Après un don du sang, la supplémentation en fer serait nécessaire
Le don du sang permet de sauver chaque jour des milliers de vie : accident chirurgical, accident grave de la route, hémorragie, autant de situations où une perfusion sanguine est nécessaire. En France, 1,7 millions de personnes donnent leur sang chaque année.
Le don du sang permet de sauver des vies facilement
La collecte du sang est une intervention simple et rapide. En l’espace d’une dizaine de minutes, 420 à 480 ml de sang sont prélevés. Ce sang va ensuite permettre la fabrication de différents sous-produits nécessaires à la pratique de la médecine transfusionnelle. On parle dans ce cas de don de sang total, par opposition à la méthode plus sophistiquée de don par aphérèse qui permet de collecter de manière sélective le plasma, les plaquettes ou les globules rouges.
Le prélèvement sanguin peut aussi être un acte de soin
Le prélèvement sanguin peut aussi être un geste de soin pour certaines maladies. C’est le cas en particulier de l’hémochromatose, une maladie dans laquelle l’organisme absorbe et stocke anormalement le fer dans les tissus. Celui-ci devient alors pro-oxydant (il exerce l’effet inverse d’un antioxydant), ce qui favorise les maladies cardiaques et mentales, ainsi que le cancer.
Le principe de recourir au prélèvement sanguin dans ce cas vise à retirer de l’hémoglobine, qui est une protéine présente dans le sang et riche en fer.
Sang, globules rouges, hémoglobine et fer
L’hémoglobine est une protéine contenue en grande quantité dans les érythrocytes, aussi appelés hématies ou plus communément globules rouges. Le rôle de l’hémoglobine est le transport de l’oxygène depuis l’appareil respiratoire jusqu’aux différentes cellules de l’organisme, au travers de la circulation sanguine.
L’hémoglobine contient du fer, qui sert de site de fixation à l’oxygène. C’est d’ailleurs l’oxyhémoglobine, produite à l’issue de la rencontre du fer et de l’oxygène, qui donne au sang sa couleur rouge.

Le prélèvement sanguin puise dans le stock de fer de l’organisme
Le prélèvement de globules rouges s’accompagne donc fatalement d’un retrait de fer. S’il est bénéfique dans le cadre du traitement de l’hémochromatose, ce n’est pas le cas chez les personnes en bonne santé. En effet, un déficit en fer diminue la capacité du sang à transporter l’oxygène pour alimenter les cellules. Si ce déficit est significatif, il provoque notamment un état de fatigue et des essoufflements : on parle alors d’anémie ferriprive.
Après le prélèvement de sang, les réserves de fer sont progressivement reconstituées grâce au fer fourni par l’alimentation, mais ce processus est très lent. Le délai minimal entre deux dons de sang total est d’ailleurs de 8 semaines, et le nombre maximal de dons annuels est fixé à 6 pour les hommes et 4 pour les femmes. Les femmes sont en effet plus sujettes aux anémies ferriprives que les hommes, en raison des pertes régulières inhérentes au cycle menstruel.
Il n’est dès lors pas très étonnant de constater fréquemment, chez les donneurs de sang réguliers, des statuts de fer excessivement bas qui se manifestent sous la forme d’un état de fatigue. Cette situation est particulièrement flagrante chez les femmes en âge de procréer, mais le problème demeure également présent auprès de la population générale.
Les effets de la supplémentation en fer
Depuis une dizaine d’années, plusieurs études s’intéressent à la piste de la complémentation en fer pour pallier aux débuts d’anémie, courants chez les donneurs de sang.
En 2015, des chercheurs américains et canadiens ont suivi plus de 200 personnes qui effectuaient des dons du sang : la moitié d’entre elles a pris un petit complément alimentaire de fer après le don (37,5 mg par jour seulement) et l’autre moitié a pris un placebo. Avec la supplémentation, les réserves de fer sont revenues à la normale en 76 jours en moyenne (soit 2 mois et demi) alors qu’avec le placebo, elles ne s’étaient pas entièrement reformées au bout de 168 jours (soit plus de 5 mois).
Ces résultats ont depuis été consolidés par plusieurs autres études. La complémentation en fer se montre efficace pour accélérer la restauration des réserves après un don du sang, et pour répondre aux symptômes associés.
Comment se complémenter en fer après un don du sang ?
Les résultats de recherche ne montrent pas de différence d’efficacité entre l’administration de fer par voie intraveineuse, ou sous forme de compléments oraux.
Une supplémentation en fer sous forme de compléments alimentaires est donc recommandée après un don. Les faibles doses, autour de 30 mg, sont aussi efficaces que les fortes mais présentent le gros avantage d’éviter les effets secondaires habituels comme les problèmes digestifs. La quasi-totalité des réserves de fer (88%) est reconstituée après 8 semaines de complémentation.
Il est enfin utile de préciser que, si la complémentation est utile après un don du sang, la situation est très différente dans le cas général. En effet, le fer est très nocif lors qu’il est apporté en excès, en particulier sous forme de fer libre comme dans les compléments alimentaires. Une fois que les niveaux de fer sont rétablis, il est donc très important d’arrêter la supplémentation en fer.
Références
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