Les relations sexuelles et l’éjaculation diminuent-elles la performance sportive ?
C’est une question qui revient souvent dans le domaine sportif, et en particulier en musculation : les relations sexuelles diminuent-elles les performances sportives (telles que la force musculaire) et l’éjaculation diminue-t-elle le taux de testostérone ?
Voici ce que la science dit à ce sujet.
Pourquoi le sexe et l’éjaculation seraient-ils mauvais pour la performance ?
L’idée selon laquelle le sexe et l’éjaculation pourraient être mauvais pour la performance est assez ancienne puisqu’on en retrouve trace dans l’histoire jusque dans la Grèce antique.
A cette époque, on considérait que l’abstinence était le meilleur moyen de garantir de bonnes performances physiques ainsi qu’une bonne communication entre l’esprit et le corps.
Encore aujourd’hui, de nombreux coachs sportifs recommandent l’abstinence, par exemple avant une compétition.
Une justification plus récente dans l’histoire du sport est celle qui dit que le fait d’éjaculer ferait chuter le taux de testostérone, un peu comme s’il “partait” avec les spermatozoïdes.
Autre aspect du problème : certains hommes ont pu constater de manière empirique qu’en périodes d’abstinence, leur humeur pouvait être plus agressive, ce qui serait certes négatif pour les interactions sociales mais positif pour développer l’agressivité lors d’une compétition.
Enfin, les hommes constatent aussi une baisse significative d’énergie après un rapport sexuel et une facilité à s’endormir.
Science, éjaculation et rapports sexuels
La dernière étude ayant traité la question avec application a été publiée en 2016.
Menée par une collaboration entre des chercheurs Italiens, Croates et Anglais, elle a consisté à passer en revue l’ensemble de la littérature déjà publiée sur le sujet.
Après avoir identifié une centaine d’études, ils en ont sélectionné une dizaine pour la qualité de leur méthodologie, totalisant ainsi des données sur plus de 300 sportifs.
Les études ont bien sûr testé les effets d’un rapport sexuel à différents moments. Voici ce qui ressort de cette analyse :
- Lorsqu’un rapport sexuel a lieu le soir précédant la journée de compétition, aucune baisse de performance n’est observée, que ce soit chez les hommes comme chez les femmes
- Lorsqu’on teste la performance physique deux heures après un rapport sexuel, celle-ci est légèrement diminuée. Cette différence disparaît 10 heures après le rapport, au plus tard.
- Les effets négatifs du sexe sur la performance observés dans les deux heures qui suivent un rapport, sont moins perceptibles lorsque l’activité effectuée est une activité d’endurance (comparativement à un sport de force).
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L’effet de l’éjaculation sur le taux de testostérone
Plusieurs études ont évalué les liens entre le taux de testostérone (sanguin et salivaire) et l’éjaculation.
Résultat : l’éjaculation ne fait pas baisser le taux de testostérone.
Au contraire, lorsqu’il y a eu un rapport sexuel, les chercheurs constatent plutôt une légère hausse transitoire de la testostérone.
Il semble donc que l’activité sexuelle soit donc plutôt bénéfique sur cet aspect-là, comparativement à l’abstinence totale.
Mais alors pourquoi sent-on une baisse d’énergie ou d’agressivité (pour certains) après un rapport sexuel ou une éjaculation ?
Tout s’explique par la production d’une hormone après l’orgasme (chez l’homme comme chez la femme) : la prolactine.
La prolactine est très connue pour son rôle chez la femme après l’accouchement : c’est elle qui est responsable de la production de lait.
Et si vous êtes une femme ayant déjà allaiter un enfant, vous avez dû le remarquer : pendant cette période, la libido est totalement endormie; c’est le deuxième effet de la prolactine.
Au niveau cérébral, cette hormone diminue aussi la production de dopamine, un neurotransmetteur médiateur de l’entrain, de la sensation “d’énergie” et de l’agressivité.
L’homme et la femme produisent aussi de la prolactine a un autre moment important : après une relation sexuelle ou, plus précisément, après un orgasme.
Et la production de prolactine est directement proportionnelle à la qualité de l’orgasme, ce qui explique pourquoi un rapport sexuel très “torride” facilite beaucoup plus le repos et l’endormissement qu’un rapport sexuel “décevant” ou même qu’une simple masturbation.
A noter que chez la femme, la production de prolactine perdure plus longtemps que chez l’homme (environ une journée de plus), ce qui expliquerait un sentiment de satisfaction sexuelle plus long après un seul rapport.
En définitive, les choses sont simples : avoir un rapport sexuel ou se masturber régulièrement n’aura pas d’impact significatif sur vos progrès sportifs à long terme; par contre un rapport sexuel effectué de manière trop rapprochée d’un entraînement (deux heures ou moins) peut diminuer un peu la performance lors de l’entraînement, sans que cela n’ai de rapport avec votre taux de testostérone.
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Références
- Stefani L et al., Sexual Activity before Sports Competition: A Systematic Review, Front Physiol., 2016
- Leeners B et al., The quality of sexual experience in women correlates with post-orgasmic prolactin surges: results from an experimental prototype study, J Sex Med., 2013
- Brody S, Krüger TH, The post-orgasmic prolactin increase following intercourse is greater than following masturbation and suggests greater satiety, Biol Psychol., 2006
- Kruger TH et al., Prolactin secretory rhythm in women: immediate and long-term alterations after sexual contact, Hum Reprod., 2012