale Fertility and Sterility, en partenariat avec le département de biologie moléculaire et de biochimie de l’université de Fudan (Shanghai, Chine).
Après avoir examiné toutes les études en cours, qu’elles soient financées par des laboratoires pharmaceutiques ou par des fonds de recherche publics, le constat est clair : aucun traitement prometteur n’est visible à l’horizon. Les seules molécules en développement actuellement ne prétendent pas faire mieux que ce qui existe déjà mais pourraient couter moins chers à la sécurité sociale.
Si on tient compte du fait que la mise en place d’une étude, son déroulement puis la validation par les autorités sanitaires prennent environ 10 ans, on peut affirmer avec certitude qu’aucune nouvelle solution médicamenteuse n’est à espérer avant une quinzaine d’années pour cette maladie. En revanche, du côté des alternatives non médicamenteuses, les choses bougent.

De premiers éléments sur la cause de l’endométriose

Les recherches actuelles ne semblent pas mettre en évidence une cause unique à la maladie. Il est donc probable qu’il s’agisse de la conjonction de plusieurs facteurs très précis. Les études qui permettent de découvrir de tels facteurs sont appelées “études épidémiologiques”. Leur concept est simple : observer une population malade et une population en bonne santé puis observer alimentation, mode de vie, expositions aux polluants et voir s’il existe un lien avec la prévalence de la maladie. Et ces études révèlent parfois des liens extraordinaires !
Les chercheurs de l’université de Harvard (la plus grande unité de recherche en nutrition au monde) ont ainsi montré que :

  • Les personnes de peau noire et les asiatiques sont moins touchés par la maladie que les personnes de peau blanche
  • Les femmes touchées par l’endométriose sont statistiquement plus grandes et plus minces que les autres

Mais il y existe aussi des données plus exploitables. Il y a un peu plus de 6 ans, des chercheurs de l’université médicale de l’Utah (Etats-Unis) ont mis sur pieds une très large étude dans le but de mieux connaître l’endométriose : The ENDO study. Les premiers résultats de cette étude ont été dévoilés en 2012 mais de nouvelles données ne cessent d’être publiées régulièrement. Ces résultats et ceux d’autres équipes sont encore plus surprenants.
Les chercheurs ont ainsi montré que :

  • Il est quasi certain que la maladie n’est pas acquise in utéro mais après la naissance
  • L’exposition aux composés perfluorés (PFOA, PFNA) augmente le risque d’endométriose de plus de 99% et est corrélée à la sévérité de la maladie. Les composés perfluorés sont très utilisés dans l’industrie, pour les surfaces anti-adhésives donc notamment dans tous les ustensiles de cuisine comme les poêles mais aussi les vêtements imperméables, les produits nettoyants ou les emballages alimentaires de plats préparés. Leur utilisation est particulièrement connue pour la fabrication du téflon et du Gore-Tex.
  • L’exposition au lindane, un insecticide, augmente le risque d’endométriose de 27%
  • L’exposition au β-HCH, un composé du lindane, augmente le risque de 72% d’endométriose et de 150% le risque d’endométriose localisée aux ovaires.
  • L’exposition aux pesticides augmente le risque d’endométriose de 30 à 70%.
  • L’exposition aux phtalates MEHP augmente le risque d’endométriose de 70%. Ces phtalates sont utilisés pour la fabrication de plastiques et on en retrouve dans tous les plastiques de type PVC.

En clair : tout porte à croire que l’utilisation déraisonnée des produits chimiques nous a intoxiqués et que les femmes en payent le prix en déclenchant l’endométriose.Ces informations ont été confirmées début mars 2014 : des chercheurs américains en gynécologie et génétique ont mis en évidence que la maladie s’accompagnait de modifications génétiques qui sont le fruit de l’épigénétique, c’est-à-dire que c’est l’environnement (et donc l’exposition à des substances nocives) qui provoquent la mutation de l’ADN.
Néanmoins tout n’est pas si noir car s’il n’est pas possible de revenir en arrière il est tout de même possible de diminuer notre exposition aux produits chimiques, de favoriser l’élimination de ceux qui sont stockés dans notre corps et d’espérer ainsi placer l’organisme dans une situation plus favorable à la rémission de la maladie.

Dépolluer son organisme

Autant le dire tout de suite : on peut espérer éliminer certains produits mais d’autres resteront nichés dans notre organisme pour toujours. Les PCB par exemple, bien qu’ils ne semblent pas impliqués dans l’endométriose, sont retrouvés jusque dans les graisses corporelles des ours polaire qui pourtant ne mangent pas de plastique et n’utilisent pas de produits chimiques car ces substances sont dites écotoxiques et bioaccumulables : elles polluent notre environnement de manière massive et durable.

  1. Tout d’abord les PFOA et les PFNA : si vous utilisez une poêle antiadhésive : jetez la à la moindre rayure, pour ne pas être exposée aux produits chimiques. Fuyez tous les emballages alimentaires tels que ceux des pizzas, pop corn ou de fast foodsqui sont encore plus toxiques lorsqu’ils sont chauffés.Les PFOA et les PFNA ont aussi tendance à se nicher dans la poussière : les chercheurs recommandent donc de bien aérer et de faire le ménage régulièrement.
  2. Éviter d’utiliser des insecticides, des herbicides ou tout autre produit chimique si vous avez un jardin ou des plantes. Ces substances sont parfois volatiles et peuvent vous contaminer même si vous ne léchez pas le flacon avec délectation.
  3. Acheter des fruits et légumes issus de l’agriculture biologique : les pesticides ont contaminé les sols et les nappes phréatiques, par conséquent même les fruits et légumes bios contiennent des pesticides qu’ils tirent de la terre et qu’ils accumulent au long de leur croissance; mais ils en contiennent beaucoup moins ! C’est donc un excellent moyen de diminuer son intoxication aux pesticides.
  4. L’agence sanitaire américaine a fixé un taux maximum de sécurité en ce qui concerne la teneur en phtalates dans les eaux de boissons : elle est de 6 ppm (part par milliard). Au-delà de ce seuil l’eau est déclarée impropre à la consommation. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, les chercheurs ont découvert que la concentration en phtalates dans le lait de vache est de… 12 000 ppm ! Dans les fromages et les crèmes glacées ce taux atteint 200 000 ppm !! Il semble donc sage d’éviter tous les produits laitiers pour diminuer son exposition.
  5. Éviter tous les contenants alimentaires en plastiques dès que c’est possible. A noter que les bouteilles d’eau d’1,5L trouvées en supermarché sont en PET, un excellent plastique qui ne relargue pas de produit toxique. A l’inverse, les fontaines à eau des entreprises sont souvent bourrées de molécules chimiques et notamment de bisphénol A; Si vous souhaitez tout de même utiliser du plastique, suivez mes conseils détaillés dans cette vidéo :

 Ce ne sont pas les seuls moyens naturels pour lutter !

Diminuer son exposition aux produits chimiques est une excellente chose mais ce n’est certainement pas la seule chose utile qu’on puisse faire. En avril 2013, des chercheurs italiens ont analysé l’ensemble de la littérature médicale pour savoir si l’alimentation jouait un rôle dans la maladie. Ils concluent que les fruits et légumes et les acides gras oméga-3 semblent diminuer le risque d’endométriose. A l’inverse, la viande rouge et les graisses hydrogénées semblent augmenter le risque. Mais pourquoi donc la viande rouge ?
La réponse nous vient du très gros travail effectué par une équipe de chercheurs de l’université de Nara (Japon). Les chercheurs expliquent que certains gènes qui augmentent le risque d’endométriose sont les mêmes qui contrôlent les mouvements et le stockage du fer dans l’organisme. Et il se trouve que la viande rouge est très riche en fer.
On sait depuis longtemps que le fer est un oligoélément essentiel mais son rôle dans le corps humain est assez complexe : nécessaire à petites doses, le fer devient rapidement toxique à doses plus élevées et agit alors comme un oxydant. Un oxydant est une substance qui provoque la destruction des cellules et accélère le vieillissement. Le fer oxyde les protéines, les lipides et notre ADN, ce qui accélèrerait le développement des lésions de l’endométriose. La dangerosité du fer n’est d’ailleurs pas limitée à l’endométriose : de nombreuses études ont démontré que les personnes qui ont plus de fer dans l’organisme sont plus touchées par les maladies inflammatoires et les cancers.
Or il se trouve que l’alimentation occidentale est riche en viandes et plus particulièrement en viandes rouges donc en fer. Il semblerait donc une bonne idée de limiter voir de ne plus consommer du tout de viande rouge.  Attention également aux compléments alimentaires comme les multivitamines : n’en achetez jamais qui contiennent du fer, celui-ci est alors présent à l’état libre, très réactif, beaucoup plus toxique que le fer des aliments.
Il existe aussi un facteur alimentaire encore un peu mystérieux, c’est celui joué par le gluten. En effet, une grande étude italienne a récemment démontré qu’une alimentation sans gluten diminuait significativement les douleurs, même en cas d’endométriose sévère. Une option de plus à ne pas négliger.
Pour finir, le dernier mystère est celui du rôle de la vitamine D dans la maladie : on sait que les personnes qui ont des niveaux faibles de vitamine D dans le sang ont plus de risque de déclencher la maladie mais on ne sait pas vraiment si une supplémentation en vitamine D améliore la maladie. En revanche, plusieurs équipes de recherches ont démontré que la vitamine D pouvait stopper l’endométriose dans les modèles animaux de la maladie. Bien qu’aucune certitude ne soit acquise, il semble de bon sens de simplement éviter la carence en vitamine D. Et cette dernière est très fréquente puisqu’elle touche plus de 80% de la population d’après l’institut national de veille sanitaire.

L’espoir de l’ECGC

Bien que les solutions thérapeutiques soient minimes, il existe une nouvelle piste non-médicamenteuse qui commence à devenir très intéressante, c’est celle de l’ECGC.
L’ECGC est le flavonoïde le plus abondant dans le thé vert. On lui connait depuis des dizaines d’années des propriétés antioxydantes puissantes mais on sait maintenant que cet extrait de thé vert est capable d’agir sur le récepteur aux estrogènes et de moduler son action. Les chercheurs se sont donc posé la question : l’ECGC a-t-il un effet dans le traitement de l’endométriose ?
Plusieurs équipes ont donc administré de l’ECGC à des souris malades. Résultat : l’ECGC permet de ralentir ou de bloquer totalement la progression de la maladie. Bien entendu ces résultats miraculeux sont issus de recherches sur des souris et tout le monde sait que nous ne sommes pas des souris. Mais il se trouve que récemment, une équipe de chercheurs égyptiens a testé l’efficacité de l’ECGC sur des femmes ayant des fibromes utérins. Les fibromes utérins ont une étiologie très proche de l’endométriose : leur croissance est fortement dépendante des hormones.
Les chercheurs ont donc recruté 33 femmes âgées de 18 à 50 ans qui ont été divisées en deux groupes : un groupe de 11 femmes qui a reçu un placebo et un groupe de 22 femmes qui a reçu un extrait de thé vert dosé à 800 mg par jour dont 45% était de l’ECGC (360 mg). Au bout de 4 mois les différences entre les deux groupes étaient nettes : le groupe placebo a vu le volume des fibromes augmenter de 24,3% alors que l’autre groupe a vu le volume des fibromes diminuer de 32,6%. Les chercheurs concluent tout simplement que l’ECGC est “simple, efficace, sans danger et peu couteux“.
Attention toutefois, depuis d’autres recherches ont montré que l’EGCG pouvait être facilement toxique pour le foie.

Références :

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