La vitamine K diminuerait les calcifications
Modifié le 16 septembre 2024
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La vitamine K est encore peu connue du grand public. Pourtant les recherches sur cette vitamine sont en pleine explosion depuis une dizaine d’années et on se rend compte qu’elle joue un rôle important au niveau du fonctionnement normal des vaisseaux sanguins. Son action serait synergique à celle de la vitamine D.
Différentes formes de vitamine K
La vitamine K1 se trouve dans l’alimentation, principalement dans les légumes verts : brocolis, épinards, etc. Elle constitue l’apport principal en vitamine K. Mais une autre forme de vitamine K existe, la vitamine K2.
Cette dernière est produite dans notre intestin par les bactéries, à condition d’avoir un intestin en bonne santé… On retrouve aussi de toutes petites quantités de vitamine K2 dans certains produits animaux ou dans des aliments fermentés, rarement consommés en France.

Les asperges sont une bonne source alimentaire de vitamine K1.
La vitamine K protège de la calcification artérielle
La calcification artérielle est un phénomène qui joue un rôle important dans la survenue des maladies cardiovasculaires. On retrouve notamment des calcifications artérielles et vasculaires en cas d’athérosclérose. Depuis quelques années, plusieurs études ont mis en évidence une relation entre le statut en vitamine K et la présence, ou l’évolution, de ces calcifications.
L’une d’entre elles a mis en regard le statut en vitamine K1, également appelée phylloquinone, et la progression des calcifications coronariennes. Les analyses sanguines de 296 personnes présentant une présentant une progression marquée de cette situation pathologique ont été comparées à celles de 561 adultes qui en étaient épargnées.
Les résultats ont mis en évidence des taux de vitamine K1 légèrement plus faibles chez les personnes dont les calcifications coronariennes s’étaient fortement aggravées.
Dans une analyse complémentaire, les chercheurs ont observé que chez les personnes prenant des médicaments antihypertenseurs, la supplémentation en vitamine K1 ralentissait nettement la progression des calcifications coronariennes.
Les chercheurs ont également constaté que les personnes qui ont le plus de calcifications sont celles qui prennent des médicaments contre l’hypertension artérielle. Une explication simple pourrait être que ces médicaments interfèrent avec la fonction rénale et perturbent l’élimination du calcium, à la manière des personnes touchées par l’insuffisance rénale (chez qui le risque de calcification est aussi nettement augmenté).
Les bénéfices de la vitamine K semblent donc évidents et incitent donc à manger plus de légumes verts pour diminuer notre risque de maladies cardiovasculaires. C’est tout ?
Les bienfaits de la vitamine K1 sont limités
Dans l’ensemble des études menées sur les effets de la vitamine K1, et y compris celle-ci, les variations du taux de vitamine K dans le sang sont très faibles. Il est ainsi difficile de savoir si les effets positifs proviennent bien de la vitamine K en elle même ou si d’autres facteurs interviennent.
Ce problème est lié au fait que la vitamine K1 a une demi-vie très courte : après digestion, elle disparait du sang en quelques heures (demi-vie de 2 heures maximum). De fait, lorsqu’on fait une prise de sang, seules les personnes qui ont mangé des légumes verts il y a peu ont des bons taux de vitamine K dans le sang.
Autre problème : si la vitamine K diminue bien les calcifications artérielles, c’est donc qu’elle est très intéressante dans le traitement des maladies cardiovasculaires et sans doute des calcifications tendineuses.
Mais dans ce cas, la consommation de comprimés de vitamine K ne semble pas être une stratégie très efficace : elle disparaitra trop rapidement du sang avant d’avoir pu montrer tout son potentiel.
La vitamine K2 est hautement efficace contre les calcifications
Il existe actuellement très peu d’études d’intervention dans lesquelles on a donné de la vitamine K à des malades pour voir si cela réduisait les calcifications. Pourtant, la littérature médicale regorge d’études sur l’animal et en laboratoire qui montrent clairement l’activité de la vitamine K dans la régulation du calcium.
Les deux études effectuées sur l’homme ont utilisé de très fortes doses de vitamine K1 et plus la dose était élevée, plus les résultats étaient positifs. Cela est cohérent avec les données connues sur la pharmacocinétique de cette substance qui disparait rapidement de la circulation (avec une dose plus élevée, il en reste plus longtemps dans le sang).
Dans les études d’observation, les chercheurs constatent globalement un effet très faible de la vitamine K1. En revanche, l’apport en vitamine K2 semble très significativement associé au risque de calcifications. Une étude de référence menée aux Pays-Bas a montré que pour chaque apport supérieur de 10 µg de vitamine K2, le risque d’accident cardiovasculaire diminue environ de 10%.

Quelle vitamine K2 faut-il prendre pour les calcifications ?
Si vous êtes en bonne santé, mon premier conseil sera de continuer à manger des légumes verts très régulièrement. Ils contiennent certes de la vitamine K1 mais aussi de grandes quantités de magnésium, un minéral bienfaiteur dont on manque souvent.
Mais si vous souffrez de calcifications vasculaires, il est probable qu’une supplémentation en vitamine K sera bénéfique. Dans ce cas, inutile de prendre de la vitamine K1 qui sera peu efficace, il faut privilégier la vitamine K2.
La vitamine K2 existe elle-même sous plusieurs formes qu’on appelle les ménaquinones, nommés en abrégées “MK”. On trouve principalement dans cette famille :
- la vitamine K2 MK-4 (courte molécule, retrouvée dans les viandes et les œufs) ;
- la vitamine K2 MK-7 (longue molécule retrouvée dans des produits fermentés comme le natto) ;
- la vitamine K2 MK-8 (longue molécule retrouvée dans les fromages) ;
- la vitamine K2 MK-9 (longue molécule retrouvée dans les fromages).
Si on considère toutes les formes de vitamine K2, c’est la ménaquinone 7 qui est de loin la mieux indiquée pour lutter contre les calcifications. Comme le natto ne fait pas partie de notre alimentation contrairement au Japon, la supplémentation est le seul moyen de s’assurer de bons apports en cette forme particulière.
La vitamine K2 MK-7 a une demi-vie de 3 jours (à comparer à celle de 2 heures pour la vitamine K1), ce qui permet d’atteindre des taux sanguins 7 à 8 fois supérieurs avec de petites doses.
En ce qui concerne la dose idéale, on manque de données mais il est probablement judicieux d’envisager une supplémentation située entre 100 et 200 µg par jour. Dans tous les cas, les effets sur les calcifications profondes devraient prendre plusieurs mois à apparaitre.
Effets secondaires de la vitamine K
La vitamine K fait partie des vitamines les plus inoffensives au monde. À tel point qu’il est impossible de connaitre ses effets secondaires, même à très fortes doses ! L’académie de médecine des États-Unis déclare au sujet de la vitamine K :
“La littérature médicale montre l’absence de toxicité d’une supplémentation en vitamine K1 ou K2“.
Une dose limite de sécurité n’a donc pas encore pu être fixée à ce jour. Attention toutefois si vous prenez un traitement médical anticoagulant, ces substances bloquent l’activité de la vitamine K. Dans ce cas, la supplémentation doit être initiée avec votre médecin pour qu’il puisse adapter le traitement anticoagulant.
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