Intolérance au gluten : peut-on manger de l’avoine ?
Modifié le 22 avril 2024
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En cas d’intolérance au gluten (maladie cœliaque), on conseille aux malades de supprimer les céréales contenant du gluten, c’est-à-dire le blé, l’épeautre, le seigle, l’orge, le kamut et le petit épeautre. Mais en ce qui concerne l’avoine, les avis affichés sur internet sont très partagés, y compris sur les sites des associations de malades.
L’avoine contient-elle du gluten ?
Le gluten est un mélange de protéines appartenant à deux familles : les prolamines et les gluténines. De ces deux familles, ce sont les prolamines qui sont les plus toxiques dans la maladie coeliaque.
La prolamine du blé est la gliadine alors que la prolamine de l’avoine est l’avénine.
L’avoine contient donc aussi du gluten, mais de nature différente, avec des protéines distinctes.
Une consommation aux effets variables
Plusieurs études ont été menées pour déterminer l’impact de la consommation d’avoine chez les malades cœliaques, aussi bien chez des adultes que chez des enfants.
Des cas de rechute
Une partie des essais cliniques a révélé une mauvaise tolérance de l’avoine chez les patients. Des chercheurs norvégiens ont recruté 19 intolérants au gluten en rémission, qui ont consommé de l’avoine en plus de l’alimentation sans gluten classique pendant 12 semaines. Ils ont constaté que certains participants ont de nouveau développé des symptômes d’intolérance, souvent extradigestifs, comme de l’eczéma. Une autre étude menée dans le même pays a conduit à des observations similaires. Sur 9 patients, l’introduction d’avoine a provoqué 4 rechutes.
Aucune rechute forte n’a été constatée lors d’une recherche menée en Finlande, où 23 personnes intolérantes en rémission ont été placées sous un régime sans gluten avec avoine et 16 sans avoine. En revanche, la céréale a provoqué une inflammation intestinale et des troubles digestifs évoquant le côlon irritable (ballonnements, troubles du transit…).
Des rémissions malgré l’introduction de la céréale
D’autres travaux ont à l’opposé conclu à l’absence d’apparition de symptômes lors de l’introduction d’avoine au régime alimentaire des malades. Ainsi, la rémission a été maintenue lors d’une phase de 2 ans avec consommation de la céréale chez 32 enfants finlandais. Elle l’a également été lors d’une étude menée auprès de 23 autres enfants finlandais, avec l’ajout d’avoine pendant 6 mois à deux ans.
Deux autres projets de recherche, cette fois-ci auprès d’adultes, ont conclu à une bonne tolérance de la céréale, même avec une dose quotidienne de 100g ou sur le long terme, jusqu’à 5 ans.
L’intolérance change selon la variété d’avoine
Comment expliquer ces résultats apparemment contradictoires ? Pour le déterminer, des chercheurs italiens ont analysé la réactivité des protéines de l’avoine dans des lignées de cellules immunitaires de malades cœliaques. Ils ont ainsi pu mettre en évidence que les protéines de l’avoine ne réagissent pas toujours de la même manière avec le système immunitaire : tout dépend de la variété d’avoine testée ! La variété Nave a stimulé l’immunité alors que les variétés Irina et Potenza n’ont pas eu cet effet.
Ces résultats confirment donc mes explications dans Gluten, comment le blé moderne nous intoxique : l’avoine peut poser problème en cas d’intolérance et il est compliqué de connaître la variété d’avoine que l’on achète. Par conséquent l’avoine devrait toujours être éliminée des diètes sans gluten, par sécurité.
À noter qu’il existe un autre aliment qui provoque parfois des réactions immunitaires anormales en cas d’intolérance au gluten, c’est le quinoa.