L’obésité ne serait pas génétique

Modifié le 14 décembre 2023

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homme adulte obèse assis vu de dos

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Depuis toujours la recherche s’est attachée à déterminer l’influence de la génétique sur la santé et les comportements.  En ce qui concerne l’obésité, on sait environ depuis 10 ans que certains gènes ont un lien avec le surpoids : les gènes NEGR1, TMEM18, BDNF, FTO, MC4R et KCTD15. Autrement dit, on a constaté que les personnes qui possédaient certaines variantes de ces gènes avaient plus de chances de devenir obèses que les autres. Aujourd’hui de nouveaux travaux montrent que ce lien n’est pas fixé : aucun de ces gènes ne rend obèse…

L’alimentation influence l’expression des gènes de l’obésité

Dans une nouvelle étude qui a porté sur plus de 36 000 adultes de différentes origines avec un recul d’environ 25 ans, une équipe internationale de chercheurs a montré que l’association entre les gènes de l’obésité et le risque d’obésité n’était pas toujours vrai : il dépend de l’alimentation des individus.
Ainsi, parmi les personnes qui ont un gène de l’obésité, seuls ceux qui ont une alimentation riche en graisses, et en particulier en graisses saturées, deviennent obèses. Autrement dit : l’alimentation influence les gènes.
Cet aspect des choses est encore mal connu et on se plait plutôt à dire communément que l’obésité est génétique. Pourtant ces recherches en confirment des dizaines d’autres plus anciennes. En 2012 des chercheurs de Harvard ont ainsi montré que plus on consomme de sodas, plus les gènes de l’obésité s’activent et contribuent au surpoids. Une consommation quotidienne de sodas multiplierait le risque d’obésité par 5.
Début 2014, une étude publiée dans la revue médicale prestigieuse British Medical Journal mettait en évidence que les fritures activent les gènes de l’obésité, indépendamment du nombre de calories consommées : manger des fritures une à trois fois par semaine seulement augmente le risque d’obésité de 60% et en manger quatre fois ou plus augmente le risque de 120% !
L’activité physique aussi semble influencer ces gènes  : une heure de marche quotidienne réduit l’influence génétique de l’obésité à hauteur de 50%. Inversement, être sédentaire et regarder la télévision 4 heures par jour augmente cette influence de 50%.

 L’obésité n’est PAS génétique

En 2012, une équipe de chercheurs internationaux a mis au point une liste permettant de prédire avec une efficacité élevée (environ 85%) le risque qu’un nouveau né devienne obèse.
Les 6 éléments nécessaires sont les suivants :

  • L’indice de masse corporelle (IMC) des parents
  • Le poids de l’enfant à la naissance
  • Le gain de poids de la mère pendant la grossesse
  • Le nombre de personnes qui vivent avec l’enfant
  • La catégorie socio-professionnelle de la mère
  • Le tabagisme pendant la grossesse

Tous ces facteurs sont connus de longue date pour avoir un lien direct ou indirect avec l’alimentation et ce lien n’est PAS génétique.
Par exemple si un couple est en surpoids ou obèse alors leurs enfants ont de fortes chances de le devenir aussi. Non pas à cause d’un gène qui serait transmis mais plutôt parce qu’un enfant mange toujours comme le lui impose ses parents! En avril 2014 des chercheurs américains ont montré que la manière dont se servent à manger les parents prédit de manière précise la quantité de nourriture qu’ils servent à leurs enfants. Ainsi, les parents qui mangent beaucoup servent des portions plus importantes à leurs enfants ce qui les fait grossir insidieusement dès l’enfance. Et de telles habitudes perdurent en général très longtemps.
L’obésité et le surpoids n’obéissent donc à aucune fatalité.

Références: Sungshim Lani Park etal. Association of the FTO Obesity Risk Variant rs8050136 With Percentage of Energy Intake From Fat in Multiple Racial/Ethnic Populations: The PAGE Study Am. J. Epidemiol. first published online July 2, 2013.
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