Vitamine B12 : quelle est la meilleure forme ?

Modifié le 19 décembre 2023

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Les différentes formes de vitamine B12 ne sont pas métabolisées de manière identique

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La vitamine B12 est un nutriment essentiel dont la carence peut conduire à des troubles neurologiques sévères. Dans les compléments alimentaires, elle existe sous différentes formes : trois d’origine naturelle et une synthétique.

Sont-elles équivalentes ou y a-t-il un intérêt à privilégier l’une d’elles ? 

La vitamine B12, un nutriment présent dans les aliments d’origine animale

La cobalamine, ou vitamine B12, est naturellement présente dans les aliments d'origine animale
La cobalamine, ou vitamine B12, est naturellement présente dans les aliments d’origine animale

La vitamine B12, également appelée cobalamine, est un composé produit par certaines souches de bactéries et naturellement présent dans les aliments d’origine animale : le lait, les œufs, les muscles et les organes, tout particulièrement le foie.

Presque totalement absente des aliments végétaux, ou sous une forme inexploitable de pseudo-vitamine B12, elle fait défaut dans le cadre d’un régime végétalien.

Chez les omnivores, des défauts d’assimilation peuvent également conduire à des déficits en ce nutriment, notamment chez les personnes âgées, les patients atteints de certaines maladies chroniques ou sous traitements médicamenteux particuliers.

La vitamine B12 étant capitale pour la production des globules rouges et le fonctionnement de notre système nerveux, sa carence peut avoir des conséquences dramatiques pour notre santé.

Les trois formes naturelles de vitamine B12

L'adénosylcobalamine est la forme de vitamine B12 majoritaire dans la viande
L’adénosylcobalamine est la forme de vitamine B12 majoritaire dans la viande

Lorsqu’on souhaite se supplémenter en vitamine B12, plusieurs formes sont disponibles dans le commerce. Elles sont constituées d’un cœur de cobalamine, associé à un constituant, ou ligand, de nature variable.

Trois formes sont bio-identiques à la vitamine B12 présente dans notre organisme :

  • la méthylcobalamine (MeCbl), où la cobalamine est associée à un groupe méthyle ;
  • l’adénosylcobalamine (AdCbl), où elle est associée à un groupe adénosyle ;
  • l’hydroxocobalamine (OHCbl), où elle est associée à un groupe hydroxyle.

Dans la viande, on trouve principalement de la vitamine B12 sous forme d’adénosylcobalamine, à hauteur de 68%. Dans les œufs et le lait, elle est principalement présente sous forme de méthylcobalamine.

La vitamine B12 est présente dans les aliments d'origine animale, sous différentes formes
La vitamine B12 est présente dans les aliments d’origine animale, sous différentes formes

La cyanocobalamine, une version synthétique de la vitamine B12

La cyanocobalamine est une forme synthétique de la vitamine B12

La vitamine B12 existe également sous une forme synthétique, la cyanocobalamine. Le ligand est dans ce cas un ion cyanure. Contrairement aux trois autres formes, on ne la rencontre normalement pas dans le corps humain. Lorsqu’elle y est présente, elle témoigne d’une exposition au cyanure liée au tabagisme notamment.  

Cette forme est plébiscitée dans les aliments fortifiés et elle fait partie de la composition de certains des compléments alimentaires présents sur le marché. Bien que les formes naturelles soient aujourd’hui accessibles, elle continue à être utilisée en raison de son faible coût et de sa résistance à la chaleur.

Le devenir de la vitamine B12 dans le corps après ingestion

Ces différentes formes sont-elles prises en charge de la même manière par notre corps ? Voyons ce qu’il advient de la vitamine B12 après ingestion pour mieux le cerner.

Le métabolisme de la vitamine B12

Lorsqu’on consomme de la vitamine B12, elle se lie à différentes protéines de transport à mesure qu’elle progresse dans notre tube digestif. Après avoir atteint l’intestin grêle, elle gagne la circulation sanguine pour être distribuée vers les cellules, qui pourront alors l’utiliser.

Associée à son transporteur, elle se fixe à un récepteur présent à leur surface, puis y est englobée. Son transporteur est détruit, avant qu’elle ne soit libérée dans le cytoplasme de la cellule, ce milieu liquide qui l’emplit.

La vitamine B12 est débarrassée de son ligand

Une partie de la vitamine B12 est transformée en méthylcobalamine
Une partie de la vitamine B12 est transformée en méthylcobalamine

À ce stade, elle va être « déshabillée » : la cobalamine est séparée de son ligand. Quelle que soit la forme de vitamine B12 ingérée, la cellule en obtient ainsi de la cobalamine.

Une partie de celle-ci reste dans le cytoplasme et se voit greffer un groupement méthyle pour former de la méthylcobalamine. C’est pourquoi on dit que la méthylcobalamine est une forme bio-identique de vitamine B12.

Une autre partie gagne la mitochondrie, la structure interne de la cellule assurant la production d’énergie, où elle est transformée en adénosylcobalamine.

Au sein des mitochondries, la cobalamine est transformée en adénosylcobalamine
Au sein des mitochondries, la cobalamine est transformée en adénosylcobalamine

Méthylcobalamine et adénosylcobalamine : les deux formes actives de la vitamine B12

La méthylcobalamine et l’adénosylcobalamine sont ainsi les deux formes actives de la vitamine B12.

La méthylcobalamine contribue au déroulement d’une réaction chimique qui transforme l’homocystéine en méthionine, indispensable à une cascade de réactions impliquées dans la production de la myéline qui protège les fibres nerveuses, à la formation de messagers chimiques du cerveau ou de l’ADN. L’adénosylcobalamine contrôle une autre réaction chimique intervenant dans la production de l’énergie cellulaire.

Chacune des quatre formes de vitamine B12 présentes dans l’alimentation ou sous forme de compléments alimentaires peut ainsi générer ces formes actives de vitamine B12. On parle de vitamères.

Les différentes formes de vitamine B12 sont-elles équivalentes ?

Bien que chaque forme de B12 subisse le même traitement au sein des cellules, toutes ne parviennent cependant pas à les atteindre avec le même succès.

La cyanocobalamine est éliminée plus vite que la méthylcobalamine

Une étude chez l’animal ayant comparé les effets de l’administration de méthylcobalamine et de cyanocobalamine montre que la cyanocobalamine est éliminée de façon trois fois plus importante de l’organisme, par l’intermédiaire des urines, que la méthylcobalamine.

Cette situation s’applique également à l’homme : la supplémentation en cyanocobalamine provoque une plus faible rétention de vitamine B12 dans les tissus, en comparaison avec les trois formes naturelles.

La cyanocobalamine reste en partie sous forme inactive dans l’organisme

La cyanocobalamine semble en effet être moins facilement prélevée par les cellules et donc moins efficacement métabolisée.

Une étude a été menée auprès de personnes suivant un régime lactovégétarien, qui exclut la viande mais autorise les produits laitiers, présentant un faible statut en vitamine B12.

Les formes naturelles de vitamine B12, comme l'hydroxocobalamine, sont plus efficaces que la cyanocobalamine
Les formes naturelles de vitamine B12, comme l’hydroxocobalamine, sont plus efficaces que la cyanocobalamine

Pendant 8 semaines, ils ont reçu 5,6 µg de vitamine B12 par jour. Pour les uns, elle était administrée sous la forme de cyanocobalamine, tandis que les autres recevaient de la B12 naturelle, principalement sous forme d’hydroxocobalamine, dans de la poudre de lactosérum (protéines issues de lait).

La concentration sanguine en vitamine B12 a augmenté dans les deux groupes, mais de façon plus marquée avec la cyano-B12. On pourrait donc conclure à une supériorité de cette forme de B12. Mais les chercheurs ont constaté que cela ne se traduisait pas par une amélioration du métabolisme de la vitamine B12, laissant supposer qu’une partie de la cyanocobalamine était restée dans le sang sous une forme inactive.

La cyanocobalamine (en rouge) est moins bien métabolisée que l'hydroxocobalamine (en vert)
La cyanocobalamine (en rouge) est moins bien métabolisée que l’hydroxocobalamine (en vert)

Une expérience chez l’animal appuie ces données, indiquant que la supplémentation en cyanocobalamine fournit seulement la moitié du stock de formes actives de vitamine B12 que l’administration d’hydroxo-b12 délivre.

La transformation de cyanocobalamine en cobalamine est impossible chez certains profils génétiques

L’organisme de certaines personnes présentant un profil génétique particulier éprouve des difficultés à transformer la cyanocobalamine en cobalamine.

Par exemple, il existe un défaut au niveau d’un gène permettant la fabrication d’une protéine, appelée MMACHC, impliquée dans le métabolisme de la vitamine B12.

Les personnes porteuses de cette mutation ne peuvent ainsi pas fabriquer les formes actives de la vitamine B12 à partir d’une supplémentation en cyanocobalamine, alors que l’administration d’hydroxo-b12 est efficace.

La cyanocobalamine délivre une faible quantité de cyanure

Un autre désavantage de la cyanocobalamine réside dans le fait qu’elle relargue du cyanure lorsqu’elle est prise en charge au sein de la cellule. Une quantité certes infime, mais qui peut se cumuler aux apports d’une autre origine, la plus commune étant le tabagisme.

Une étude a montré un risque accru de cancer du poumon chez les hommes fumeurs ayant les plus forts apports en vitamine B12 fournis par des compléments alimentaires, souvent élaborés à partir de cyanocobalamine.

Le cyanure libéré par la cyanocobalamine s'ajoute aux autres sources, comme la cigarette
Le cyanure libéré par la cyanocobalamine s’ajoute aux autres sources, comme la cigarette

Certaines maladies héréditaires contrarient également les capacités de nos cellules à détoxifier le cyanure, comme la neuropathie optique de Leber.

La méthylcobalamine : la forme naturelle idéale pour la supplémentation

La cyanocobalamine n’apparaît donc pas être la meilleure option en matière de supplémentation en vitamine B12.

Les auteurs d’une revue de la littérature scientifique consacrée aux différentes formes de vitamines B12, concluent de leurs travaux :

« la vitamine B12 sous forme de cyanocobalamine apparaît être un piètre choix malgré son faible coût »

Cristiana Paul et David Brady

Il est donc préférable de privilégier une des formes naturelles de vitamine B12. Laquelle des trois ? Pour ces spécialistes en nutrition, la réponse est claire : il s’agit de la méthylcobalamine, la plus abordable financièrement. Ils ajoutent :

« Il n’y a aucune raison d’utiliser une autre forme de vitamine B12 [que la méthylcobalamine] pour répondre à nos besoins fondamentaux en B12, parce que la majorité des individus est capable de la métaboliser efficacement »

Cristiana Paul et David Brady

Références

  • Okuda K et al., Intestinal absorption and concurrent chemical changes of methylcobalamin, J Lab Clin Med., 1973
  • Chalmers JN et al., Comparison of hydroxocobalamin and cyanocobalamin in the treatment of pernicious anemia, Lancet., 1965
  • Naik S et al., Cyano-B12 or Whey Powder with Endogenous Hydroxo-B12 for Supplementation in B12 Deficient Lactovegetarians, Nutrients., 2019
  • Greibe E et al., The tissue profile of metabolically active coenzyme forms of vitamin B12 differs in vitamin B12-depleted rats treated with hydroxo-B12 or cyano-B12, Br J Nutr., 2018
  • Andersson HC et al., Biochemical and clinical response to hydroxocobalamin versus cyanocobalamin treatment in patients with methylmalonic acidemia and homocystinuria (cblC), J Pediatr., 1998
  • Brasky TM et al., Long-Term, Supplemental, One-Carbon Metabolism-Related Vitamin B Use in Relation to Lung Cancer Risk in the Vitamins and Lifestyle (VITAL) Cohort, J Clin Oncol., 2017
  • Food and Nutrition Board IoM., Dietary reference intakes for thiamin, roboflavin, niacin, vitamin B6, folate, vitamin B12, pantothenic acid, biotin and choline, National Academies Press (US), 1998
  • Paul C et al., Comparative Bioavailability and Utilization of Particular Forms of B12 Supplements With Potential to Mitigate B12-related Genetic Polymorphisms, Integr Med (Encinitas)., 2017

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