Comment le PNNS rend les Français malades (partie 1)

Modifié le 14 décembre 2023

Temps de lecture : 5 minutes
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mélange de céréals raffinées et de sucre blanc

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Le PNNS a débuté en 2001 par une première version qui a évolué au fil du temps jusqu’à la troisième mouture (PNNS 3), lancée en 2011 et qui prendra fin en 2015, probablement pour laisser place à un PNNS 4. Les objectifs nutritionnels de santé publique fixés par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) sont au nombre de 4 :

  • Réduire l’obésité et le surpoids dans la population
  • Augmenter l’activité physique et diminuer la sédentarité à tous les âges
  • Améliorer les pratiques alimentaires et les apports nutritionnels, notamment chez les populations à risque
  • Réduire la prévalence des pathologies nutritionnelles (dénutrition, troubles du comportement alimentaire)

Le fameux matraquage audiovisuel : « Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé » ou « Pour votre santé, mangez au moins 5 fruits et légumes par jour » représente des repères du PNNS mis en forme pour le public. Des repères simples et grossiers pour qu’ils puissent être compris par tous. Si nous en sommes au PNNS 3 c’est donc bien que le programme a été reconduit avec l’accord du ministère. Sur la base de son efficacité me direz-vous ? Pour en juger, voici un tableau publié par la haute autorité de santé en septembre 2011 qui montre l’évolution de la prévalence du surpoids et de l’obésité chez l’adulte entre 1997 et 2009 :

Tableau montrant l'évolution de la prévalence du surpoids et de l’obésité chez l’adulte entre 1997 et 2009
Evolution de la prévalence du surpoids et de l’obésité chez l’adulte entre 1997 et 2009

Plus de surpoids, plus d’obésité. À l’heure où j’écris je cherche encore à comprendre comment de telles recommandations continuent à être utilisées alors qu’elles sont manifestement inefficaces.

Il faut dire qu’en recommandant de 3 à 10 portions de féculents par jour, on obtient un véritable menu de sportif de haut niveau ! Du pain au petit déjeuner, un croissant dans la matinée, des pâtes à midi, un sandwich à 16 heures et du riz au dîner ! Mais notre alimentation manquait-elle de féculents ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, la brochure du PNNS 3 explique en page 59 que la consommation de pâtes et de riz a déjà augmenté entre 1999 et 2007 pour les adultes de plus de 18 ans.

Fallait-il vraiment l’augmenter encore plus ? Une consommation élevée de glucides, fussent-ils du pain ou des pâtes, est pourvoyeur d’un apport calorique élevé. Si ces calories ne sont pas utilisées, alors elles sont stockées sous forme de graisses, ce qui favorise à terme le surpoids et l’obésité. Les experts ont donc jugé utile de nous demander d’en consommer plus ! Le président du PNNS, le Pr Serge Hercberg n’a cessé de le marteler dans les médias : les Français doivent manger plus de féculents ! La perfusion de pain sera-t-elle à l’ordre du jour du PNNS 4 ? La question est posée.

Des sucres complexes

Les céréales et les produits dérivés du blé sont une source de « glucides complexes » nous dit-on. Pourtant cette vieille notion date des années 50 et a été abandonnée depuis pour être remplacée par le concept des index glycémiques parce qu’elle ne rendait pas compte de ce qui se passe dans notre organisme.

Lorsqu’on consomme des aliments à index glycémique élevé, notre corps produit de grandes quantités d’insuline, l’hormone responsable du stockage du glucose sous forme de graisses corporelles (pour utilisation ultérieure de l’énergie). Avec un repas à index glycémique faible, la production d’insuline est modeste et le glucose peut servir de source d’énergie plus longtemps sans être stocké.

Plus un repas possède un IG élevé, plus la production d’insuline est importante pour faire baisser la glycémie. Conséquence : cette dernière chute rapidement et une hypoglycémie plus ou moins marquée peut apparaître. Ce phénomène d’hypoglycémie réactionnelle se produit typiquement avec le petit déjeuner traditionnel français (pain blanc, confiture, céréales raffinées, etc.) et se manifeste par « le coup de barre de 11 heures » ou une fringale dans la matinée, deux indicatifs d’une glycémie qui chute trop rapidement. Contrairement à ce que l’on vous dit, la plupart des pains, la plupart des céréales du petit déjeuner ont un IG élevé, ils ne permettent donc pas d’avoir de « l’énergie prolongée ».

Les recommandations du PNNS incompréhensibles

Pourquoi les membres du comité de pilotage du PNNS ne tiennent-ils pas compte de ces informations ? Le PNNS se contente de reprendre l’avis de l’Afssa dans son dernier rapport sur les glucides alimentaires qui date de 2004. L’Afssa y reconnaît que presque toutes les études ayant évalué l’intérêt des index glycémiques bas pour la santé et la ligne ont été concluantes, mais finit par conclure : « L’utilisation du concept d’index glycémique et de charge glycémique, peu opérationnel dans l’alimentation courante et relativement compliqué, ne peut être conseillée pour la population générale, dans le cadre de l’éducation nutritionnelle et de l’étiquetage. »

Autrement dit : rassurons les Français avec un message sans demi-mesure pour ne pas perturber leurs habitudes. Nous prendrait-on pour des veaux ? La France, pays des philosophes et des grands écrivains, ne peut-elle se permettre la nuance et la subtilité ? L’Afssa souligne bien qu’il est de bon ton de conserver les concepts de « glucides complexes » et « glucides simples », à l’encontre de tous les chercheurs spécialistes en nutrition qui les considèrent comme faux et désuets. Pour finir, on recommande la consommation de pain comme source de glucides alors que celui-ci, sous sa forme la plus répandue en France, est une machine à fabriquer de la graisse corporelle comme en témoigne son index glycémique, comparable à celui du glucose pur !

Cliquez ici pour consulter une table des index glycémiques

Pis encore : non seulement ni le PNNS ni l’Afssa ne distinguent la qualité des glucides, mais ils nous conseillent d’en manger plus. Et consommer plus de glucides signifie aussi remplacer des lipides par des glucides sans quoi cela signifierait « manger plus » (et donc plus de calories) ce qui n’est pas souhaitable à moins d’espérer atteindre une valeur à trois chiffres sur la balance. Paradoxalement l’Afssa affirmait le 1er mars 2010 dans un communiqué de presse que l’apport en graisses alimentaires doit représenter 35 à 40% des apports caloriques (contre 30 à 35% précédemment). L’agence précisait que « en prévention primaire, les données disponibles indiquent clairement que la quantité d’énergie totale, et non la teneur en lipides des régimes, est très généralement corrélée au risque de pathologies telles que syndrome métabolique, diabète, obésité, maladies cardiovasculaires, cancers et DMLA. » (1) . Plus de graisses, plus de glucides « complexes », plus de produits laitiers, plus de fruits et légumes, on en vient finalement à se demander pourquoi il n’y a pas plus d’obèses en France ? Finalement, heureusement que personne ne comprend rien à toutes ces recommandations aussi disparates qu’illogiques.

Mais alors quels conseils de bon sens doit-on adopter ? Un bon moyen de le savoir serait de se tourner vers des chercheurs en nutrition dont les compétences en matière d’alimentation ne seraient plus à prouver, une unité de recherche qui ferait référence dans le milieu scientifique… Lire la suite de cet article en cliquant ici…

Article inspiré de mon livre : « Gluten, comment le blé moderne nous intoxique


Référence : (1) AFSSA – saisine no 2006-SA-0359.

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